à Montbeliard, où il perdit fa fem- F. HOTme, avec laquelle il avoit vêcû 29. MAN. ans avec beaucoup de tranquillité. Cette perte lui rendit ce fejour défagréable, & il en fortit pour aller demeurer avec les foeurs de fa femme. L'Auteur de fa vie, qui s'exprime ainfi, ne marque point le lieu où elles demeuroient; Bayle fupplée à ce défaut, en marquant qu'il alla

à Geneve.

Un Livre qu'il y fit pour les droits du Roi de Navarre, lui procura des lettres de fon Confeiller d'Etat, mais ce fut pour lui un fimple titre d'honneur, dont il ne retira aucun fruit.

Il avoit toujours joüi jufques-là d'une fanté parfaite; mais une hydropifie fàcheufe vint l'attaquer à l'âge de 60. ans, & le tourmenta jufqu'à la fin de fa vie. Il fe mit dans les remedes, mais la guerre l'obligea de fortir de Geneve, & d'aller chercher une demeure plus tranquille.

Il fe retira à Bâle, où il eut plus de foin de continuer fes études que de faire les remedes dont il avoit

MAN.

F. Hor-befoin, il y revit fes Ouvrages aufquels il ajoûta beaucoup, dans le deffein d'en donner une nouvelle édition; mais il ne pût l'executer, car il mourut le 12. Fevrier 1590. dans la foixante-fixiéme année de fon âge. Bafile Amerbach l'affifta pendant fa derniere maladie, & Jacques Grynaus fit fon Oraison fu nebre.

Il n'avoit jamais voulu conde cendre aux defirs de fes enfans, qui fouhaitoient qu'il fit tirer fon por trait, mais on le fit lorfqu'il fut à l'agonie; c'étoit un homme d'une belle taille, & qui avait une mine venerable.

L'Auteur de fa vie, ou plutot fön Panegyrifte, releve fort fa probité,, fa pieté, fa fermeté dans les differentes difgraces qu'il eut à foûtenir & fes autres belles qualitez; mais il ne dit rien défauts que d'autres lui ont attribuez, & dont on ne trouve que trop de preuves dans fes Let

tres.

On y voit qu'il faifoit prefque. un commerce de fes Epîtres Dedi catoires, qu'il cherchoit par tout

des Mecenes, à qui il pût les offrir F. HOT utilement, qu'il follicitoit ceux qui MAN. étoient auprès des Princes de luj procurer des récompenfes confide rables, & que lorfqu'elles ne répondoient pas à fon attente, il s'en plaignoit & revenoit à la charge. On y voit auffi que malgré tout ce qu'il retiroit de fa profeffion, mal gré les penfions qu'il recevoit dequelques Princes, & les profits dé fes Epîtres Dedicatoires, il paroît par tout accablé de mifere, & crie prefque toujours à la faim. On pour roit fur cela l'accufer d'avarice, fi l'on ne fçavoit qu'il avoit perdu fes biens par fon changement de Religion, & qu'il avoit une groffe famille à entretenir. Il y a cependant grande apparence que tous les fecours qu'il recevoit auroient fuffifamment fourni à ses besoins, s'il ne s'étoit follement entêté du def fein de chercher la Pierre Philofophale, recherche à laquelle il em ployoit une partie de fes revenus. Il fémble qu'il fe foit repenti, quoiqu'un peu trop tard, d'avoir employé fi inutilement son bien & fon

MAN.

F. HOT-tems; car écrivant à Scipion Gen tilis, qui lui avoit donné le nom d'Excellence, il dit: Quid tu, mi Gentilis, Excellentiam meam dicis? Meum naufragium dic, meam mifeTiam meam internecionem, morior nunc ego & omnia mea mecum, que imprudentia vivo eripuit.

Je crois qu'on ne doit pas faire grand fond fur les chofes que Baudoin a publiées au défavantage d'Hotman dans fes réponses à Calvin & à Beze. Quand on hait quelqu'un, comme Baudoin faifoit Hotman, on croit aisément le mal qu'on entend dire de lui, & les chofes qui ont le moins d'apparence, paffent pour des veritez inconteftables on va même quelquefois plus loin, & on lui en attribuë qui n'ont d'autre fondement que la haine, qui le fait paroître coupable de tout ce qu'on juge à propos de lui prêter. On n'a que trop d'exemples de cela parmi les Sçavans.

Au refte, on ne peut nier qu'il n'eut une parfaite connoiffance du Droit Romain, qu'il a traité avec beaucoup d'éloquence, & qu'

n'ait été un des plus fçavans Jurif- F. Ho confultes que la France ait pro- MAN duit.

Nevelet dans la vie d'Hotman, dit qu'il fit heritiers fes deux fils Jean & Daniel, & fes deux filles, en leur partageant également fes biens, & laiffant feulement de plus à Jean un petit heritage & fa Bibliotheque; & cependant il paroît par une Lettre de Bafile Amcrbach qui l'affifta à la mort, que Jean fuc Entierement desherité.

Catalogue de fes Ouvrages. Francifci Hottomanni Opera; cura Jacobi Lectii J. C. edita. Geneva 1599. in fol. 3. tom.

Le I. Tome contient.

Elogium Francifci Hottomanni, Auctore Petro Neveleto Defchio J. C. Cet Eloge a été imprimé feparément. Francofurti 1595. in-8°. & Hannovia 1613. in-12. & dans le Recueil de Frederic Jacques Leicker intitulé: Vita clariffimorum Jurisconfultorum. Lipfia 1586. in-8°.Pierre Nevelet, Seigneur d'Ofche & Avocat au Parlement de Paris, qui en eft l'Auteur, étoit fils d'une four