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Plus doux que des brebis ils fouffrent en filence Qu'un bourreau les égorge après leurs longs travaux;

Leur ame eft toujours calme, & pleine d'efperance

Ne plaint pas, mais benit ses maux,

feurs

Amfi les Chrétiens pour faivre la doctrine des Saints Peres, & fe conformer à l'exem→ ple de Jefus-Chrift & des Saints Martyrs, doivent fouffrir les perfecutions de leurs ennemis fans ufer d'aucune vengeance, & fans même leur refifter. Ils doivent fans s'émou→ voir leur laiffer faire tout ce que leur rage & leur fureur leur fuggere, confiderant que peines & leurs travaux ne feront pas fans recompenfe, & qu'ils ont un jufte Juge qui fe fouviendra de toutes leurs tribulations. Ils doivent n'opposer à leurs perfecuteurs pour route defenfe que leur douceur, leur moderation, & leur patience. Ils doivent avoir plus de conftance pour fouffrir, que les méchans d'opiniâtreté pour les tourmenter. Ils doivent triompher de leur malignité par leur perfeverance dans la juftice jufqu'au dernier Soupir, & faire voir en leur perfonne que la verta eft plus forte que le vice, & qu'elle fçait impoler flence aux impies, les fatiguer, da Jes couvrir de confufion

CHAPITRE XVIII.

Qu'il faut fouffrir en efprit de pénitence les peines & les tribulations de

cette vie.

VOL

Dici encore un puiffant motif pour fupprimer les impatiences, les plaintes, & les murmures des Chrétiens, qui éprouvent des miferes & des tribulations, & pour les engager à les fupporter en paix & avec patien ce. Ils doivent faire reflexion qu'elles font une peine du peché, & une pénitence que Diaz impofe aux hommes prévaricateurs. S'ils en font bien perfuadez, nulle affliction ne pourra troubler leur repos, ni les impatienter; les difgraces, les humiliations, les pertes de biens, les maladies n'abatteront point leur conftance, & on les verra toûjours les mêmes dans la bonne & dans la mauvaise fortune. Or rien de plus certain que cette maxime, que les miferes & les tribulations de cette vie font la peine du peché, & la pénitence qui en doit être le remede: On la trouve tres-fortement établie dans l'Ecriture & dans les Peres de l'Egli

c'est

il eft facile de juftifier que tous les Saints en ont été pleinement convaincus, & que ce qui les a rendu fi doux, fi patiens, fr me derez au milien des plus grandes adverfitez & des maux les plus fenfibles.

Le vieux Tobie reconnoît que ce font les pechez des Ifraelites qui ont attiré fur cux la captivité & tous les maux differens qu'ils ont foufferts de la part des Affyriens. Seigneur, « dit-il, vous êtes jufte, tous vos jugemens font co pleins d'équité, & toutes vos voies ne font s

Tob. 3.

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que mifericorde, verité & juftice. Seigneur, 2. 4. 5. fouvenez-vous maintenant de moi, ne prenez point vengeance de mes pechez, & ne rappel» lez point en vôtre memoire mes offenses, ni » celles de mes parens. Nous n'avons point obéi " à vos preceptes, c'eft pourquoi vous nous avez ❞ abandonnez au pillage, à la captivité, & à la » mort, & vous nous avez rendu la fable & le » jouet de toutes les nations parmi lesquelles " vous nous avez difperfez. Seigneur, vos ju» gemens font grands & terribles, parce que → nous ne nous fommes point conduits felon vos "preceptes, & que nous n'avons point marché » fincerement en vôtre prefence. Rendez graces eap. 13 au Seigneur, enfans d'Ifrael, dit il encore, & » & louez-le devant les Nations. C'est lui qui " nous a châtiez, à caufe de nos iniquitez; & c'est lui qui nous fauvera pour fignualer la mifericorde. Jerufalem cité de Dieu; le Seigneur t'a châtiée, à caufe des œuvres de tes mains.

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Pf. 118.

67.

Le Roi Prophete publie que fes souffrances & fes humiliations font un effet & une fuite " de fon iniquité. J'ai peché, dit-il, avant que d'être humilié & de tomber dans l'affliction. » Il declare même que les méchans & les pe"cheurs doivent tous boire dans le calice des "fouffrances. Le Seigneur, dit-il encore, P. 74" en fa main une couppe de vin pur qu'il mêle. » & qu'il tempere. Il verfe de l'une dans l'autre; la lie n'en eft point encore épuisée : tous les méchans qui font fur la terre en boiront.

7.8.

tient

Le Prophete Ifaïe annonce aux Juifs que tous les maux & toutes les calamitez dont ils gemiffent, font une peine de leur prévarication. Voici ce que dit le Seigneur, prêche-t-il » en leur prefence; quel eft cet écrit de divorce Ifa. 50 » par lequel j'ai repudié vôtre mere, ou quel eft » ce creancier auquel je vous ai vendus? Je vous » declare que c'est à caufe de vos pechez que

.:

ce Trenor

vous avez été vendus; & que ce font vos cri- ee mes qui m'ont fait répudier vôtre mere. ct Les Juifs reduits en captivité reconnoiffent eux-mêmes qu'ils fe font attiré ce malheur par leur infidelité. Pourquoi, difent-ils, l'homme murmure-t-il pendant fa vie; l'homme qui «3 39. fouffre pour fes pechez. Examinons avec foin 40 41. nos voies; cherchons ce qu'elles ont de mau- «420 vais, & retournons au Seigneur. Elevons au « ciel nos cœurs avec nos mains vers le Seigneur. Nous avons agi injustement; nous nous fom- « mes attiré vôtre colere, Seigneur, c'est pour- es quoi vous êtes devenu inexorable.

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Daniel's

Les trois jeunes hommes dans la fournaise de Babilone confeffent auffi devant Dieu, que tout ce qu'ils fouffrent eft la jufte peine de leurs pechez. Vous êtes jufte dans tout ce que vous « avez fait, lui difent-ils par la bouche d'Aza- « rias l'un d'entr'eux, toutes vos œuvres font «. 27. fondées dans l'équité, vos voies font droites, « fe & tous vos jugemens font juftes & veritables. « Vos jugemens ont été tres équitables dans tous ce les maux que vous avez fait venir fur nous, & ce fur Jerufalem la cité fainte de nos peres, parce ce que vous nous avez envoïé tous ces châtimens es dans la verité & dans la juftice, à caufe de nos ce pechez. Car nous avons peché, & nous som- « mes tombez dans l'iniquité en nous retirant co de vous, & nous avons manqué en toutes choc fes. Nous n'avons point écouté vos ordonnan- «c ces; nous ne les avons point observées; & ce nous ne les avons point faites comme vous c nous l'aviez commandé, afin que nous fuf- c fions heureux. Ainfi c'eft par une juftice tres- ce veritable que vous nous avez envoié ces châti- ce mens, que vous nous avez fait tous ces maux, co que vous nous avez livrez entre les mains cer de nos ennemis, qui font des injuftes, des fce- ce lerats, & des prévaricateurs de vôtre loy, &

&

» entre les mains d'un Roy qui eft le plus injuste » & le plus méchant qui foit sur la terre.

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Si nous fouffrons ces tourmens, difoient les Machabées au tyran qui les perfecuttoit & les faifoit mourir, c'est parce que nous les avons » meritez, ayant peché contre nôtre Dieu. Nous 2. Mac. », nous fommes attiré nous-mêmes ces Beaux fi » épouventables. C'est à cause de nos pechez que nous fouffrons toutes ces chofes; & fi le Sei "gneur nôtre Dieu s'eft mis un peu en colere contre nous pour nous chatier & nous corriger, il fe reconciliera de nouveau avec les fer

7.18

34.33.

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A toutes ces autoritez de l'Ecriture ajoûtez ce que dit faint Jean Chryfoftome, que la plupart des peines & des tribulations aufquelles nous fommes expofez, font destinées de Dieu à punir celles que nous avons fait fouffrir aux autres; qu'il permet qu'on prenne nôtre in verba bien, pour nous punir d'avoir pris celui d'auIfa. vidi trui, qu'il permet que nous éprouvions des Dominum. troubles dans nos propres familles, pour nous

Homil. I.

punir d'avoir troublé celles des autres, qu'il permet qu'on terniffe nôtre reputation, pour nous punir d'avoir terni celle des autres ; que nous ne devons point rejetter les guerres & les calamitez publiques fur les Princes & fur ceux qui nous gouvernent, comme s'ils manquoient de prudence & de capacité; mais qu'il les faut imputer à nos feuls pechez qui des attirent fur nous, qui fatiguent la patience de Dieu, & qui provoquent fa colere.

Cela étant ainfi, nous fommes obligez de fouffrir en efprit de penitence tous les maux & toutes les difgraces qui nous arrivent, & de les confiderer comme des moyens que Dieu nous fournit de fatisfaire à fa justice, & comme des remedes deftinez à guerir les plaies & les paffions de notre ame. Nous fommes abli

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