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les invalides qu'il avoit dans fon armee, en une ville qu'il appella Italica du nom de l'Italie. Ce n'étoit d'abord qu'un bourg, & elle n'est qualifiée que Municipe fur les médailles frappées fous l'empire d'Augufte. Elle devint enfuite colonie, comme on peut voir dans un paffage où Aulu-Gelle dit que l'empereur Adrien s'étonnoit qu'ayant les droits municipaux, elle follicitât les droits de colonie, puisque les villes municipales étoient préférables à celles qui n'étoient que de fimples colonies.

On a douté quelque tems du nom moderne de cette ville. Alphonfe Ciacconus dit dans l'explication de la colomne Trajane, qu'Italica n'étoit pas loin du bourg d'Alcala Del Rio. Mais, Moralès dit que c'eft Sevilla la Veja; Maty croit que ces deux noms ne fignifient qu'un même lieu. Le P. Briet, Baudrand, le P. Hardouin, & quantité d'autres Sçavans, s'accordent à dire que ce dernier nom eft celui que porte aujourd'hui la ville d'Italica.

Baudrand dit Sevilla-laque Veja a beaucoup de marques d'avoir été une grande ville; qu'elle eft à peine éloignée de quatre milles de Séville; que c'est un petit village fitué fur le Guadalquivir; qu'il demeura inculte jufqu'à l'an 1595; que le village de Santiponce étant

(a) Strab. p. 241.

abandonné par fes habitans, ils vinrent s'établir en ce lieu. Ajoûtez, pourfuit-il, que la campagne des environs eft appellée Los Campos de Taica.

Les Notices d'Efpagne donnent à la ville d'Italica le premier rang après le fiege de Spalis, qui eft aujourd'hui Sé

ville.

ITALICA, Italica, (a) Iránna, ou l'rax, nom qui fut donné à la ville de Corfinium en Italie. Elle fut appellée Italica par quelques peuples d'Italie confédérés pour faire la guerre aux Romains, parce qu'ils avoient choifi cette ville pour être la capitale de leur République. Mais, elle ne porta pas long-tems ce nom; & la guerre étant finie l'an de Rome 664, elle reprit fon ancien nom de Corfinium. Cependant, M. Bayle ne croit point qu'il y ait eu de ville en Italie qui ait porté le nom d'Italica.

On met une ville du nom d'Italica dans l'ifle d'Eubée, au voifinage de Chalcis.

ITALICÉENS, Italicenfes, peuple d'Espagne, ainfi nommé de la ville d'Italica. Voyez Italica.

ITALICUM, Italicum, (b) nom que, Velleius Paterculus donne à la ville de Corfinium. C'eft le même que celui d'Italica, que d'autres lui attribuent.

ITALICUS CLIVUS, nom

1 (6) Vell, Paterc, L. II. c. 16.

d'une montagne, entre les Alpes Cottiennes, felon Ammien Marcellin.

ITALICUS, Italicus, (a) roi des Sueves, fe déclara pour le parti de Vespasien. Le fecours qu'il amena, l'an de Jefus-Chrift 69, fut reçu avec beaucoup de plaifir. Ce Prince, qui avoit déja fait preuve d'une fidélité conftante, combattit courageufement pour la défenfe du parti qu'il avoit embraffé.

ITALIE_Italia, Irania, (b) contrée d'Europe, environnée de tous côtés de la mer, à l'exception de la partie qui eft fituée le long des Alpes. Ainfi, cette contrée forme une véritable prefqu'ifle, qui avoit au nord la mer Adriatique ou la mer Supérieure, au midi la mer Tyrrhène ou la mer Inférieure, & à l'orient la mer Ionienne. L'Ifthme étoit occupé par les Alpes, qui s'éten

dent d'une mer à l'autre.

I. Lofqu'on veut remonter à l'origine des premiers habitans de l'Italie, & fubftituer une opinion fixe aux idées vagues que nous en donnent des traditions fauffes & contradic

(a) Tacit. Hift. L. III. c. 5, 21. Crév. Hift.des Emp. Tom. III. pag. 182, 195.

(b) Plin. T. I. p. 148. & feq. Strab. pag. 209. & feq. Ptolem. L. III. c 1. Pomp. Mel. pag. 123. & feq. Solin. p. 51. & feq. Dionyf. Halicar. L. I. c. I. fen. Diod. Sicul. pag. 217, 449, 450. Thucyd. p 412, 476. Pauf. p. 1. Herodian. p. 243. Virg. Georg. L. II. v. 136. & feq. Corn. Nep. in Alcib. c. in Dion. c. 5. in Amilc. c. 3. in

4.

toires, on fe trouve arrêté par la rareté des monumens & le filence des Écrivains dignes de foi. L'Italie n'a été connue qu'affez tard des Grecs, qui du tems d'Homère n'en débitoient que des fictions. Les ouvrages des écrivains Siciliens, qui fans doute en avoient parlé dans l'hiftoire de leur ifle, ne fubfiftent plus; nous avons même perdu les Origines de Caton, & ce n'eft qu'en réuniffant quelques paffages de Strabon, de Denys d'Halicarnafle & de Pline qu'on peur établir quelque chofe de pofitif fur ces premiers tems.

La difficulté n'a pas rebuté M. Fréret, dont les recherches avoient en partie pour buc d'éclaircir les antiquités des peuples, & de dégager partout l'hiftoire d'avec la fable. Il a recueilli les différens paffages qui contiennent ou des affertions précifes, ou des inductions raisonnables fur la manière dont s'eft peuplée l'Italie; & combinant les conféquences qu'on en peut tirer avec celles qui réfultent de la forme & de la fituation du païs même, il en a conclu que l'Ita

Annib. c. 1. & feq. in T. Pomp. Attic. c. 8. & feq. Juft. L, IV. c. 1. L. XII. c. 1.

feq. L. XX. c. 1. L. XXVII. c. 2. L. XXXI. c. 5. L. XXXVIII. c. 4. L. XLIII. c. 1. L. XLIV. c. 1 Tit. Liv. L. I. c. 2. L. V. C. 33 Roll. Hift. Anc. T. V. p. 491. & fuiv. Hift. Rom. T. 1. p. 3. & fuiv. Tom. II. p. 2. & fuiv. Méin. de l'Acad. des Infcript. & Bell. Lett. Tom. II. pag. 400. de fuiv. Tom. XII. pag. 287. & fuis. Tom. XVI. p. 110, 11. T. XVIII. p. 72, 73. & fxiv.

lie fut d'abord habitée par des nations très-différentes, qui dans la fuite fe confondirent tellement, qu'à l'exception de quelques peuples peu nombreux, elles avoient perdu prefque tous les traits qui caractérifoient leur origine, quoique la tradition en confervât toujours le fouvenir.

L'Italie, comme on l'a déja dit, eft une espèce de prefqu'ifle, baignée de la mer prefque par-tout, fi ce n'est à l'endroit où la chaîne des Alpes Ja joint à l'Europe, en même tems qu'elle la fépare des contrées voisines. Cette chaîne de montagnes qui enferment l'Italie, forme une espèce de croiffant, dont les deux extrêmités vont aboutir, à la mer. Elle n'eft praticable qu'en quelques endroits; & ce ne peut être que par les paffages les plus faciles, que ce pais a reçu fes premiers habitans. Il faut remarquer en effet, 1.° Que les premières peuplades ne fe font point faites par mer; c'eft un principe certain, fondé fur l'ignorance où l'on étoit de la navigation dans les fiecles reculés. 2.° Qu'elles fe faifoient de proche en proche, & par des fauvages deftitués de tous les moyens que l'art & l'expérience ont oppofés depuis aux obftacles mis par la nature à la communication des différens païs.

Les deux paffages les plus courts font aux deux extrêmités de la chaîne des Alpes;

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Nous n'avons point d'époque fixe de l'entrée des premières peuplades en Italie ; & ce n'eft que par des conjectures qu'on peut déterminer à peu près l'ordre dans lequel fe font formés leurs divers établiffemens. Tout ce qu'on est endroit de préfumer, c'eft 1.9 Que comme elles étoient compofées de chaffeurs, tels que font aujourd'hui les peuples du nord de l'Amérique, une nation peu nombreuse occupoit alors une grande étendue de païs; 2.o Qu'elle paffoit d'un canton dans un autre, lorsqu'elle avoit épuifé le premier; 3. Enfin qu'à l'arrivée de nouvelles colonies, les anciennes, au lieu de fe défendre, leur abandonnoient leur terrein pour s'établir au-delà. D'où il résulte que les anciens habitans de l'Italie, ayant d'abord pénétré par les Alpes, fe reculerent infenfiblement vers le midi, & qu'ainfi ce font les peuples de l'extrêmité méridionale, même ceux des illes voisines,

ou

dont les ancêtres ont mis les premiers le pied dans cette région.

C'eft fur ce réfultat que M. Fréret a fondé l'ordre dans lequel il fait entrer en Italie les premieres nations qui la peuplerent. Elles font au nombre de cinq; les Illyriens, les Ibères ou Efpagnols, les Celtes ou Gaulois, les Pélafges ou les Grecs, & les Étrufques. Ces cinq grandes nations forment, pour ainsi dire, autant de claffes, dans lesquelles fe diftribuent tous les peuples particuliers de l'Italie. Ce font cinq colonies principales, à qui l'on doit rapporter toutes les autres branches, dont chaa pouffé des rameaux fans nombre, tous originairement diftingués par leurs tiges, quoique la plupart entre-mêlés dans la fuite les uns aux au

cune

tres.

1.o Nous venons d'obferver, avec M. Fréret, que de tous les paffages des Alpes en Italie, le plus facile eft celui du nord, qui conduit de la Carniole dans le Frioul; ce font les gorges de la montagne appellée par les Anciens, mons Albius, & qui, comme nous l'avons dit, faifoit partie des Alpes Carniques où Juliennes. Selon toute apparence, c'est par cette extrêmité feptentrionale de l'Italie qu'entrerent fes premiers habitans, au plus tard dans le cours du feizième fiecle avant Jesus-Christ ; ils fortoient de l'Illyrie & des païs

voifins. M. Fréret réduit les peuplades Illyriennes à trois nations principales, dont il fuic la marche & diftingue les établiffemens. Les premiers font les Liburni, les feconds fe nommoient Siculi ou Siculiota, les troifièmes Heneti ou Veneti. Chacune de ces peuplades commença par occuper les cantons de l'Italie les plus voifins du païs qu'elle quittoit; enfuite pouffée par la peuplade qui vint après, elle pénétra plus avant vers le midi; enforte que la plus ancienne eft certainement celle dont les defcendans fe retrouvent, dans la fuite des tems, placés à l'extrêmité méridionale de la prefqu'ifle. Suivant cette progreffion, c'eft au fond de la Pouille qu'il faut chercher les premiers habitans de l'Italie. Ainsi, les Liburnes y entrerent d'abord; car, ce font eux dont les colonies occupoient la Pouille, l'Abruzze, & généralement toute cette partie du royaume de Naples & de la Romagne, qui, bornée à l'occident par l'Apennin, à l'orient par le golfe de Venife, s'étend du nord au Sud, depuis Ancone jufqu'au Cap le plus avancé de la terre d'Otrante.

Les Liburnes, fortis de la contrée qui portoit leur nom, & qui répond au païs des Croates, furent donc les premiers qui tarverferent les Alpes. Ils s'établirent d'abord entre ces montagnes & l'Athéfis, aujoud'hui l'Adige, pafferent enfuite de l'autre côté du Pô, & s'é

loignant des plaines marécageufes qui font à l'embouchure de ce fleuve, ils s'étendirent le long de la mer, & furent enfin repouffés vers l'extrêmité de l'Italie, où fe firent leurs principaux établiffemens. M. Fréret diftingue trois branches de ces Liburnes, fixées dans la portion de l'Italie, que les Romains nommoient Apulia, & les Grecs Iapygia. Ce font les Apuli, proprement dits, les Padiculi ou Pædicli & les Calabri.

Ces trois peuples parloient la même langue; dans la fuite ils adopterent la langue Latine, mais fans renoncer à leur ancien jargon; & c'est à caufe de cet alliage qu'Horace les nomme Bilingues. Pline affure des Padiculi qu'ils étoient Illyriens; & les deux autres peuples, n'ayant pas un langage différent, devoient avoir une origine femblable. A l'égard des Calabri en particulier, Strabon place un peuple du même nom dans la Dardanie, voifine de la Macédoine.

Quoique les Liburnes eussent été dans la fuite ainfi renfermés entre la chaîne du mont Gargan & la pointe de l'lapygie, quelques reftes de cette colonie fe maintinrent néanmoins en de cà de cette montagne, au nord & à l'occident. Tels étoient entr'autres les Pratutii du Picénum & les Peligni, habitans du païs qu'on nomme aujourd'hui l'Abruzze. Ces peuples, & particuliérement les

Peligni, dont la capitale étoit Corfinium, quoique mêlés avec les Samnites, conferverent longtems les traces de l'origine Illyrienne, comme Feftus nous en affure.

Les Sicules, originaires des confins de la Dalmatie, vinrent, après les Liburnes, s'établir en Italie. Ces Sicules formoient une nation nombreuse, qui s'empara d'une partie confidérable du païs; ils peuplerent l'Ombrie du milieu, la Sabine, le Latium & tous les cantons dont les peuples ont été connus depuis fous le nom d'Opiques. En comparant quelques paffages d'Hérodote, de Thucydide, de Platon & d'Ariftote, on voit clairement que les noms de Sicules & d'Opiques étoient deux noms généraux, qui comprenoient tout ce qui s'étend depuis le Tibre jufqu'à l'extrêmité orientale de l'Italie, à l'exception de ce qu'en ont occupé les Liburnes. Ces deux noms généraux furent peu

à peu abolis par les ligues particulières des Sabins, des Latins, des Samnites, des Enotri & des Itali qui fe formere. dans la fuite. Les Sicules, qui pafferent en Sicile, font les feuls qui aient confervé leur ancien nom, que cette ifle a reçu d'eux.

Au nord du Pô étoit le troifième peuple fllyrien dont nous avons parlé; ce font les Hénetes ou Vénetes, qui fe conferverent long-tems, fans aucun mêlange avec d'autres nations,

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