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nous l'avons vu dans les variétés décrites, il forme une véritable pierre ponce.

Lorfque nous attaquons avec le feu de nos laboratoires les granits les plus fufibles, nous les faifons couler en émail, mais jamais en une matière semblable à la pierre ponce.

Les Volcans eux-mêmes lorsqu'ils ont élevé dans leurs cratères quelques fragmens de granits qui fe font trouvés exposés à toute la vivacité du feu, les ont fondus, & nous ne voyons pas que ces morceaux ifolés aient aucune espèce de rapport avec les pierres ponces.

Nous devons donc croire qu'il faut des circonftances particulières pour convertir en pierre ponce, le feld-fpath, & le quartz des granits; car il paroît que ces deux fubftances font fuffifantes pour former les pierres ponces, puifqu'on retrouve dans quelquesunes de ces pierres le mica, & quelquefois le Schorl intact.

Toutes les fois donc qu'un granit aura pour base un quartz & un feld-Spath dans les proportions convenables, il pourra en résulter une pierre ponce, fi le feu des Volcans agit fur ces matières comme il a agi fur celles de Lipari & de Vulcano. Mais le

granit n'aura pas feul la propriété de fubir cette métamorphofe, & toutes les pierres & les terres où le quartz se trouvera uni au feld-spath, quoiqu'elles ne foient pas de vrais granits, donneront des résultats femblables dans les mêmes circonftances; le basalte remanié par le feu, pourra peutêtre former lui-même de la pierre ponce; & ne feroit-il pas poffible que les ponces noirs lui duffent leur couleur ? qui fait auffi fi les grès, lorfqu'ils font unis à de la terre calcaire, ainfi que les fchiftes ardoifés, ne produiroient pas les mêmes effets?

Je crois donc que nous n'avons pas encore affez de faits pour pouvoir affirmer pofitivement que les pierres ponces doivent exclufivement leur origine à telle ou à telle fubftance pierreuse.

Mais c'est toujours un très-grand pas de fait, d'avoir reconnu que le quartz & le feld-fpath des granits peuvent paffer à l'état de véritable pierre ponce.

CHAPITRE XV I.

VERRE OU LAITIER DE VOLCAN, PIERRE OBSIDIENNE, PIERRE DE GALLINACE.

Les laitiers qui fe forment dans les Vol

cans font des verres ou des efpèces d'émaux produits par la violence du feu. L'art peut les imiter, car en tenant les laves à un feu capable de les fondre, on en obtient bientôt un verre noir, brillant, & tranchant dans fa caffure; mais lorfqu'on le rompt en éclats minces, & qu'on préfente ces éclats à la lumière d'une bougie, ou d'une lampe, l'on reconnoît que les bords en font demitransparens. Les anciens Péruviens tailloient & poliffoient ce verre noir, pour en faire des espèces de miroirs qu'on trouve dans leurs guaques ou tombeaux. L'on vient depuis peu de tirer parti en France, du bafalte en le convertiffant en verre,

Pon a formé avec ce verre dans les environs de Montpellier une Manufacture de bouteilles qui ont de très-grands avantages fur

les autres.

Les verres des Volcans offrent des variétés, non-feulement dans les couleurs, mais encore dans les formes.

Le verre noir fi abondant au Mont Hecla avoit été nommé improprement agathe d'Iflande, le poli éclatant qu'il eft fufceptible de recevoir, lui avoit fait donner cette dénomination par des gens peu inftruits en hiftoire naturelle.

La même matière abondante dans les Volcans du Pérou, eft nommée fur les lieux pierre de gallinace, à caufe de fa belle couleur noire qui reffemble à celle d'un oifeau que les Indiens nomment gallinazo ou gallinace. Cet oiseau eft le Vultur galline Africana facie, de Sloane.

Il y a tout lieu de croire que la pierre obfidienne de Pline étoit de la nature de l'émail des Volcans.

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L'on trouve du verre volcanique noir dans les Ifles de Lipari, dans celle de Vulcano ainsi qu'au Vefuve; mais il eft en petite quantité dans ce dernier Volcan. I abonde en Iflande; il en exifte dans le

Vicentin, à Aftruni, dans les Volcans éteints du Vivarais où il est assez rare, &c. &c.

Le verre volcanique blanc eft le plus rare. J'en ai trouvé quelques morceaux transparens dans les Volcans éteints du Couérou en Vivarais. M. Stoutz, Officier dans le Régiment de Naffau, m'en a donné deux échantillons de la même espèce adhérens à une lave poreuse, rougeâtre, un peu argilleuse, trouvés à un quart de lieue de la Ville de Francfort parmi les matières volcaniques du côté de Saxenhaufen. Le tems ayant agi fur le verre blanc de ces anciennes laves, l'a irifé, ce qui le rend châtoyant, & le fait reffembler à l'opale.

» Dans un petit nombre d'endroits, ( dit » M. de Troil, Lettres fur l'Iflande) on trouve » de l'agathe d'Islande (c'est-à-dire du verre » de Volcan) blanche, tranfparente, & pref» qu'en forme de cryftal. La bleue eft auffi » très-rare, mais on la trouve en grands » morceaux; on en trouve auffi de la verte, » mais plus groffière, plus poreufe, & ref» semblant à du verre épais de bouteille «<, Lettres fur l'Iflande, trad. Franç. p. 337.

Rien n'eft auffi curieux que le verre volcanique qui fut rejetté autrefois par la bouche à feu qui exiftoit à l'Ifle de l'Afcen

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