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Quelque bruit qu'il ait eu, n'a point fait de mer

veille

Que ne faffent mes vers.

Par eux de tes beaux faits la terre fera plaine;
Et les peuples du Nil qui les auront oüis,
Donneront de l'encens comme ceux de la Seine,
Aux autels de LOUIS.

FRAGMENT

Sur la prife prochaine de la Rochelle. 1628.

ENFIN mon Roi les a mis bas

Ces murs qui de tant de combats
Furent les tragiques matieres;

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La Rochelle eft en poudre, & fes champs défértez

N'ont face que de cimetieres,

Où giffent les Titans qui les ont habitez.

QU

SONNET

Sur la mort de fon Fils. (*) 1628.

UE mon fils ait perdu fa dépouille mortelle,
Ce fils qui fut fi brave, & que j'aimai fi fort,
Je ne l'impute point à l'injure du Sort,
Puifque finir à l'homme eft chofe naturelle.

Mais que de deux marauts la furprise infidelle
Ait terminé fes jours d'une tragique mort ;
En cela ma douleur n'a point de réconfort,
Et tous mes fentimens font d'accord avec elle.

O mon DIEU, mon Sauveur, puifque par la raison
Le trouble de mon ame étant fans guérifon,
Le vœu de la vengeance eft un vœu légitime;

Faique de ton appui je fois fortifié.

Ta juftice t'en prie, & les auteurs du crime
Sont fils de ces bourreaux qui t'ont crucifié.

(*) Voyez la Vie de Malherbe,

ODE

AM de la Garde, (*) au fujet de fon Hif toire Sainte. 1628.

LAG

A GARDE, tes doctes écrits
Montrent les foins que tu as pris
A fçavoir tant de belles chofes
Et ta preftance & tes difcours
Étalent un heureux concours
De toutes les graces éclofes.

Davantage tes actions'
Captivent les affections

"

Des cœurs des yeux & des oreilles ;
Forçant les perfonnes d'honneur

De te fouhaiter tout bonheur
Pour tes qualitez nompareilles.

(*) Ń. de Villeneuve, Seigneur de la Garde, du Freinet: de la Motte frere cades d'Arnauld de Villeneuve, Gentilhomme ordinaire d'Henri III, enfuite Capitaine de 5☛ hommes d'armes des Ordonnances, & Gouverneur de la Ville de Draguignan Ces deux freres étoient de la Maison de Villeneuve, l'une des plus illuftres de Provence

Tu fçais bien que je fuis de ceux
Qui ne font jamais pareffeux

A louer les vertus des hommes ;
Et dans Paris en mes vieux ans
Je paffe à ce devoir mon temps

Au malheureux fiecle où nous fommes.

Mais, las la perte de mon fils,
Ses affaffins d'orgueil bouffis,
Ont toute ma vigueur ravie;
L'ingratitude & peu de foin

Que montrent les Grands au besoin,
De douleurs accablent ma vie.

Je ne défifte pas pourtant

D'être dans moi-même content
D'avoir vécu dedans le monde,
Prifé (quoique viel abattu)
Des gens de bien & de vertu ;
Et voilà le bien qui m'abonde.
Nos jours paffent comme le vent :
Les plaifirs nous vont décevant,
Et toutes les faveurs humaines
Sont hémérocalles, d'un jour. (*)
Grandeurs, richeffes & l'amour
Sont fleurs périffables & vaines.

(*) Hémérocalles ou Ephemeres, c'eft la même chose. La Virgule fauve ici le Plionafme,

Nous avons tant perdu d'amis,
Et de biens par le fort tranfmis
Au pouvoir de nos adverfaires ;
Néanmoins nous voyons du port
D'autrui les débris & la mort,
En nous éloignant des corfaires.

Ainfi puiffions-nous voir long-temps
Nos efprits libres & contens,
Sous l'influence d'un bon aftre.
Que vive & meure qui voudra !
La conftance nous réfoudra
Contre l'effort de tout défaftre.

Le foldat remis par fon chef,
Pour fe garantir de méchef,
En état de faire fa garde,
N'oferoit pas en déloger,
Sans congé, pour se foulager,
Nonobftant que trop il lui tarde.

Car s'il procédoit autrement,
Il feroit puni promptement,
Au dépens de fa propre vie.
Le parfait chrétien tout ainfi,
Créé pour obéir auffi,
Y tient fa fortune affervie.

Il ne doit pas quitter ce lieu
Ordonné par la loi de Dieu;

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