Serm. » 17. in qui ha 33 כן combien le Seigneur eft doux, poffede la fageffe. il ne Ainfi felon faint Bernard, faut pas fe contenter de ne point fe plaindre & de ne point murmurer dans les maux que l'on endure; il ne faut pas le contenter de les fouffrir avec patience; il ne faut pas même le contenter de s'y foumettre volontiers; mais il faut les aimer, s'en réjouir, les embraffer avec ardeur; & alors l'on eft monté au troifiéme degré dont parle ce grand Saint & l'on marche dans la voie de la perfection. Ce Pere enfeigne même que la raifon pourquoi il faut ainsi se réjouir au milieu des peines, des difgraces, & des tribulations, c'est qu'elles font un gage de la gloire éternelle, qu'elles la contiennent dans leur fein, comme une femence précieufe; & qu'elles en mettront en poffeffion tous ceux qui en feront un faint ufage. Il y a, dit-il, un grand tresor dans »ce vafe d'argile & dans ce champ vil & mébitat. prifable; mais il eft caché: Heureux celui qui peut le trouver! Il n'y a certes que l'œil dela » foi qui foit capable de l'appercevoir, parcequ'il ne s'arrête pas aux apparences exterieu"res, & qu'il voit les chofes les plus fecrettes " & qui ne parroiffent point au dehors. Celui» là avoit trouvé ce trefor, & vouloit le faire ❞ trouver aux autres, qui difoit : Le moment fi 2. cor 4. court,& fi leger des afflictions que nous fouf"frons en cette vie, produit en nous le poids » éternel d'une fouveraine & incomparable gloire. Il ne dit point, ce moment fi court & fi leger des afflictions fera recompenfé; mais il produit en nous le poids éternel d'une fouveraine & incomparable gloire. Cette gloire, mes freres, ne paroît point: Elle eft cachée » dans la tribulation: ce qui ne dure qu'un moa ment, nous cache une éternité : ce qui est tres 17. сс leger, & qui fe diffipe en un inftant, derobe ce à nos yeux un poids éternel de gloire. Ainfi « hâtons-nous d'acheter ce champ, & le trefor «c qui y eft caché. Confiderons comme le fujet d'une extreme joie les diverfes afflictions qui nous arrivent ; & difons avec fincerité & du «Ecclef. fond de nôtre cœur: Il vaut mieux aller à une c 7.3. maifon de deuil qu'à une maifon de festin Voilà la veritable raifon qui doit porter les fideles à fe réjouir, lors qu'ils éprouvent des afflictions & des tribulations. Ces fortes de difgraces leur font un gage de la gloire éternelle; elles leur en affurent la poffeffion; elles les y introduifent même pourvû qu'avant leur mort ils ne s'en rendent point indignes par leurs iniquitez. Mais comme dit faint Bernard, il n'y a que les yeux de la foi qui apperçoivent tant de biens & tant d'avantages dans les tribulations, & par confequent ceux - là feuls font comblez de joie au milieu des maux & des adverfitez de cette vie, qui fe conduifent par les lumieres de l'Evangile, qui jugent des chofes par les principes du chriftianifme, & qui vivent de la foi. Pour ce qui eft des autres qui n'écoutent que les defirs du vieil homme & leurs paffions corrompues, il n'y a pas de quoi s'étonner fi au lieu de fe réjouir à la vûë des peines & des tribulations temporelles, ils s'en troublent & ils s'en affligent : car ils ne comprennent pas les avantages qu'ils en pourroient tirer; ils ne les regardent pas comme des femences fecondes qui leur produiroient les fruits de la gloire éternelle, s'ils fçavoient en profiter : ils ne les confiderent pas comme des marques d'élection, ni comme les principes de leur falut. Ainfi ils font accablez de chagrin & de douleur, pendant que les juftes goûtent une joïc folide, & vivent dans une tranquilité parfaite Сс Homil. 2.2. ad ram. au milieu des plus grandes tribulations. Il faut même ajoûter avec aint Jean Chryfoftome, que la joie que les fideles temoignent lorfqu'on les charge d'injures, qu'on les perfecutte, & qu'on les accable de maux, fait connoître à tout le monde qu'ils ont un grand amour pour Jefus - Chrift, qu'ils attendent une autre vie, qu'ils la defirent, & qu'ils s'y preparent. Et en effet s'ils fe réjouissent au milieu des peines & des tribulations, ce ne peut être que parce qu'ils aiment ardemment Jefus-Chrift, & qu'ils fçavent que les fouffrances les rendent conformes à fon image, à sa vie mortifiée, à fa paffion, & qu'elles ont le pouvoir de les purifier de leurs pechez. Ce ne peut être que parce qu'ils efperent une autre vie, & qu'ils attendent la resurrection generale. Ce ne peut être que parce qu'ils font convaincus que les maux & les afflictions qu'ils éprouvent, peuvent contribuer à leur procurer dans le ciel un degré éminent de gloire, & les faire jouir d'un bonheur ineffable dans la fuite de tous les fiecles. Sans cela ils tomberoient dans le decouragement dés qu'ils feroient menacez de quelque tribulation; ils fe troubleroient aux approches des moindres adverfitez; ils fe plaindraient & ils murmureroient des fouffrances les plus legers; & ils fe laifferoient aller aux mêmes défauts & aux mêmes impatiences que les mondains; parceque la nature ne fçauroit s'accoûtumer à fouffrir, & qu'elle fuccombe fous les maux qui paroiffent les plus faciles à fupporter, à moins qu'elle ne foit foutenue par une vive foi, une ferme efperance, & une ardente charité. CHAPITRE CHAPITRE XX. Qu'il faut aimer ceux qui nous font fouffrir & qui nous perfecutent. LA joie dans les peines & dans les tribula tions, dont on a parlé au chapitre precedent, doit être neceffairement jointe à l'amour de ceux qui nous les font fouffrir, ainfi nous allons prouver aux fideles qu'ils font effectivement obligez d'aimer leurs ennemis & tous ceux qui les perfecutent. CC Jefus-Chrift nous en a fait une loi expreffe dans l'Evangile par ces paroles que nous devons fans ceffe mediter. Vous avez appris qu'il a été dit: Vous aimerez vôtre prochain, & vous haïrez vôtre ennemi; & moi je vous ce dis: aimez vos ennemis, beniffez ceux qui « Matth. vous maudissent, faites du bien à ceux qui se 43.6 vous haïffent, & priez pour ceux qui vous ce Sequent perfecutent, & qui vous calomnient; afin que se vous foiez enfans de vôtre pere qui eft dans les e cieux, qui fait lever fon foleil fur les bons & « fur les méchans, & qui fait pleuvoir fur les « juftes & fur les injuftes. Ne rendez point mal pour mal, ni outrage ce pour outrage, dit faint Pierre, mais au con- cc Petrá traire beniffez ceux qui vous maudiffent, fça- «3. 9. chant que c'eft à cela que vous avez été appellez, afin de recevoir comme heritiers la benediction que Dieu vous reserve. сс ce دو Beniffez ceux qui vous perfecutent, dit auffi faint Paul, Beniffez-les, & ne faites point d'imprecations contre eux. Prenez garde que nul ne rende à un autre le mal pour le mal; «, Thef mais foiez toujours prêts à faire du bien & à cefat. 5. H 14. 1. Cor. 4. 12. 13. >> à vos freres & à tout le monde. Ce grand Apôtre ne s'eft pas contenté de donner ces preceptes aux fideles; mais il s'y eft lui-même foumis, beniffant ceux qui le perfecutoient. On nous maudit, dit-il, & >> nous beniffons: on nous perfecute, & nous le >> fouffrons: on nous dit des injures, & nous répondons par des prieres. De ferm Nous ferions trop long fi nous voulions rapporter tout ce que les Saints Péres ont dit de l'obligation d'aimer ceux qui nous affligent & qui nous perfecutent : c'eft pourquoi nous nous contenterons d'expliquer leurs principales maximes für ce point important de la morale chrêtienne. Saint Auguftin dit que le roiaume des cieux fe prend par violence, & que ce font Domini les violens qui l'emportent; parce qu'il nous eft commandé d'aimer nos ennemis & de in monte Lib. 1. , haïr nôtre pere, nôtre mere & nos autres parens ce qui eft tres difficile, & nous doit Trat. 1. coûter infiniment. Il enfeigne que la perfecin epift. 6. tion de la charité confifte à aimer fes ennemis, Joan. & à les aimer afin de les porter à Dieu. Il declare que l'amour que nous avons pour ceux qui nous outragent & qui nous perfecutent, nous rend femblables à Dieu qui répand en ce monde fes biens & fes faveurs fur les méchans comme fur les bons. » celui, dit-il qui defire & qui fait du bien à fon ennemi » devient femblable à Dieu. Or s'éfforcer de » lui reffembler en ce point, ce n'est pas orguëil, mais obéïffance. Conc. 2. in Pfal 70. Matth. Rien, dit auffi faint Jean Chryfoftome, Homel. ne nous rend fi femblables à Dieu que la dou19. in ceur & la charité que nous témoignons à ceux qui nous outragent avec le plus de malice & » de violence: car Jefus-Chrift nous marque que » Dieu fait lever fon foleil fur les bons & fur les » méchans, |