les Montagnes du Velai, particulièrement celles des environs de Polignac, m'offrirent un champ fi riche & fi précieux en ce genre, que depuis que j'ai publié un Ouvrage à ce sujet, elles ont été vifitées par des Savans diftingués de prefque toutes les parties de l'Europe.

Mais ces lieux célèbres par de grandes révolutions phyfiques, ne l'étoient pas moins à mes yeux par des monumens d'un autre genre, qui appartiennent à l'Hiftoire ancienne de la France.

Un Auteur du cinquième siècle, Sidoine Apollinaire, fils d'un Préfet des Gaules, nous ayant tranfmis des détails remarquables fur les Antiquités de Polignac, & Gabriel Simeoni, venu exprès d'Italie en 1555, dans l'intention de faire fur ces mêmes monumens, des Recherches qu'il publia peu de tems après, m'avoient

infpiré le défir de voir un lieu auffi digne de curiofité.

J'eus la fatisfaction d'y retrouver la belle tête colossale en granit, de l'Apollon rendant des Oracles, dont parle le Savant Italien, ainfi qu'une Infcription romaine très-intéreЛante.

Des reftes d'Antiquité auffi précieux étant faits pour rendre recommandables ceux qui en font depuis fi long-tems en poffeffion, je défirai de jeter les yeux für l'Hiftoire de votre Maifon; j'y vis une fuite de Guerriers illuftres qui ont alternativement & prefque fans interruption verfé leur fang pour la Patrie, & confacré des talens diftingués aux progrès de la raison, & à l'avancement des connoissances humaines.

Vous marchez, MONSIEUR LEDUC, fur leurs traces, & vous jouirez comme

eux de l'eftimé de la Nation, & de la vénération des Gens de Lettres. C'est pour

commencer à acquitter la dette qu'ils contraceront vis-à-vis de vous, que je prends la liberté de vous adreffer un Livre relatif à la Minéralogie des Volcans; vous y trouverez plufieurs objets rares recueillis dans vos poffeffions. Cet Ouvrage m'a coûté de longs & pénibles travaux; mais j'en fuis amplement dédommagé en vous l'offrant comme une marque de mon refpectueux attachement, ☺

Je fuis,

MONSIEUR LE DUC,

Votre très-humble & très - obéiffant ferviteur

FAVIAS DE SAINT-FOND,

INTRODUCTION.

Le goût des Obfervations & des grands

E

Voyages, nous ayant mis à portée de reconnoître que les Volcans font beaucoup plus multipliés qu'on ne l'avoit cru jufqu'à préfent, & que ceux dont les feux font affoupis ou entièrement éteints, occupent prefque fans interruption des Contrées d'une vafte étendue; dès-lors le Naturalifte n'a pas tardé de reconnoître que ces grands incendies fouterrains doivent néceffairement tenir à de grandes causes.

Mais comme ces convulfions terribles ont abîmé des montagnes & en ont fait reparoître de nouvelles, & que les matériaux variés à l'infini qui entrent dans l'organisation de la terre, ont éprouvé

dans ces circonftances, des bouleversemens qui fe font manifeftés à plufieurs reprises, & qui ont tout jeté néceffairement dans la confufion, il eft réfulté de ce défordre une espèce de cahos fait pour rebuter les Naturalistes, toutes les fois qu'ils ont voulu fe livrer férieufement à cette étude.

Animé par le défir de m'inftruire, je n'ai pas craint de me livrer avec affiduité, pendant plufieurs années, à un travail qui ne m'a présenté long-tems que des épines & qui a exigé de moi beaucoup de voyages, des recherches immenfes, & une collection volcanique des plus étendues.

Cette fuite de faits & de détails relatifs aux produits des feux fouterrains, pouvant former un Ouvrage propre à éviter des peines à ceux qui auroient le goût & le défir de s'occuper des mêmes objets, je me fuis déterminé par ce feul motif à les publier, bien perfuadé d'avance que ceux qui viendront après moi feront beaucoup mieux.

Comme je me propofois de préfenter