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SONNE T.

Epitaphe de la Femme de M. Puget, (*) qui fut dans la fuite Evêque de Marfeille. Le Mari parle. 1614.

CELLE qu'avoit Hymen à mon cœur attachée,

Et qui fut ici-bas ce que j'aimai le mieux,

Allant changer la terre à de plus dignes lieux,
Au marbre que tu vois fa dépouille a cachée.
Comme tombe une fleur que la bife a féchée,
Ainfi fut abattu ce chef-d'œuvre des cieux;
Et depuis le trépas qui lui ferma les yeux,
L'eau que verfent les miens n'eft jamais étanchée.
Ni prieres ni vœux ne m'y pûrent fervir;
La rigueur de la mort voulut fe affouvir,
Et mon affection n'en put avoir dispense.

Toi, dont la piété vient fa tombe honorer,
Pleure mon infortune; & pour ta récompense
Jamais autre douleur ne te faffe pleurer.

(*) Fils de M. de Pommeule-Puget, Tréforier de l'Epargne. Sa femme étoit fille de M. Hallé, Doyen des Maitres des Comptes de Paris,

EPIGRAM ME

Au nom de M. Puget, pour fervir de dédicace à l'Epitaphe précédente. 1614.

BELLE AME, qui fus mon flambeau,

Reçois l'honneur qu'en ce tombeau
Je fuis obligé de te rendre.

Ce que je fais te fert de peu :

Mais au moins tu' voit en la cendre
Comme j'en conferve le feu.

EPIGRAMME,

Four mettre au devant des Heures de la Vicomtesse d'Auchy. 1614.

"TANT que vous ferez fans amour,

CALISTE, priez nuit & jour,
Vous n'aurez point miféricorde.
Ce n'eft pas que Dieu ne foit doux :
Mais penfez-vous qu'il vous accorde
Ce qu'on ne peut avoir de vous ?

ÉPIGRAMME

Sur le même fujet. 1614.

PRIER Dieu qu'il vous soit propice,

Tant que vous me tourmenterez
C'eft le prier d'une injuftice.
Faites-moi grace, & vous l'aurez

CHANSON.

SUS

Us debout, la merveille des Belles: Allons voir fur les herbes nouvelles Luire un émail, dont la vive peinture Défend à l'art d'imiter la nature.

L'air eft plein d'une haleine de rofes:

Tous les Vents tiennent leurs bouches closes, Et le Soleil femble fortir de l'onde

Pour quelque amour plus que pour luire au monde.

On diroit, à lui voir fur la tête

Şes rayons comme un chapeau de fête,

Qu'il s'en va fuivre en fi belle journée
Encore un coup la fille de Penée. (*)

Toute chofe aux délices confpire,
Mettez-vous en votre humeur de rire ;

Les foins profonds d'où les rides nous viennent,
A d'autres ans qu'aux vôtres appartiennent.

Il fait chaud mais un feuillage fombre Loin du bruit nous fournira quelque ombre, Où nous ferons parmi les violettes Mépris de l'ambre & de fes caffolettes.

Près de nous fur les branches voisines

Des genets, des houx & des épines,
Le Roffignol déployant fes merveilles,
Jufqu'aux rochers donnera des oreilles.

Et peut-être à travers des fougeres,
Verrons-nous de Bergers à Bergeres
Sein contre fein & bouche contre bouche,
Naître & finir quelque douce efcarmouche.

C'eft chez eux qu'Amour est à fon aife.
Il y faute, il y danfe, il y baife :
Et foule aux pieds les contraintes ferviles
De tant de loix qui le gênent aux villes.

O qu'un jour mon ame auroit de gloire

(*) Daphné,

D'obtenir cette heureufe victoire, Si la pitié de mes peines paffées Vous difpofoit à femblables pensées !

Votre honneur, le plus vain des idoles, Vous remplit de menfonges frivoles: Mais quel efprit que la raifon confeille, S'il eft-aimé, ne rend point la pareille?

STANCES.

Récit d'un Berger au Ballet du Triomphe de Pallas, où Madame Elizabeth, Princeffe d'Efpagne, repréfentoit Pallas. Ce Ballet fut exécuté le 19 Mars 1615. dans la grande Sale de Bourbon, lorfque Louis XIII. & la Reine fa mere fe difpofoient à partir pour aller conduire cette Princeffe & recevoir en même temps l'İnfante Anne d'Autriche que le Roi devoit épotfer. 1615.

HOULETTE de LOUIS, Houlette de MARIE,

Dont le fatal appui met notre bergerie

Hors du pouvoir des loups,

Vous placer dans les cieux en la même contrée
Des balances d'Aftrée,

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