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phent de tous les obftacles. Les Romains attaqués en front & par les flancs, fe rangerent de manière à faire face de tous les côtés. Pour affermir leurs pas, ils jetterent bas leurs boucliers & mirent le pied deffus. En cet état ils reçurent les ennemis, & fe battirent contr'eux corps à corps, comme dans une efpèce de lutte. Ils les renverfoient hommes & chevaux; & file Barbare avoit le tems de fe relever, le Romain le faififfoit, & les deux combattans, gliffant l'un & l'autre, ne pouvoient guere éviter de tomber. Mais, de quelque façon qu'ils tombaffent, le Romain ne manquoit pas de pren dre la fupériorité, même lorfqu'il fe trouvoit couché fur le dos, & ayant fon ennemi fur lui, d'un coup de pied lancé avec roideur il le jettoit de l'autre côté ; & fe remettant en pied par un mouvement également agile & vigoureux, il fe portoit enfuite fur le Barbare, & s'en rendoit le maître. Les lazyges, qui ne connoiffoient pas cette façon de combattre, & dont toute la force confiftoit dans l'ufage qu'ils fçavoient faire de leurs chevaux, furent entiérement déconcertés, perdirent courage, & fe laifferent tuer presque fans résistance; en forte que d'un très grand nombre qu'ils étoient, il ne s'en fauva que très-peu. Cette victoire valut aux Romains la foumiffion de la nation entière des lazyges.

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Baudrand dit que les rois de Pologne ayant défait les lazyges, ils fe retirerent au de-là du mont Crapax, entre la Theiffe & le Danube, & ceux-là, ajoûte-t-il, s'appelloient Iazyges Métanaftes. Corneille, d'après Comer & Michovius, nous apprend que les lazyges furent abolis prefqu'entiérement, en 1264, par Boleflas, furnommé le Chafte, roi de Pologne, & en 1282, par Lefcus; [il devoit dire Lefzko, furnommé le Noir, ] & que plufieurs d'entre eux fe retirerent dans la haute Hongrie. Il avoit puifé dans de mauvaifes fources. Baudrand & lui fe trompent; car, dès le tems de Prolémée bien des fiecles avant que la Pologne eût des Rois, les lazyges Métanaftes étoient auprès de la Theiffe & du Danube. Prolémée qui fait pour eux un chapitre exprès, le dit bien formellement. Voici une traduction littérale de ce chapitre.

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» Les Jazyges Métanaftes font » bornés au nord par la partie » de la Sarmatie, que l'on a » expliquée en parlant de l'Eu

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vers le nord. Ce détour eft lazyges & Colchi metereaque turba,

» par les

Longit.

Latit.

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Getæque Danubii mediis vix prohibentur aquis.

Et in Ibim. v. 37.

Pugnabunt Jaculis dum Thraces,
Iazyges arcu;

Dum tepidus Ganges, frigidus
Ifter erit.

Ces Iazyges, dis-je, ne font pas affez déterminés pour décider qui font ceux dont il a voulu parler. L'abbé de Marolles femble croire que ce peuple s'étendoit depuis le Danube, jufqu'aux Palus Méotides; mais, il n'y regardoit pas de fort près. On pourroit croire que le premier diftique cité regarde les lazyges voisins de la Cherfonnèfe Taurique, & que le fecond fe rapporte à ceux qui étoient bornés par le Danube.

IAZYGES BASILIENS, ou ROYAUX, lazyges Bafilii, (a) Γ' άζυγες βασίλειο, peuple de la Sarmatie, au rapport de Strabon. Cet Auteur les joint aux lazyges, voifins du Pont-Euxin. Il est vraisemblable qu'ils ne different point des Bafilifcai, peuple de la Sarmatie Asiatique, felon Ptolémée. Pline les nomme Bafilide,& dit que le Gerrhus ies féparoit des Nomades. Appien

les appelle Σαυροματῶν οἱ βασ λεῖοι, Pomponius Méla avoit dit avant Pline, que les Bafi

(a) Strab. p. 306, Plin. Tom. I. p. 217. Ptolem. L. V. c. 9. Appian. p. 217. Pomp. Mel, p. 95.

Jides & les Nomades font fépa- deux armées demeurerent cam

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IBE, Ibe, (a) ville & principauté d'Espagne, dont parle Tite Live, à l'occafion de Corbis & Orfua, deux Princes, cousins germains, qui fe la difputerent par un duel. IBÉDA, Ibeda, ou felon quelques exemplaires IBIDA, ville de la Scythie, felon Procope. Juftinien en fit réparer les murailles, & fit bâtir au de-là un fort nommé Egifte.

IBÉNIENS, Ibeni , peuple de Lydie, felon Étienne de Byzance, qui les nomme auffi laonites.

IBÉNIENS, Ibeni, peuple de la Gaule, felon le même ; on les appelloit auffi Ibai.

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IBÉRA, Ibera, (b) ville d'Espagne, fituée fur l'Ibérus, felon Tite-Live. Les Romains dit-il, fous l'an de Rome 536, & 216 avant Jefus-Christ, se déterminerent à attaquer la ville la plus opulente en ce tems-là de tout le païs, & à qui le voisinage du fleuve avoit donné le nom d'Ibéra. Dès qu'Afdrubal le fçut, pour faire diverfion en faveur de fes alliés, il alla auffi de fon côté attaquer une ville qui s'étoit rendue depuis peu aux Romains ; ce qui obligea ces derniers de lever le fiege d'Ibéra, & de tourner tous leurs efforts contre Afdrubal lui-même.

Pendant quelques jours, les

(a) Tit. Liv. L. XXVIII. c. 21.

pées à cinq milles l'une de l'autre, fe contentant d'efcarmoucher, fans qu'aucune des deux parût fonger à une affaire générale. Enfin, dans le même jour & prefque dans le même moment, les Généraux des deux partis, comme de concert, donnerent le signal de la bataille, & defcendirent dans la plaine avec toutes leurs forces. Les Romains étoient partagés en trois corps; une partie des foldats armés à la légere étoit placée parmi ceux qui étoient aux premiers rangs; les autres, dans le centre. La cavalerie étoit répandue fur les deux aîles, & les couvroit. Afdrubal mit les Espagnols au corps de bataille, les Carthaginois à l'aîle droite, & les Africains à la gauche, avec les troupes auxiliaires. A l'égard de la cavalerie, il plaça celle des Numides devant l'infanterie des Carthaginois, & le refte devant celle qui étoit compofée d'Africains, fur les deux aîles. Il ne rangea pas tous les Numides à la droite, mais feulement ceux qui traînant deux chevaux à la fois, avoient coûtume dans le plus fort de la mêlée, de fauter tout armés fur le plus frais de deffus celui qui étoit las & haraffé. Telle étoit la légereté des cavaliers. Telle étoit la foupleffe & la docilité des chevaux, pour le prêter à tous leurs

mouvemens.

1 (6) Tit. Liv., L. XXIII, c. 28.

Les Généraux des deux partis, ayant rangé leurs armées dans l'ordre que nous venons de dire, avoient autant de motifs d'efpérer les uns que les autres; car, leurs troupes étoient à peu près égales par rapport à l'efpèce & au nombre des foldats. Mais, les fentimens & les courages étoient bien différens; car, quoique les Romains fiffent la guerre loin de leur patrie, leurs Généraux n'avoient pas laiffé de leur perfuader qu'ils combattoient pour l'Italie & pour la ville de Rome. C'est pourquoi, faisant dépendre leur retour auprès de leurs femmes & de leurs enfans, du fuccès de cette bataille, ils s'étoient déterminés à vaincre, ou à mourir. L'autre parti étoit compofé de gens qui n'avoient pas la même ardeur, ni la même réfolution. La plus grande partie des foldats étoient des Espagnols, qui aimoient mieux être vaincus en Espagne, que d'y vaincre, pour être traînés en Italie. [ L'intention d'Afdrubal étoit de paffer en Italie pour y joindre fon armée à celle d'Annibal. ] Ainfi, ceux qui étoient au corps de bataille, lâcherent pied au premier choc, prefque avant que d'avoir lancé aucun trait. Puis, voyant que les Romains s'avançoient contr'eux avec beaucoup de vigueur, ils prirent ouvertement la fuite. Les deux aîles ne combattirent pas pour cela avec moins de courage; les Carthaginois d'un côté, & les Africains de l'autre,

preffoient leurs ennemis, qu'ils tenoient comme inveftis. Mais, dès que l'infanterie des Romains fe fut avancée toute entière dans le milieu,elle fe trouva en état d'écarter les deux aîles des Carthaginois; & quoiqu'elle eût deux combats à foutenir en même tems, elle fut cependant victorieufe dans l'un & dans l'autre. Car, après avoir défait & mis en fuite ceux qui étoient au centre, elle fe trouva fupérieure en valeur & en nombre à ceux qui reftoient. Il y eut beaucoup de fang répandu dans cette occafion ; & fi les Espagnols n'avoient pas pris la fuite dès le commencement de l'action, ils s'en fût fauvé trèspeu d'une fi grande armée. La cavalerie ne donna point; car, dès que les Maures & les Numides virent que la victoire fe déclaroit pour leurs ennemis par la défaite du corps de ba taille, ils prirent ouvertement la fuite; & faifant marcher les éléphans devant eux, ils laifferent les deux aîles découvertes/ Afdrubal, de fon côté, ayant foutenu le combat jusqu'au bout, fe fauva du milieu du carnage avec un petit nombre de gens. Les Romains s'emparerent de

fon

camp, & le pillerent. Le fuccès de cette bataille affermit dans le parti des Romains ceux des Efpagnols qui auparavant étoient encore partagés entre eux & les Carthaginois; au lieu qu'Afdrubal perdit l'efpérance, non-feulement de pafler en Italie avec fon armée, mais même

même de demeurer en Espagne avec quelque fûreté.

Nous ne connoiffons plus aujourd'hui la fituation de la ville d'lbéra. Quelques-uns ont cru que c'étoit Dertofa; mais, M. Marca a prouvé que cela ne peut pas être. Aviénus, dans fa defcription des côtes de la mer, en vers Latins, parle auffi de cette ville, fi nous croyons Ortélius; mais, on ne trouve dans Aviénus, que le nom d'Herbi; Ortélius lifoit Hibéra.

en

Antoine Auguftin, dans fon troisième Dialogue, lit fur une ancienne médaille Mun. Hubera Setia, par laquelle on entend cette ville.

IBÉRICUM MARE, ou (a) IBERUM MARE. Les Anciens appelloient ainfi la mer d'Espagne. IBÉRIE, Iberia, I'Cupla (b) nom que porta l'Espagne. Il y en a qui croyent que ce païs fut ainfi nommé à caufe de l'Ebre, appellé Iber ou Iberus par les Anciens. Les Romains, dit Strabon, nomment indifféremment toute cette contrée Ibérie & Efpagne, & la divifent en inté. rieure ou citérieure, & extérieure ou ultérieure. On donne d'autres étymologies du mot Ibérie; furquoi voyez l'article d'Espagne, ainfi que l'article fuivant.

IBÉRIE, Iberia, I'vpír, (c) contrée d'Afie, qui étoit fituée entre le Pont-Euxin & la mer Cafpienne.

Ptolémée en marque ainfi les bornes. Elle étoit terminée au nord par une partie de la Sarmatie, à l'orient par l'Albanie, au midi par la grande Arménie, & au couchant par la Colchide. Voici les villes & les bourgs qu'il y met. Nubium ou Lubium, village, Aginna, Vafæda, Varica, Sura, Artaniffa, Meftleta, Zaliffa & Arma.ctica.

L'Ibérie dont nous parlons ici, eft furnommée Asiatique, pour la diftinguer de l'Espagne, qui eft l'iberie d'Europe. Les Éditeurs de Ptolémée fe font étrangement égarés,quand ils ont ajoûté en marge cette remarque ridicule. Iberia Eoa quondam Pana dicta, poftea Spaniamvocat Plutarchus. Ce n'eft pas que Plutarque ait jamais rien dit de pareil; mais, un autre Plutarque, , qui s'appelle le Géographe, parlant de Bacchus, dit qu'il affembla une armée de Pans & de Satyres, & qu'il fubjugua les Indiens. 11 ajoûte qu'ayant foumis l'Ibérie, il laiffa Pan pour y commander; que celui-ci lui donna fon nom, & l'appella Pania, d'où eft venu enfuite le nom de Spatia. II

(a) Plin. T. I. p. 136, 158. 5. L. VI. c. 33. & feq. L. XI. c. 9, (b) Strab p. 166. Plin. T. I. p. 141. 10. L. XII. c. 44, 50. L. XIV. c. 23. (c) Strab. pag. 129, 288, 499. &Crév. Hift, des Emp. T. 1. p. 593, 594. feq. Ptolem. L. V. c. 11. Flin. Tom. 1.Tom. IV. pag. 242, 312, Tom. VI. p. 204, 308, 311, 389. Virg. Georg, pag. 183, 355.

L. III. v. 408. Tacit. Annal. L. IV. c.

Tom. XXII.

C

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