F.HOT-l'envoya pour cela à Orleans, où après trois années d'une application affidue, il fut reçu Docteur en cette Faculté.

MAN,

Son pere, qui lui deftinoit fa Charge de Confeiller au Parlement, le fit enfuite revenir auprès de lui, & le mit dans le Barreau, qu'il fréquenta quelque tems; mais les chicanes du Palais le dégoûterent bien vîte, & il fe livra entierement à l'étude du Droit Romain & à celle des Belles Lettres.

Pafquier, dans une Lettre à M. Loyfel rapporte une chofe dont> l'Auteur de la vie d'Hotman ne dit rien, qui eft que ce grand homme âgé feulement de 23, ans, fit à Paris des leçons de Droit, qu'il commença avec Baudoin le 16. Août 1546. & il s'y applaudit d'avoir étu

dié fous lui.

L'étude des matieres de Religion P'occupa auffi; prévenu trop favo rablement pour la créance des Proteftans, il voulut la connoître, & l'ayant goûtée, il réfolut d'abandonner l'Eglife Catholique, dans le fein de laquelle il avoit vêcû juf

ques-là, , pour embraffer le Pro- F. HOT teftantifme; mais comme il ne pou- MẠN, voit le faire dans la maifon paternelle, fans s'expofer à de grands dangers, il fortit de Paris en 1547, & s'en alla à Lyon,

Sa fuite & fon changement irriterent extrêmement fon pere, qui lui refufa dans la fuite les fecours qui lui étoient neceffaires pour fubfifter. Ainfi fe trouvant réduit à l'extrêmité, il fut obligé d'accepter la Charge de Profeffeur en Humanitez que la ville de Lausanne lui offrit à la follicitation de fes amis.

Teiffier dit qu'il demeura auparavant pendant quelque tems à Geneve dans la maifon de Calvin ; mais l'Auteur de fa vie ne dit rien de ce fejour.

Il fe maria à Lausanne, & épousa une Demoiselle d'Orleans, fille de Guillaume Aubelin Bruer & de Frangoife Brachete, qui s'y étoit refugiée pour la Religion, & il en eut onze enfans.

La réputation qu'il fe fit dans cette Ville lui procura au bout de deux ans un nouveau pofte. Les

રૂ

F. Hor-Magiftrats de Strasbourg lui offri-? MAN rent une chaire de Droit, qu'il accepta, & qu'il remplit jufqu'en 1561. Pendant qu'il en faifoit les functions, il fut recherché par Albert Duc de Pruffe, par le Landgrave de Heffe, par les Ducs de Saxe, & même par Elizabeth Reine d'Angleterre ; mais il ne jugea pas propos d'accepter ces vocations. Hne refufa pas cependant d'aller à la Cour du Roi de Navarre, où l'on avoit befoin de fon confeil, & où ilfut honoré d'une Charge de Maître des Requêtes. Il alla auffi deux fois en Allemagne de la part de la Reine mere de Charles IX. pour demander du fecours à l'Empereur Ferdinand, & aux Princes de l'Empire,& l'on a la Harangue qu'il fit pour ce fujet à la Diete de Francfort.

De retour de ces voyages à Strafbourg, il fe laiffa perfuader par Jean de Monluc, Evêque de Valence, d'aller enfeigner le Droit dans cette: Ville; & il le fit avec tant de fuccès, qu'il releva la réputation de cette Univerfité, qui étoit fort dé

chûë.

Trois ans après il alla profeffer F. HOTà Bourges, à la follicitation de Mar- MAN. guerite de France foeur d'Henri II. qui, outre les gages confiderables qu'elle lui donna, voulut encore le loger dans fon Palais.

Mais il ne demeura pas long tems dans cette Ville, il en fortit au bout de cinq mois, pour ferendre à Orleans auprès des Chefs dụ parti Proteftant,qui fe fervirent uti lement de fes confeils..

La paix, qui fe fit un mois après, ne l'empêcha pas de craindre le retour des troubles; c'eft pourquoi il fe retira à Sancerre pour y attendre un meilleur tems.

~La Princeffe Marguerite Ducheffe de Berry le rappella quelque tems après, & il retourna à Bourges reprendre fes fonctions de Profeffeur en Droit. Il y demeura tranquille un ou deux ans jufqu'en 1572. où il fe vit exposé à un grand danger; car les Proteftans de France ayang été maffacrez le jour de la faint Bar thelemi, il fut fur le point d'être enveloppé dans ce maffacre; mais à la premiere nouyelle de la bleffure Tome XI.

K

F. Hor- de l'Amiral de Chatilion, il eut le bonheur de fe fauver, & fe cacha fi bien, qu'on ne pût jamais le

MAN.

trouver.

Echappé de ce péril, il fe preffa de fortir de France, dans le deffein de n'y plus revenir, & fè retira à Geneve,où il fit des leçons de Droit à la priere des Magiftrats, & publia quelques Ouvrages.

Lorfque l'état de la France fur devenu un peu tranquille, on luk offrit une Charge de Confeiller dans la Chambre Mipartie de Montpel lier; mais le peu d'apparence qu'il y avoit que ce calme fût durable la lui fit refufer.

Quelque tems après il fe tranfporta à Bâle avec fa famille, & on l'engagea à faire dans cette Ville des leçons de Droit, comme il avoit fait dans tous les lieux où il avoit demeuré. Celui-ci lui plut tant, qu'il refufa les offres les plus avantageufes que le Prince d'Orange & les Etats Generaux lui firent pour Pattirer dans l'Univerfité de Leyde.

La pefte qui y furvint l'obligea eependant à en fortir, & il fe retira