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Pour être inéxorables,

Quand les miférables

Implorent vos autels?

Mon foin n'eft point de faire
En l'autre hémisphere

Voir mes actes guerriers

Et jufqu'aux bords de l'onde

Où finit le monde

Acquérir des lauriers.

Deux beaux yeux font l'empire

Pour qui je foûpire,

Sans eux rien ne m'eft doux;
Donnez-moi cette joie
Que je les revoie,
Je fuis Dieu comme vous.

SONNET

A Monfeigneur le Dauphin, depuis Roi Louis

Q

XIII. 1609.

UE l'honneur de mon Prince eft cher aux deftinées !

Que le Démon eft grand qui lui fert de fupport, que vifiblement un favorable fort

Er

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Tient fes profpéritez l'une à l'autre enchaînées!

Ses Filles font encore en leur tendres années, Et déja leur appas ont un charme fi fort,

Que les Rois les plus grands du Ponent & du Nort, Brûlent d'impatience après leurs hymenées.

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Penfez à vous, DAUPHIN : j'ai prédit en mes vers Que le plus grand orgueil de tout cet univers, Quelque jour à vos pieds doit abaiffer fa tête. Mais ne vous flattez point de ces vaines douceurs; Si vous ne vous hâtez d'en faire la conquête, Vous en ferez fruftré par les yeux de vos Sœurs.

STANCES

Compofées en Bourgogne. 1609.

COMPLICES

OMPLICES de ma fervitude,

PENSERS, où mon inquiétude

Treuve fon repos défiré :

: Mes fideles amis & mes vrais fecrétaires,
Ne m'abandonnez point en ces lieux folitaires;
C'eft pour l'amour de vous que j'y fuis retiré.

Par-tout ailleurs je fuis en crainte,
Ma langue demeure contrainte,

1

Si je parle, c'est à regret ;

Je pefe mes difcours, je me trouble & m'étonne
Tant j'ai peu d'affûrance en la foi de perfonne :
Mais à vous je fuis libre, & n'ai rien de fecret.
Vous lifez bien en mon visage
Ce que je fouffre en ce voyage,
Dont le ciel m'a voulu punir;

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Et favez bien auffi que je ne vous demande,
Etant loin de ma Dame, une grace plus grande,
Que d'aimer fa mémoire & m'en entretenir.

Dites-moi donc fans artifice,

Quand je lui voüai mon fervice,
Failli-je en mon élection?

N'eft-ce pas un objet digne d'avoir un temple,
Et dont les qualitez n'ont jamais eu d'exemple,
Comme il n'en fut jamais de mon affection?

Au retour des faifons nouvelles,
Choififfez les fleurs les plus belles
De qui la campagne fe peint;

En trouverez-vous une, où le foin de Nature
Ait avecque tant d'art employé fa peinture,
Qu'elle foit comparable aux rofes de fon teint ?

Peut-on affez vanter l'ivoire

De fon front, où font en leur gloire

La douceur & la majefté;

Sesyeux, moins à des yeux qu'à des foleils femblables,

Et de fes beaux cheveux les nœuds inviolables, D'où n'échappa jamais rien qu'elle ait arrêté ?

Ajoûtez à tous ces miracles

Sa bouche, de qui les oracles

Ont toujours de nouveaux tréfors.

3

Prenez garde à fes mœurs, confidérez-la toute: Ne m'avourez-vous pas que vous êtes en doute Ce qu'elle a plus parfait, ou l'efprit, ou le corps? Mon Roi, par fon rare mérite,

A fait que la terre eft petite

Pour un nom fi grand que le fien : Mais fi mes longs travaux faifoient cette conquête, Quelques fameux lauriers qui lui couvrent la tête, Il n'en auroit pas un qui fût égal au mien.

Auffi quoique l'on me propofe

Que l'efpérance m'en eft clofe,

Et qu'on n'en peut rien obtenir ;
Puifqu'à fi beau deffein mon defir me convie,
Son extrême rigueur me coûtera la vic,
Ou mon extrême foi m'y fera parvenir.

Si les tigres les plus fauvages
Enfin apprivoilent leurs rages,
Flattez par un doux traitement ;
Par la même raifon pourquoi n'eft-il croyable
Qu'à la fin mes ennuis la rendront pitoyable,
Pourvû que je la ferve à fon contentement

Toute ma peur eft que l'abfence

Ne lui donne quelque licence

De tourner ailleurs fes appas ;

Et qu'étant, comme elle eft, d'un sexe variable, Ma foi, qu'en me voyant elle avoit agréable, Ne lui foit contemptible, en ne me voyant pas.

Amour a cela de Neptune,

Que toujours à quelque infortune:

Il fe faut tenir préparé ;

Ses infideles flots ne font point fans orages,
Aux jours les plus fereins on y fait des naufrages,
Et même dans le port on eft mal affûré.

Peut-être qu'à cette même heure

Que je languis, foûpire & pleure,
De trifteffe me confumant,

Elle, qui n'a fouci de moi, ni de mes larmes,
Etale fes beautez, fait montre de fes charmes,
Et met en fes filets quelque nouvel amant.

Tout beau; PENSERS mélancoliques,
Auteurs d'avantures tragiques,

De quoi m'ofez-vous difcourir?

Impudens boute-feux de noife & de querelle,
Ne fçavez-vous pas bien que je brûle pour elle,
Et que me la blâmer c'cft me faire mourir ?

Dites-moi qu'elle eft fans reproche,
Que fa conftance eft une roche,

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