poudre impalpable, on le fera fécher, & pour s'en fervir on le délayera dans une coquille avec un peu d'eau gommée. il Lorfque je m'étois fervi de matiéres plus difficiles à em ployer, le trait étoit souvent plus épais en des endroits qu'en d'autres, parce que la matiére ne coulant pas facilement, étoit prefque impoffible de la rendre par tout de même hauteur; je remarquai que ces endroits où il s'étoit trouvé plus de matiére, étoient, après avoir été retirés de dessous la moufle, d'un blanc plus mat que les autres; cela me fit venir l'idée d'un travail plus recherché, dans lequel je reconnus qu'un habile ouvrier pourroit réuffir parfaitement. Je deffinai avec le colcothar une tête fur une Cornaline, & je couvris tout le dedans ou l'intérieur du trait d'une couche de cette même matiére, la plus égale que je pûs, je la laissai fécher, & je traçai ensuite l'oeil, la narine, la bouche, & les plis d'un voile dont elle étoit coëffée, avec la même matiére, enforte que ces parties en étoient plus chargées que le refte, je trouvai même ce travail beaucoup plus facile que je ne l'aurois crû. Je la laiffai fécher, & la plaçai fous la moufle; l'événement fut tel que je l'avois prévû, les parties qui avoient été plus chargées de matiére, fe trouverent d'un blanc plus mat que le refte, enforte qu'il ne faut qu'une main habile pour faire un ouvrage de cette nature auffi parfait qu'on le peut defirer. J'ai fait la contre-partie de ce même travail, qui m'a égałement bien réuffi, c'eft-à-dire, que j'ai couvert de colcothar tout le champ de la Cornaline, & qu'avec la pointe d'une aiguille je l'ai enlevé, fuivant un deffein qui eft demeuré rouge, tandis que le champ eft devenu blanc à l'ordinaire. Les ouvrages faits de cette maniére, peuvent être encore beaucoup plus délicats que les autres; car quelque fin que foit le trait l'on que peut faire avec le pinceau, ceux que l'on fait avec la pointe d'une aiguille le font encore plus, & quelque : déliés qu'ils foient, ils fe diftinguent parfaitement, & demeurent rouges fur un fond blanc. Il est vrai qu'on ne peut pas per varier les nuances de ce rouge comme nous venons de voir qu'on le peut faire, lorfque le champ demeure rouge, & que les deffeins font blancs; mais il peut bien fe faire que l'on porte dans la fuite cet ouvrage à un plus haut degré de fection, par plufieurs découvertes que l'usage ne fçauroit manquer de faire naître; ainfi je me contenterai d'avoir indiqué la voye qu'il faut fuivre pour y parvenir. Il nous refte maintenant à parler du choix des pierres qui peuvent être employées à cette forte de travail. Toutes les Cornalines n'y font pas également propres ; celles qui ont des veines inégalement foncées ne fçauroient réuffir, parce que les veines les plus colorées blanchiffent plus promptement que les autres, & par conféquent rendent le deffein défectueux. Les pierres d'un rouge pâle ne font pas bien encore, parce qu'elles perdent une partie de leur couleur, étant chauffées; ainfi il n'y a que les Cornalines d'un rouge foncé & égal qui foient propres à ce travail; ce font celles que l'on nomme communément Cornalines de vieille roche, elles foûtiennent la chaleur fans fe caffer, & blanchiffent fort également dans les endroits qui font couverts de l'enduit terreux. J'ai cependant vû quelquefois des Cornalines communes réussir affés bien, mais ce n'a été qu'après en avoir effayé un grand nombre, dont la plûpart fe caffent, & les autres blanchiffent inégalement, au lieu que celles de vieille roche ne font fujettes à aucun de ces inconvénients. On jugera aisément que je ne m'en fuis pas tenu à la feule Cornaline pour faire ces fortes d'épreuves, je l'ai effayé fur l'Agathe blanche ou Calcedoine, fur la Sardoine, fur l'Agathe noire, fans aucun fuccès. La Calcedoine blanchit à une trèspetite chaleur, mais également par-tout, tant ce qui eft couvert de l'enduit, que ce qui ne l'eft point, il n'y a que les veines qui s'y rencontrent, qui, quoiqu'imperceptibles dans l'état naturel, y caufent quelque inégalité de couleur. L'Agathe noire fouffre la plus vive chaleur fans changer de couleur. La Cornaline blanche, qui eft une pierre fort dure, transparente & laiteuse, devient affés promptement d'un blane opaque, elle foûtient long-temps la chaleur fans fe caffer. J'ai voulu effayer quel effet feroit dans ces circonstances la diffolution d'argent, & j'en ai formé des traits fur la pierre; ils font devenus jaunes par la calcination. La même liqueur a fait des taches brunes fur la Cornaline, enforte qu'on s'en pourroit fervir pour marquer des ombres dans l'ouvrage dont nous avons parlé; mais cela feroit d'une execution difficile, parce que cette couleur s'étend un peu, & qu'on n'en peut pas former des traits à beaucoup près auffi déliés que ceux l'on que peut faire avec le colchotar. Les autres Agathes, Jafpes ou pierres dures que j'ai effayées, n'ont pris aucune couleur, ou l'ont prife également par-tout, enforte que celles dont je viens de parler, font les seules dont on se puiffe fervir pour cette forte de travail. Je n'ai pas crû qu'il fût néceffaire de pouffer plus loin cette découverte; premiérement, parce que cet objet n'est qu'une fimple curiofité, qui n'aura plus aucun mérite dès qu'elle fera connue. Secondement, il auroit fallu un grand nombre d'expériences pour porter ce travail à sa perfection, & le premier ouvrier qui voudra s'en donner la peine, y par viendra peut-être avec plus de facilité que moi. Enfin j'en ai dit affés pour détromper, ou du moins pour jetter dans le foupçon ceux qui n'ayant aucune connoiffance de cette pratique, pourroient prendre pour naturels des accidents qu'il eft trèsfacile de former fur la plûpart des pierres dures, comme on le voit, tant dans mon premier Mémoire que dans celui-ci. A l'égard de la teinture des Marbres, l'objet en eft plus important; il fe trouve souvent des taches blanches difformes dans les Marbres les plus précieux, on peut colorer ces taches dans le goût du refte du Marbre, & remédier par-là à un inconvénient très-ordinaire, & très-defagréable. On peut aufft avec le Marbre blanc imiter dans la derniére perfection les Marbres les plus rares. On m'objectera que le Marbre blanc lui-même n'eft pas commun, & qu'ainfi ces fortes de marbres feront toûjours chers; mais fi le marbre d'un blanc parfait, fans veines & fans taches eft rare, il n'en eft pas de même de celui qui eft d'un blanc fale, taché de jaune, ou qui a quelque autre défaut, il ne s'en rencontre que trop fouvent, & on ne fçait à quel ufage employer cette forte de marbre: nous avons maintenant le moyen de nous fervir de ces marbres défectueux, qui font encore plus propres à être colorés que ceux qui feroient d'un blanc parfait, parce que les veines ou les taches qui s'y rencontrent naturellement font de nouveaux accidents qui peuvent déterminer la façon de placer les couleurs, & qui caufent dans les nuances une variété qui ne peut être qu'agréable, & contribuer à une imitation plus parfaite du marbre coloré naturellement. DESCRIPTION ET USAGE D'UN METROMETRE, ου 23 Avril 1732. MACHINE Pour battre les Mefures & les Temps de toutes fortes Q d'Airs. Par M. D'ONZE M BRAY. UOIQUE la Mufique foit fort ancienne, & que chaque Air ait toûjours renfermé en soi une quantité de mefures, & que chaque mesure ait été fubdivifée en une quantité de parties égales, il feroit impoffible de déterminer aujourd'hui le goût des Anciens d'avec celui des Modernes, faute de pouvoir être certain du temps qu'ils employoient pour chaque mesure. Il eft cependant hors de doute que chaque compofiteur a toûjours eu grande attention à faire executer fa mufique plus ou moins vivement, fuivant le goût qu'il a eu; mais il n'a pû le transmettre à la postérité, n'ayant pas imaginé une machine avec laquelle on pût conftater la jufte durée des Mesures & des Temps des Airs de Mufique. C'est ce qu'on peut faire aifément par les vibrations du Pendule; car comme on peut augmenter ou diminuer la durée de chaque vibration en allongeant ou raccourciffant le Pendule, on peut connoître quelle longueur il faut lui donner, pour que chaque vibration batte juste la mesure d'un air propofé, ou que chaque vibration batte les temps de ce même air. Alors tous les Muficiens connoîtront la durée des Mesures & des Temps des Airs, elles ne feront plus altérées, & se conferveront à l'avenir. Ce moyen de divifer le temps en parties égales par un Pendule mis en mouvement, a été découvert par Galilée, & on a trouvé depuis qu'un Pendule de 3 pieds 8 lignes, faisant 3600 vibrations en une heure, |