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Précops en temps de guerre de vingt ou trente mille hom

mes.

Les Tartares Nogais font er rans par les deferts à la maniere des anciens Scythes, dont ils ont retenu l'humeur farou che, & toute la rudeffe. Leur pays commence depuis la for tie de l'Ifthme de Krimée, & s'étend fur des espaces immen fes en Europe & en Afie, de puis le Budziak jusqu'au fleuve Kouban, qui les fépare d'avec les Tartares Cirkaffes. Les Nogais font naturellement barbares, cruels, vindicatifs, méchans voifins, & plus méchans hôtes. On lit tout cela dans l'air de leur visage, qui eft affreux & difforme. Ils naiffent les yeux fermés, & font plufieurs jours fans voir. Leur langue n'eft pas fi mêlée de Turc que

celle des Précops. Ils n'ont par mi eux ni Villes ni Bourgs, ni habitations fixes. Leurs maisons font des chariots couverts, fur lefquels ils transportent inceffamment d'un lieu à l'autre leurs familles & leurs bagages. Quand ils veulent faire halte quelque part, ou pour la commodité de quelque riviere, ou pour l'abondance des pâturages, ils dreffent leurs tentes, qui font des efpeces de grandes huttes couvertes de feutre, autour defquelles ils font des parcs de pieux pour la sûreté de leurs familles, & de leurs troupeaux. Ils ont un Chef, à qui ils donnent le nom de Bey, & qui a fous lui plufieurs Mirzas. Ceux du Budziak font gouvernés par un Seigneur de confiance que le Kan a foin de leur envoyer, & qui eft quelquefois un Sultan,

Ils

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Ils font tous Mahométans. Leur nourriture eft le lait, la chair & le Boza, dont ils font des débauches outrées. Quand il leur meurt un cheval, ou qu'il s'eftropie, c'eft pour eux un grand feftin, où ils invitent leurs amis, & où ils boivent à crever. C'est des Nogais que le Kan tire ses troupes les plus nombreuses. Ils peuvent fournir dans un befoin jufqu'à cent mille hommes. Chaque homme a ordinairement quatre chevaux, celui qu'il monte, un autre pour changer, & qui porte fes provisions, & les deux autres pour charger les Efclaves & le butin. Alors malheur aux Provinces fur lesquelles ils tombent. Leurs marches ressemblent aux incendies & aux ouragans; par-tout où ils paffent, ils n'y laiffent que la terre nue.

Tome 1,

B

Les Tartares Cirkaffes voifins des Nogais, font plûtôt tributaires que fujets du Kan. Leur tribut confifte en miel, en fourrures, & en un certain nombre de jeunes garçons & de jeunes filles. Ces Peuples ont le fang parfaitement beau, Ils ont leur langue particuliere, qu'ils parlent avec beaucoup de douceur. Leurs mœurs, quoique toujours farouches & fauvages, ne le font pas tant, à beaucoupprès, que celles des Nogais. Il y a parmi eux des veftiges de Chriftianifme, & ils font carreffe aux Chrétiens qui vont chez eux. Leur pays, que les Tartares Précops nomment l'Adda, eft bon & fertile; l'air y eft très-pur, & les eaux y font fort bonnes. Ses limites font, au Nord, le fleuve Kouban & les Nogais; au Midi, la mer Noire;

à l'Orient, la Mingrelie; à l'Occident, le Bofphore Cimmérien, & partie du Limen, ou mer de Zabaches. L'Adda eft prefque moitié plaines, & moitié montagnes. Les Cirkaffes des montagnes font leur demeure dans les bois, & ne font pas fi fociables que les autres; ceux des plaines ont des villages & quelques petites villes fur la mer Noire, où il y a du commerce. Les Beys ou Seigneurs qui les gouvernent, trafiquent de leurs Vaffaux; & les peres & meres, de leurs enfans. Les Cirkaffes paffent pour être plus adroits à manier les armes à la chaffe , que vaillans à s'en fervir dans le combat; néanmoins en 1708. ceux des montagnes eurent le courage de refufer au Kan le tribut annuel qu'ils avoient coûtume de lui

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