zeau, petite ville de la presqu'île de Rhuys, à quatre lieues de Vannes. Son père, qui était tout à la fois avocat, notaire et greffier, avait sinon de la richesse, du moins une honnête aisance, et n'eut point d'autre enfant. Lesage perdit sa mère en 1677, et son père cinq ans après. Orphelin à l'âge de quatorze ans, il passa sous la tutelle d'un oncle, qui lui laissa continuer ses études chez les jésuites à Vannes, et qui en même temps laissa dépérir la fortune de son pupille..oooq Il paraît que ce fut quelque temps après être sorti du collége, où il avait fait d'excellentes études, qu'il obtint une place dans les fermes de Bretagne. Lesage, l'ayant perdue, on ne sait précisément ni quand, ni comment, vint à Paris pour obtenir un autre emploi et pour faire un cours de philosophie. C'est à l'année 1692 ou 1693 qu'on fixe son arrivée à Paris. Ce doit être en 1690; car c'est de ce séjour à Paris que date sa liaison avec un de ses camarades à l'université, Danchet, qui, ayant fait sur la prise de Mons (9 avril 1691) une pièce de vers, alla peu après, sur la recommandation du père Jouvency, remplir une place de professeur de rhétorique à Char tres. Doué de beaucoup d'esprit et d'une figure agréable, Lesage fut très-bien accueilli dans le monde. Jeune et bien fait, il dut avoir quelques bonnes fortunes. Les auteurs de l'Histoire du théâtre français (les frères Parfaict) rapportent que : « Une « femme de condition lui donna son cœur, « et lui fit part d'une fortune qui, toute « bornée qu'elle était, parut considérable « vis-à-vis celle de Lesage. Nous ignorons, « ajoutent-ils, les événemens qui suivirent <ce commerce amoureux; mais enfin la << mort ou l'éloignement de cette dame « terminèrent cette aventure. » Un engagement plus sérieux fut contracté par Lesage en 1694. Il épousa, au mois de septembre, non la fille d'un menuisier de la rue de la Mortellerie, comme on l'a si souvent répété, mais Marie-Elisabeth Huyard, fille d'un bourgeois de Paris qui demeurait sur la paroisse de Saint-Barthélemi en la cité. L'amour, plus que l'intérêt, avait décidé de cette union; et comme il faut un état dans le monde, Lesage se fit recevoir avocat au parlement de Paris. Il n’exerça que peu, si même il exerça. Il ne tenait pas beaucoup au titre, puisqu'il ne le prenait plus en 1698, et se contentait de celui qu'avait son beau-père. A la sollicitation de son ami Danchet, il avait traduit en français les Lettres d'Aristénète, auteur grec du quatrième siècle. Cette traduction, ou plutôt imitation faite sur la traduction latine de Bongars, fut imprimée à Chartres (sous le titre de Rotterdam) par les soins de Danchet, 1695, in-12. Ce livre n'eut pas de succès, et n'en a jamais eu, malgré les efforts de l'auteur et quelques réimpressions qu'on en a faites, comptant sur le nom du traducteur. Ce n'était pas d'un heureux présage pour un homme qui croyait tirer des ressources de sa plume. L'amitié, la protection de quelques personnes lui furent alors d'une grande utilité. Il eut un emploi peu lucratif ; qu'il abandonna ensuite pour se livrer entièrement aux lettres. Le maréchal de Villeroy voulait se l'attacher. Lesage, ami de l'indépendance, rejeta toutes les offres du maréchal. L'abbé de Lyonne, amateur passionné de la littérature seastillane, enseigna la langue espagnole å Lesage, et lui conseilla d'exploiter cette mine que gner. C'était là que Corneille avait pris, dit Voltaire, la première tragédié touchante et la première comédie de caractère qui aient illustré la France (1). Le maître de Lesage fut aussi son Mécène, et lui fit toute sa vie une pension de six cents livres. on commençait à dédai و Lesage fit paraître un volume intitulé, Theatre espagnol, ou les meilleures comédies des plus fameux auteurs espagnols, traduites en français, 1700, in-12. Ce volume ne contenait que deux pièces : le (1) Le Cid et le Menteur. Traître puni, comédie de don François de Rojas (1), et don Félix de Mendoce, comédie de Lope de Vega Carpio. Une troisième pièce en cinq actes, que Lesage tra duisit ou imita de don François de Rojas, fut représentée sur le Théâtre-Français le 3 février 1702, sous le titre du Point d'honneur. L'intrigue rappelait le Jodelet duelliste de Scarron. La pièce, qui n'avait aucun rapport à nos mœurs ni à nos usages, eut une seconde représentation le lendemain; mais ce fut la dernière. La part de l'auteur lui produisit cent soixante-trois francs, faible somme pour un père de quatre enfans; trois étaient nés, et sa femme était enceinte du quatrième. Cette comédie, retouchée par l'auteur et mise en trois actes, fut reproduite en 1725 au théâtre des Italiens sous le titre de l'Arbitre des différends. Elle était précédée d'un prologue intitulé Arlequin prologue. Le tout n'eut encore que deux représentations. Une copie d'Arlequin prologue était dans la bibliothèque (1) Dancourt a mis cette comédie en vers. |