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à quelques bergers de l'Attique, ils s'enivrerent, & croyant qu'il leur avoit fait avaler du poifon le tuerent & le jetterent dans un puits. Une chienne le découvrir à fa fille Erigone, qui fe pendit de défefpoir. Sur cela la pefte ravageant la ville d'Athènes, l'oracle fut confulté, & l'on apprit que Bacchus vengeoit la mort d'Icarius, qui, leur avoir appris à planter la vigne. On chercha les meurtriers, & on les fit mourir. On inftitua même une fête à l'honneur d'Icarius & d'Erigone, pendant laquelle on leur offroit en facrifice du vin & des raifins, pour reconnoître le bien qu'ils leur avoient fait en leur apprenant à cultiver la vigne. On n'en demeura pas-là, & on publia dans la fuite que les dieux les avoient placés dans le ciel, où Icarius formoit la conftellation de Bootès, Erigone le figne de la Vierge, & Méra la chienne d'Icarius, celui du chien ou de la canicule.

Il n'y a rien là d'extraordinaire que l'apothéofe, le refte n'a pas befoin d'explication. Apollodore rapporte qu'Icarius eut de fa femme Péribée, cinq fils, Thoas, Damafippe, Imeufime, Aletès, & Périlaus, & un fille nommée Pénelope, qui fut mariée à Ulyffe.

Icarius, qui s'étoit alors établi à Sparte, où ce mariage fut

(a) Myth. par M. l'Abb. Ban, Tom, VI. p. 93.

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célébré, fit tous fes efforts pour engager fon gendre à demeurer avec lui, mais inutilement. Fruftré de l'efpérance de le fléchir, il tourna fes efforts du côté de fa fille, la conjura de ne point l'abandonner; & au moment qu'il la vit partir de Sparte pour s'embarquer il redoubla fes inftances, & fe mit à fuivre son char. Ulysse laffé enfin de ces importunités, dit à fa femme qu'elle pouvoit opter entre fon pere & fon mari, & qu'il la laiffoit la maîtreffe ou de venir avec lui à Ithaque, ou de retourner avec fon pere. Pénelope rougit à ce difcours, & elle ne répondit qu'en fe couvrant le vifage d'un voile. Icarius qui entendit ce langage muet, la laiffa aller avec fon époux; mais, touché de l'embarras où il l'avoit vue, il confacra une ftatue à la Pudeur, dans l'endroit même où Pénelope avoit mis un voile fur fa tête.

ICAROS, Icaros, I'apos Ικαρος " ifle, la même que celle d'Icarie. Voyez Icarie.

Quelques-uns ont donné ce même nom à l'isle d'Icarium. Voyez Icarium.

ICARTE, Icarte, (a) fille de Calydon, époufa fon coufin Agénor fils de Pleuron & en eut quarre enfans.

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ICCIUS PORTUS. Voyez

Itius.

ICCIUS, Iccius, (b) Rhé

(b) Cæf. de Bell. Gall, L. II. p. 62. & feq.

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mois, d'une illuftre naiffance, jouiffoit d'un grand crédit parmi ceux de fa cité. Il fut un des députés que les Rhémois envoyérent à Céfar pour lui demander fa protection. On lui confia enfuite le commandement de la ville de Bibrax; & les Belges étant venus affiéger cette place, il la défendit avec courage.Preffé cependant par les ennemis, il dépêcha vers Céfar pour l'avertir qu'il ne pouvoit tenir plus long-tems, s'il n'étoit promptement fecouru. Céfar fait partir fur le champ les archers Candiots & Numides, avec les frondeurs des ifles Baléares, fous la conduite de ceux qui étoient venus de fa part. Ce fecours rendit le courage aux uns, & diminua l'espérance des autres, de forte qu'après avoir demeuré-là quelque tems, & tout faccagé aux environs, ils marcherent droit à Céfar même. Mais, ils furent taillés en pièces au premier combat que ce Général leur livra.

ICCIUS [M. ], M. Iccius, (a) ayant été nommé Préteur, obtint la Sicile pour départe

ment.

ICCIUS, Iccius, (b) qu'Ho-. race raille dans une Ode, d'avoir quitté la philofophie pour prendre le parti des armes. » Quoi, lccius, dit notre Poë»te, vous avez donc regardé » d'un œil d'envie l'or des "Arabes? Vous préparez une

(a) Cicer. Philipp. 3. c. 142. (b) Horat. L. 1. Ode 24. v. 1. & feq. L. I. Epift. 12. V. 1. bjeq.

» guerre cruelle aux Rois de » Sabée, jufqu'alors indomptés; » & vous apprêtez des chaînes >> au Parthe belliqueux. Quelle » jeune Barbare, dont vous au» rez fans doute immolé l'a» mant, d deviendra votre ef» clave? Quel jeune Seigneur » inftruit par fon pere à lancer » des fleches garnies de foie, » viendra, les cheveux parfu» més, vous fervir à boire ? >> Niera-t-on déformais que les >> flots qui tombent des rochers, » puiffent y remonter, ou le » Tibre rebrouffer vers fa » fource? Vous quittez pour

la cuiraffe, les livres de Pa»> nétius & toute l'école de >> Socrate.Vous aviez fait con>>cevoir de vous de meilleures » efpérances. >>

Cet lccius étoit un caractère peu décidé, il fut d'abord Philofophe, puis guerrier, enfuite chargé de régir les grands biens qu'Agrippa avoit en Sicile. Au milieu de cette abondance, il retenoit encore quelque chofe de fa philofophie; cependant, il fe plaignoit de fa fortune, ce qui s'accordoit affez mal avec fes principes. Horace dans un autre endroit, badine far ces variations & cette conduite peu fuivie.

ICCUS, Iccus, luxes, (c) dont il eft parlé dans un dialogue de Lucien..

ICELE, Icelos, Icelus, (d) l'un des fils du Sommeil, felon

(c) Lucian. T. I. p. 690.
(d) Ovid. Metam. L. XI. c. 16,

les Poëtes. Ovide dit qu'Icele se revêt à son gré, tantôt de la forme d'une bête brute, tantôt de celle d'un oiseau, tantôt de celle d'un ferpent. Il ajoûte que les Dieux l'appellent Icele, & les hommes Phobétor. Le mot Icele en Grec veut dire femblable, & ce nom convient parfaitemeut à un Dieu qui peut prendre la figure de toutes fortes d'animaux. A l'égard du mot Phobétor, il fignifie en Grec qui fait peur.

ICÉLUS, Icelus, (a) affranchi de Galba. Néron, ayant fait déclarer ce dernier ennemi public, l'an de Jefus Chrift 68, jetta dans une prifon Icélus, qui étoit fon homme de confian

ce,

& qui, en fon absence, avoit l'adminiftration de fes affaires. Icélus ne fut tiré des fers qu'à la rhort de celui qui l'en avoit chargé. Il ne reita dans la ville qu'autant de tems qu'il lui en fallut pour s'affurer de la vérité du fait, & pour voir de fes propres yeux le corps mort de Néron. Il partit fur le champ, faifant une telle diligence, qu'en fept jours il fe rendit de Rome à Clunia, où étoit alors Galba. Il lui apprit que les cohortes Prétoriennes, & à leur exemple le Sénat & le peuple l'avoient proclamé Empereur, du vivant même de Néron; & il l'inftruifit du fort funefte de ce Prince, qui lui laiffoit la place vacante.

(a) Tacit. Hift. L. I. c. 13, 33, 37, 46. L. II. c. 95. Crév. Hift. des Emp.

Icélus fut bien récompenfé de fon voyage. Son patron devenu Empereur lui donna l'anneau d'or, le mit au rang des chevaliers, en le décorant du nom de Martianus, pour couvrir la baffeffe de fa première condition, & il lui laiffa prendre un crédit & une autorité dont cette ame fervile abufa étrangement.

Ce Prince ne faifoit prefque rien fans fon confeil, & fans celui de T. Vinius autrefois fon lieutenant en Efpagne, & de Cornélius Laco, capitaine de fes gardes. Ces trois favoris gouvernoient abfolument Galba; & l'aveugle déférence que cet Empereur avoit pour eux, rendit encore fa conduite plus bizarre & plus odieufe qu'elle n'étoit par elle-même; car un jour il étoit févère, & un autre jour négligent à punir; il condamnoit, fans les entendre, les perfonnes innocentes & d'un rang diftingué, tandis qu'il pardonnoit à des gens d'une baffe naiffance & réellement coupables, parce qu'Icélus Martianus & les deux autres le lui confeilloient ainsi.

Icélus Martianus fe déclara contre Othon; ce qui fut caufe de fa perte. Auffi tôt après la mort de Galba, Othon ne croyant pas devoir obferver le moindre ménagement à l'égard d'un homme qui n'étoit qu'un affranchi, lui fit fubir en pu

Tom. II. pag. 494, 495, 506. T. III. p. 4, 12, 24, 41, 49.

blic le dernier fupplice.

on

ICENIENS, Iceni, (a) peuples de la grande Bretagne. C'étoient à proprement parler, ceux qui habitoient les bords de l'Oufe, que d'autres appellent Iken, Yken, & Ycin, & dans ces quartiers - là trouve des lieux qui confervent encore des traces de l'ancien nom; comme Ikentorp, Ikenworth, Icenild-Street, &c., & la petite rivière qui tombe dans le port d'Oxford, s'appelle Ike.

Il y avoit encore d'autres Icéniens, dans la province de Henton, ou Hampshire, auprès de la rivière d'Iken, nommée aujourd'hui Iching. Cambden donne aux Icéniens le païs voifin des Trinobantes, qui a été enfuite appellé Eaft-Anglie, & il y comprend les païs de Suffolc, Nortfolc, Cambridge, & Huntingtonshire. Il croit que ce font les Ceni-Magni de Céfar. Il dérive le nom d'Iceni du mot Iken, qui dans la langue Brétonne fignifie un coin, parce que leur païs avance dans la mer en forme de coin. I donne ainfi l'Hiftoire de ce peuple.

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Cette nation, dit Tacite étoit puiffante; & même après s'être mife fous la protection des Romains, elle fut inébranlable jusqu'au tems de l'empereur Claude; car, alors le propréteur Oftorius voulant

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établir des forts le long des rivières, & ôter les armes aux Bretons, ils affemblerent des troupes pour s'oppofer à fon deffein; mais, les Romains ayant forcé leurs retranchemens, les vainquirent & en firent un grand carnage. Cette guerre étant affoupie, treize ans après, Prafutagus, roi des Icéniens, voulant prévenir les maiheurs de fa nation ou par d'autres intérêts, inftitua l'empereur Néron pour fon héritier, croyant que cette démarche mettroit fa couronne & fa maifon à couvert de tout évenement fâcheux. Ce fut le contraire. Cela fervit de signal à une funefte guerre; & l'avarice de Séneque, qui entaffa des biens immenfes par fes ufures, acheva de mettre le comble à la mifere des Icéniens. Durant cette guer re, Boudicée, femme de Prafutagus, fit périr quatre-vingt mille hommes, tant des Romains que de leurs alliés, démolit Camaiodunum & Verulamum, mit en déroute la neuvième légion, & força Catus Décianus de prendre la fuite; elle fut enfin vaincue en un combat par Paulinus Suétonius, & confervant toujours une ame invincible, comme dit Tacite, elle se fit mourir par le poifon, comme le rapporte Dion Caffius. Après cela, les anciens Auteurs ne difent plus rien des Icéniens.

(4) Tacit. Annal. L. XII. c. 31, 32. Tom. II. pag. 223, 224, 337 & suivà L. XIV. c. 31. Crév. Hift. des Emp.

Mais, lorfque les Saxons eurent affermi leur Heptarchie, le païs des Icéniens devint le royaume des Anglois Orientaux, qui, à caufe de fa fituation à l'Orient fut appellé Eaft-Angle-Ryk,& eut pour premier Roi, Uffa, dont les fucceffeurs prirent long-tems le nom d'Ufkines. Leur race s'éteignit dansla perfonne de St. Edouard, & les Danois s'emparerent du païs qu'ils ravagerent environ cinquante ans, jufqu'à ce qu'Edouard l'aîné l'ajoûta enfin à fon royaume des Saxons occi

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Ce peuple eft mal nommé Simeni, dans Ptolémée qui n'y connoît qu'une ville nommée Venta.

ICESIUS, Icefius, I'xecios, (a) de Sinope, ville de la Paphlagonie, dans l'Afie mineure, étoit un riche banquier, que Von accufa d'être faux - monnoyeur. Son nom eft illuftre dans l'Hiftoire, parce qu'il fut pere du célebre Diogène, philofophe Cynique.

ICETE, Icetes, xérus, (b) roi des Léontins. Les principaux de Syracufe ne pouvant fouffrir la dure fervitude de

(a) Diog. Laërt. p. 377.

Denys le Tyran, eurent recours à Icete ; & s'étant abandonnés à fa conduite, ils l'avoient élu pour leur général, non qu'il fût en rien meilleur que les tyrans les plus déclarés; mais c'est qu'ils manquoient d'autre reffource, & qu'ils appuyoient au moins leur confiance fur ce qu'il étoit originaire de Syracufe, & qu'il avoit des forces fuffifantes pour faire la guerre au tyran.

En ce tems-là, les Cartha- · ginois étant abordés en Sicile avec une groffe flotte, y avoient déjà fait des progrès très-confidérables, qui avoient enflé leurs efpérances, & augmenté leur avidité. Les Siciliens effrayés réfolurent d'envoyer une ambaffade en Grece pour demander du secours aux Corinthiens. Cependant, Icete, qui fe propofoit pour fin de fon généralat, de fe rendre maître de Syracufe, & nullement de l'affranchir, traitoit fous main avec les Carthaginois, pendant. qu'en public il louoit les fages mefures de Syracufains, & qu'il envoyoit même fes Ambaffadeurs avec les leurs. Ce n'eft pas que fon deffein fûr qu'il vint aucun fecours de Corinthe, mais il efpéroit, comme cela pouvoit fort bien arriver, que, fi les divifions de la Grece donnoient de l'occupation aux Corinthiens, & les réduifoient à la néceffité de refufer ce fecours,

Roll. Hift. Anc. Tom. III. pag. 262.

(b) Plut. Tom. I. pag. 236. & feq. & fuiv.

il

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