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HISTOIRE

DE L'ANCIEN ET DU NOUVEAU

TESTAMENT, H

ET DES JUIFS,

POUR SERVIR D'INTRODUCTION
à l'Hiftoire Eccléfiaftique de M. l'Abbé FLEURY.

Par le R. P. D. AUGUSTIN CALMET, Religieux Bénédić
Abbé de Sénones.

Nouvelle Édition, entièrement conforme à celle de Paris.

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PREFACE.

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'HISTOIRE de l'Ancien, du Nouveau Teftament, & des Juifs depuis le commencement du Monde, jufqu'à la ruine de Jérufalem par les Romains, fait une des principales parties de l'Hiftoire de la Religion. On y voit par quels différens degrés Dieu a révélé fes vérités aux hommes ; comment notre premier père ayant été créé dans la droiture & dans l'innocence, comblé de lumières & de grâces, eft tombé dans le déréglement, dans le péché & dans l'erreur. On y remarque le progrès prodigieux des crimes & des défordres, où tombèrent la plupart des premiers hommes, qui furent abymés dans les eaux du Déluge, pendant qu'un petit nombre de Saints & d'Elus confervèrent dans fa pureté le dépôt de la Religion.

Noé père d'un Monde nouveau, employa toute fa force & fon autorité pour maintenir dans fa famille le vrai culte du Seigneur; mais il ne put empêcher que bientôt le mauvais germe avec lequel nous naiffons, ne produisît parmi fes enfans & dans fa poftérité, des fruits d'iniquité & de mort. Il eut la douleur en quittant le monde, de le laiffer fort corrompu ; & lorsqu'Abraham, le père des fidelles, qui étoit né presque dans le même temps que Noé, mourut, lors, dis-je, qu'Abraham quitta la Chaldée, pour venir dans la terre de Canaan, à peine le nom du Seigneur

étoit il connu dans l'un & dans l'autre de ces deux pays; du moins fon culte public n'y étoit plus en ufage: il n'y avoit apparemment que Melchifedech, qui craignît alors, & qui fervît le Seigneur dans la vérité, & dans la perfection.

Le mal alla toujours croiffant jufqu'au fiècle de Moïfe. La Tradition de la vraie Religion, qui jufqu'alors s'étoit confervée, quoique très-foiblement dans la race d'Abraham, étant fur le point de fe diffiper, Dieu fufcita Moïfe, & le remplit de son esprit pour écrire & publier fes Lois, & pour faire connoître aux hommes fes vérités d'une manière plus expreffe.

L'inconftance, l'infidélité & l'indocilité du peuple Juif, fon penchant à l'idolâtrie & aux défordres groffiers, obligèrent le Seigneur à faire paroître de temps en temps des Prophètes, pour foutenir la Religion, pour réformer les abus, fur-tout pour annoncer la venue du Messie, & pour entretenir ces peuples dans l'attente de ce divin Réparateur. Depuis le retour de la captivité de Babylone jufqu'à la venue du Meffie, les Juifs furent moins infidelles au Seigneur, & plus foumis à fes Lois. Dieu leur envoya peu d'hommes infpirés; durant ces temps la parole du Seigneur fut rare & précieuse dans Ifraël; mais ils avoient les anciens Prophètes, qui leur fuffifoient pour les entretenir dans la vraie Religion.

Lorfque Jean-Baptifte commença à prêcher, & que Jefus-Chrift fe manifefta au monde par fes prédications & par fes miracles, le peuple du Seigneur attentif à fupputer les temps auxquels le Meffie devoit paroître, & à examiner les caractères qui le devoient diftinguer, felon les oracles des anciens Prophètes, fe trouva partagé fur fon fujet; les uns remarquèrent dans lui tout ce qui faifoit l'objet de leur attente; les autres fe figurant que le Chrift feroit d'une naiffance plus riche & plus éclatante, & qu'il paroîtroit avec plus de pompe, le méconnurent & le rejetèrent. L'humilité de Jefus-Christ, fa patience, fa pauvreté, fa douceur, qui devoient le rendre cher &

aimable aux Juifs, furent pour eux des pierres de fcandale contre lefquelles ils fe heurtèrent & fe froifsèrent. Mais malgré l'incrédulité des Juifs, qui crucifièrent leur Dieu & leur Sauveur, il ne laiffa pas de confommer l'ouvrage que fon Père Eternel lui avoit confié, qui étoit d'éclairer, de réformer & de fauver le monde.

L'Hiftoire du peuple Hébreu n'eft point un simple récit d'événemens indifférens, où l'on ne voie régner, comme dans la plupart des autres Hiftoires, que les crimes & les paffions des hommes, l'ambition, l'injustice, l'intérêt, l'amour, la vengeance, & tous les autres défauts, tempérés par très-peu de bien, qui eft toujours mêlé de beaucoup d'imperfections. Celle-ci nous représente un peuple, dont la Royauté & le Sacerdoce font une prophétie du règne & du Sacerdoce du Meffie (1). Toute la nation Juive, tout ce qui lui arrivoit, figuroit & annonçoit Jefus-Chrift & fon Eglife (2). Ce n'eft donc point ici une simple Histoire; c'est une preuve authentique de notre Religion, & de celle des Juifs. La vraie Religion eft paffée des Hébreux aux Chrétiens, fans interruption & fans milieu : & on n'aura jamais une notion bien diftincte du Chriftianifme , que l'on n'y joigne la connoiffance de l'Hiftoire & de la Religion des Juifs. L'ancienne & la nouvelle Alliance, à le bien prendre, n'en font qu'une dont Jefus-Chrift eft le milieu, le lien & le centre.

C'est ce qui nous a déterminé à donner de fuite toute l'Histoire de l'Ancien & du Nouveau Teftament, depuis le commencement du Monde, jufqu'a a du Temple de Jérufalem par les Romains. Ce dernier événement eft en quelque forte la fin des propheties de l'ancienne Alliance, & la confommation de la Loi & de la Religion, dont Moïse a éré le médiateur &

(1) Auguft. contrà Fauft. 1. 11. c. 17. cujus populi ( Hebræi ) & Regnum & Sacerdotium Prophetia erat venturi Regis & Sacerdotis, adregendos & confervandos fideles.

(2) Idem. lib contrà Fauft. c. 4. Ut non folùm ille, aut ille homo, fed univerfa, ipfa gens, totumque regnum Prophetia fieret Chrifti, Chriftianique regui.

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