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défobéiffance. Le démon ne mérite pas de commander à l'homme; mais l'homme s'étant affujetti au démon, mérite de demeurer dans l'affujettiffement où Prov. 1, il s'eft réduit. Ils mangeront, dit l'Ecriture, des fruits de leur voie, & ils feront raffafiés de leurs confeils: COMEDENT igitur fructus via fua, fuifque confiliis faturabuntur. Ils ont choifi le démon pour roi, ils l'auront éternellement pour

3L.

roi.

VI. Le démon exercera cette domination dans l'autre vie d'une maniere effroyable; car fe montrant alors à découvert aux ames malheureufes qu'il aura trompées & réduites fous fa puiffance il leur fera éprouver toute fa rage & toute fa fureur, & ufera de toute fa force pour les combler de toutes fortes de maux au lieu que la charité de Dieu fatisfera pleinement tous les juftes défirs de fes élus ; le démon mettra fa joie à affliger les réprouvés dans tous leurs défirs. Comme Dieu enivrera les bienheu Pf. 35, reux d'un torrent de délices faintes, le démon enivrera les réprouvés d'un torrent de toutes fortes de maux. Enfin comme le royaume des cieux fera l'empire éternel de la charité de Dieu envers les élus, & des élus envers Dieu, le royaume de la mort & des ténebres fera

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l'empire éternel de la haine & de la rage du démon contre les hommes, & des hommes contre le démon; en forte qu'il demeurera toujours un vrai empire, le démon ayant toujours le pouvoir & la volonté de tourmenter les hommes & les hommes n'ayant aucune force pour lui réfifter, mais feulement celle de le haïr démefurément.

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VII. Mais cet empire du démon s'exerce en cette vie fur les méchans d'une maniere bien différente, & il y eft borné & diverfes caufes. Premiérement, par l'ordre de Dieu, qui ne permet pas au démon d'employer fa force contre fes efclaves felon toute fon étendue; parce qu'elle renverferoit tout l'état de cette vie, & troubleroit les deffeins que Dieu a fur les réprouvés.

Secondement, par la malice & l'artifice même du diable, qui a bien plus pour but en cette vie de rendre les hommes criminels, que de les accabler de miferes * & de maux. Il efpere bien fe dédommager en l'autre vie de tous les ménagemens dont il ufe en celle-ci. Mais comme il fait qu'il n'a de force & d'empire fur eux qu'à proportion qu'ils font coupables, il tâche de les rendre plus coupables, afin de pouvoir les dominer & tourmenter plus cruellement & plus à

fon aife. H prend donc pour l'ordinaire dans cette vie le parti d'exciter & de feconder leurs paffions. Il tâche de leur procurer des richeffes & des plaifirs, & de les faire réuffir dans leurs injuftes deffeins. Il s'applique particuliérement à empêcher qu'ils ne lui échappent, & à éloigner d'eux tout ce qui pourroit les réveilFer de leur affoupiffement. Il emploie toutes fortes d'adreffes & d'artifices pour les retenir dans fes liens. Il les environne de gens qui les louent & qui les autorifent dans leurs déréglemens, qui leur en ôtent le fcrupule, en leur propofant une infinité de mauvais exemples. qui les confirment. Il les amufe & les entretient d'efpérances trompeufes. Il les accable d'emplois, d'occupations, de deffeins, de diverti. nens, qui les empêchent de penfer à eux. Et comme felon les diverfes perfonnes & dans les diverfes circonstances, il a befoin de divers moyens, il fe fert auffi quelquefois des calamités & des maux de la vie pour les accabler de trifteffe, les réduire au défefpoir, & les empêcher, par la multitude de leurs maux, d'avoir le temps de penfer à fe convertir. Enfin, tout lui eft bon pour fe conferver l'empire deceux qu'il tient en fa poffeffion, fe réfervant en l'autre vie de leur faire fentir la dureté de fon joug..

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VIII. Il n'y a rien de fi réel & de fi commun que cet efclavage, puifqu'il comprend tous les méchans, ni rien de plus terrible, puifqu'il eft très facile d'y tomber, & très-difficile d'en fortir. Ce n'est pas néanmoins encore là celui qui eft marqué par l'Apôtre dans l'Epître de ce jour. Il ne parle pas de tous les mé→ chans: il parle de ceux qui appartiennent à la loi & à l'ancien Teftament. Or tous les méchans n'y appartiennent pas. Tous ceux qui font profeffion d'impiété & de libertinage; tous ceux qui font coupables de crimes groffiers & vifibles; tous ceux qui violent ouvertement la loi de Dieu, ne font point de ceux dont parle S. Paul. Ceux qui font donc marqués par l'Apôtre, font des gens qui font profef fion de vertu, qui paroiffent obferva teurs de la loi, & qui font irrépréhenfibles devant les hommes. Il ne leur manque qu'une chofe effentielle : c'eft d'être animés de l'efprit de la charité. Ils pechent dans le principe des actions, & non dans les actions mêmes qui en naissent. Ils ont les paroles des enfans de Dieu; ils en ont les œuvres, mais ils n'en ont pas le cœur ; & ce cœur n'étant pas vifible aux hommes, on ne voit rien en eux qui mérite d'être condamné. C'est un ver qui ronge la racine de leurs œuvres,

& qui leur ôte la vie. Ce fera, fi l'om veut, une vanité fecrete, une jalousie cachée, un intérêt fecret. Ils fubftituent une créature à Dieu, & c'eft ce qui fait leur crime; mais ils le font fi finement, qu'ils trompent, & les autres & eux-mêmes. Il feroit permis d'aimer tout ce qu'ils aiment, de rechercher tout ce qu'ils recherchent, fi on le recherchoit comme des moyens pour aller à Dieu. Leur mal eft qu'ils s'y attachent comme à leur fin, & qu'ils en font le principal objet de leur amour. Enfin, ce font des gens édifians en apparence, & qui paffent non-feulement pour Chrétiens, mais pour les meilleurs d'entre les Chrétiens. Cependant avec tout cela, le feul défaut de cet amour intérieur qui rapporte tout à Dieu, fait qu'ils ne font dans le fond que des efclaves & des enfans de l'ancien Teftament, qui n'ont point de part à la loi Baruch nouvelle; & enfin, des enfans d'Agar 5,23. dont il eft dit qu'ils n'ont qu'une prudence de la terre......& qu'ils ignorent la voie de la vraie fageffe: FILIT Agar, qui exquirunt prudentiam que de terra eft..... viam autem fapientia nefcierunt,

IX. Que cette doctrine de l'Apôtre est terrible! Et à qui ne donne-t-elle point: fujer d'appréhender qu'en mourant, il ne fe trouve du nombre de ces enfans

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