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Desmar

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Thomassin Je.

L'ANE D'OR

D'APULÉE.

PHILOSOPHE PLATONICIEN.

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LIVRE SEPTIEME.

S

I-TÔT que le retour du Soleil eut diffipé les ténébres de la nuit, on vit arriver un homme qui étoit fans doute un des camarades de nos voleurs à l'acueil récipro→ que qu'ils fei firent, il étoit ailé de le connoîtres s'étant affis à l'entrée de la caverne, & après avoir un Tome II.

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moment repris fon haleine, il leur parla ainfi,

A l'égard de la maison de Milon, que nous pillâmes dernierement à Hippate, nous n'avons rien à craindre, & nous fommes en toute fureté; car après que vous en fûtes partis pour revenir ici chargés de butin, je me fourrai parmi le peuple, & faifant femblant d'être touché, & même indigné de ce qui venoit d'arriver, j'écoutois ce qui fe difoit, quelle réfolution l'on prenoit pour découvrir les Auteurs de ce vol, & quelle recherche on en feroit, pour venir vous en rendre compte comme vous me l'aviez ordonné. Tout le monde, d'une commune voix, en accufoit un certain Lucius, non fur de foibles conjectures, mais fur des indices très-forts & très-vraisemblables: on difoit qu'il étoit venu quelques jours auparavant avec de fauffes

lettres de recommandation pour Milon, & que contrefaisant l'honnête homme, il avoit fi bien gagné fes bonnes graces, que ce vieillard l'avoit logé chez lui ; que ce Lucius étoit regardé comme un de ses meilleurs amis, & que pendant ce tems-là il avoit féduit la fervante de fon hôte, faisant semblant d'être amoureux d'elle, & avoit examiné avec beaucoup de foin, toutes les ferrures & les verroux des portes de la maifon, & remarqué l'endroit où Milon ferroit fon argent & ce qu'il avoit de plus précieux. L'on alléguoit même une preuve bien forte de fon crime; on disoit qu'il s'étoit enfui la nuit, pendant qu'on pilloit la maison, & qu'il n'avoit point paru depuis ce tems-là: on ajoutoit, que pour fe garentir de ceux qui le pourfuivoient, & aller plus vite fe mettre en fureté en quelque endroit fort éloigné, il

s'étoit fauvé sur un cheval blanc qui étoit à lui. Qu'au refte, on avoit trouvé fon valet dans le logis; que la Justice l'avoit fait mettre en prifon, pour lui faire déclarer les crimes & les complices de fon maître ; que dès le lendemain ce valet avoit été appliqué à la queftion, & qu'enfin on la lui avoit donné de toutes les maniéres les plus rigoureuses & les plus cruelles, fans qu'il ait jamais rien voulu avoüer fur toute cette af faire ; qu'on avoit envoyé cependant plufieurs gens dans le païs de ce Lucius, pour tâcher de le découvrir, afin de le faire punir comme fon crime le mérite.

Pendant que ce voleur faifoit un tel rapport, je gémiffois du fond de mon cœur, en comparant l'état miférable où je me voyois réduit fous la forme d'un âne, à la vie heureuse dont je joüifLois pendant que j'étois Lucius ;

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