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myftere, s'il fait veritablement penitence, s'il e eft delié par le Prêtre qui l'avoit lié en le fé- «e parant du corps de Jefus-Chrift & qu'il vive « bien après la pénitence, comme il auroit dû co vivre avant que d'être obligé de la faire, en ∞ quelque tems qu'il meure, il verra Dieu, il « poffedera fon roiaume, il jouira du repos éternel, & il fera feparé pour toûjours du «e peuple du démon.

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Mais fi quelqu'un étant malade & réduit à l'extremité, veut être mis en penitence, & ce fi l'ayant reçûë il eft reconcilié en mème- « tems, & qu'il meure enfuite, je vous avoue ce que je ne lui refufe pas ce qu'il demande mais je ne prefume pas auffi qu'il meure bien. « Je ne prefume point cela, je ne veux point ce vous tromper. Je vous le dis encore une fois, ce je ne prefume point qu'il meure bien. Un fi- ce dele qui a toujours bien vêcu, meurt avec « affurance de fon falut : celui qui ne vient que «e d'être baptizé, meurt avec affurance de fon « falut: Un fidele qui fait penitence pendant « qu'il eft en fanté, & qui ayant êté reconcilié ce vit bien enfuite, meurt avec affurance de fon « falut. Mais à l'égard de celui qui ne fait penitence & n'eft reconcilié qu'à l'article de la « mort, fi vous me demandez s'il meurt avec « affurance de fon falut, je vous répondrai que « je n'en fuis point affuré. Je m'aflure où je «< trouve lieu de m'affurer, & je vous donne la «e même affurance. Mais où je ne trouve point lieu de le faire; je puis donner la penitence « qu'on me demande; mais je ne puis donner « l'affurance que je n'ai point.

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Voulez-vous donc vous délivrer de cette « incertitude de vôtre falut? voulez-vous qu'on n'en puiffe point douter ? faites penitence pen- « dant que vous êtes en fanté. Car fi vous pre- « nez la réfolution de faire penitence pendant «e

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que vous vous portez encore bien, & que voas » foïez enfuite furpris du péril de la mort, vous " pouvez alors courir vers les Miniftres de l'Eglife pour recevoir la reconciliation. Si vous » vous conduisez de la forte, vous mourez avec affurance de vôtre falut. Pourquoi avez-vous ,, cette affurance? parce que vous vous êtes foumis à la penitence au tems que vous pouviez encore pecher. Mais fi vous ne pensez à faire penitence que lors que vous ne pouvez plus pecher, ce font vos pechez qui vous quittent, & non pas vous qui les quittez.

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Il faut encore faire attention à ce que dit Serm. un autre Pere de l'Eglife; que la penitence appendice que demande une perfonne qui eft dans la foibleffe de la maladie, eft tres-foible, & qu'il eft à craindre que celle

S. Augu.

demande un hom

mourir, ne mcure

peu

me qui eft fur le point
elle-même avec lui.
Pour fe convaincre de plus en plus du
de fond qu'on peut faire fur la penitence de
ceux qui attendent à la demander & à s'y
foumettre à l'article de la mort, il n'y a
qu'à confiderer l'état des malades. Ils ne font
prefque occupez que de leurs maux & de leurs
douleurs; & fouvent ils n'ont pas la liberté
d'efprit neceffaire pour penfer fericufement à
leurs pechez, & pour les detefter. La fraïeur
de la mort les faifit & les jette prefque tou-
jours dans le trouble, enforte qu'ils font or-
dinairement incapables d'aucune application
ferieufe. Ils en font même détournez
prefence de leurs parens & de leurs amis qui
les environnent, & qui amolliffent leur cœur.
Les forces leurs manquent pour fatisfaire à
la justice divine par les jeûnes, par les veilles,
par les mortifications exterieures, & par des
prieres reglées & qui ayent de la fuite. L'on
Içait bien que cela n'eft pas abfolument neces→

par

la

faire pour fléchir la colere de Dieu, & que l'on peut en cet état l'appaiser par des gemiffemens interieurs, & par une contrition fincere jointe au Sacrement de penitence. Mais l'on ne fçauroit difconvenir qu'il ne foit toûjours tres-fâcheux & tres-perilleux d'attendre à fe convertir en un tems où le corps foible & languiffant ne peut plus fe foumettre aux exercices ordinaires de la penitence, après, avoir eu tant de part aux joies & aux plaifirs illicites, & avoir été l'instrument du peché.

Il y a même de la temerité & de la prefomption à croire que l'on pourra toûjours le convertir à la fin de fa vie. Car enfin quelle affurance a-t-on que l'on fera alors écouté de Dieu après avoir fermé fes oreilles à sa voix pendant tout le cours de fa vie? Comment peut-on fe promettre que l'on aura alors une grace affez forte pour furmonetr des paffions que l'on a fortifiées par une tres-longue habitude, aprés avoir tant de fois refifté à cette même grace ? Comment ofe-t-on efperer que l'on trouvera mifericorde auprès du Seigneur, après avoir fi fouvent meprifé cette même mifericorde, & s'être amaffé des trefors de colere pendant tout le tems que l'on a vêcu fur la terre? Il eft certain qu'il y a de la folie à fe flatter d'une telle efperance. Dieu menace lui-même dans les faintes Ecritures ces fortes de pecheurs de rejetter leurs prieres, lorsqu'ils l'invoqueront à la fin de leur vie.

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24.

Parce que je vous ai appellez, leur dit-il, ce Prov. & que vous n'avez point voulu m'écouter; "fisent que j'ai étendu ma main, & qu'il ne s'eft «' trouvé perfonne qui m'ait regardé ; que vous « avez méprifé tous mes confeils, & que vous « avez negligé mes reprimendes; je rierai auffi «« à vôtre mort; & je vous infulterai lors que ce ce que vous craigniez vous arrivera. Lors que c le malheur viendra tout d'un coup; que la s

&

» mort fondra fur vous comme une tempête » lors que vous vous trouverez furpris par l'af» Aliction, & par les maux les plus preffans. » Alors ils m'invoqueront, & je ne les écoute» rai point, ils se leveront dès le matin, & ils » ne me trouveront point; parce qu'ils ont haï » les inftructions; qu'ils n'ont point embraffé » la crainte du Seigneur; qu'ils ne se font point "foumis à mes confeils, & qu'ils n'ont eu que » du mépris pour toutes mes remontrances. C'eft » encore à ces fortes de pecheurs que Jesus-Chrift Ioan. 8. dit dans l'Evangile Je m'en vas; vous me chercherez, & vous mourrez dans vôtre peché.

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2. Ma

shab. 9.1

Ajoûtez que ces converfions promptes & fubites que l'on prétend faire à la fin de fa vie, font des miracles dans le cours ordinaire de la

pe

grace, aufquels on ne peut s'attendre fans tenter Dieu, & fans pêcher par confequent. Il est vrai que l'Ecriture parle de quelques Converfions qui ont été operées en un moment, comme celles du bon larron, de la femme chereffe, de faint Matthieu, de faint Paul & de quelques autres; Dieu dont la fageffe & la bonté font infinies ayant voulu en ces rencontres faire éclatter la toutee-puiffance de fa grace, & empêcher par là les plus grands pecheurs de tomber dans le defefpoir, & de fe figurer qu'il n'y a plus de mifericorde pour eux, quoi qu'ils puiffent faire pour flechir fa juftice. Mais il a voulu en même tems que Ecritures nous appriffent que le miferable Antiochus ne pût obtenir mifericorde à la fin de fa vie, quoi qu'il la demandât avec larmes & avec gemiffemens. Il a encore voulu que les faints Docteurs de fon Eglife nous avertiffent qu'il faut admirer ces fortes de converfions ; mais que nous ne devons pas nous promettre de les imiter, de peur d'être trompez dans

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nôtre attente & de nous expofer à un peril évident de la damnation éternelle. Il y a un grand pecheur qui s'eft converti à l'article de la mort, difent les faints Peres en parlant du Larron, ne defefperez donc pas d'obtenir mifericorde, quelques crimes que vous ayez commis, & en quelque tems que vous vous convertiffez. Mais il eft feul, ne vous fiez donc pas à cet exemple, & prenez garde qu'il ne vous trompe, & ne vous devienne pernicieux en vous portant à remettre vôtre converfion 2 l'heure de la mort.

Il eft donc jufte de conclure après tant d'autoritez & de raisonnemens, que puifque nous fommes incertains à quelle heure & à quel tems il plaira à Dieu de mettre fin à nôtre vie, & de nous appeller à lui, nous ne devons pas differer d'un feul moment nôtre penitence & nôtre converfion; que nous fommes obligez de quitter inceffamment les occafions du peché, & d'embraffer la vertu; & que c'eft pour nous une temerité tres-criminelle de remettre à un autre tems une affaire auffi importante que celle de nôtre falut éternel.

CHAPITRE VII.

Que tout nous conduit à la mort & au tombeau. Quelle conclufion il faut tirer de cette verité.

'L ne fuffit pas d'être perfuadé qu'il est infaillible que nous devons tous mourir, & qu'il n'y a que la mort feule de certaine fur la terre, comme on l'a ci-devant prouvé; mais il faut outre cela faire reflexion que tout nous conduit au tombeau, & que nôtre vie s'écou→

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