Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'égard de tous ceux dont les crimes ne font pas publics, quoiqu'ils puiffent abufer de l'indulgence qu'on a pour eux, & du foin que l'on a de ménager leur réputation.

AVERTISSEMENT.

On ne trouve pas ici de réflexions particulieres fur le Mardi, le Mercredi, le Vendredi & le Samedi de la SemaineSainte; parce qu'on a traité affez amplement de la Paffion de Jefus-Chrift dans les Penfées fur les Myfteres qui font à la fin du dernier volume.

Ainfi pour remplir ces quatre jours, il n'y a qu'à divifer en quatre parties ce que l'on y trouvera; en lifant, par exemple, pour le Mardi : L'agonie du jardin : La prife de Jefus-Chrift: Le filence de JefusChrift dans fa Paffion : Barabbas préféré à Jefus-Chrift.

Pour le Mercredi : La flagellation de Jefus-Chrift: Le couronnement d'épines: Jefus-Chrift condamné & livré aux GenLils: Le portement de la croix.

Pour le Vendredi : Le crucifiement : Jefus-Chrift élevé fur la croix : La mort de Jefus-Chrift.

Pour le Samedi : La fépulture: La defcente de Jefus-Chrift aux enfers:

SUR L'EVANGILE

DU

JEUDI-SAINT. EVANGILE. S. Jean, 13, 1.

Aant la fête de Pâque, Jesus fa

que fon heure étoit venue de

paffer de ce monde à fon Pere; comme il avoit aimé les fiens qui étoient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin. Et après le fouper, le diable ayant déja mis dans le cœur de Judas, fils de Simon Ifcariote, le deffein de le trahir; Jefus qui favoit que fon Pere lui avoit mis toutes chofes entre les mains, qu'il étoit forti de Dieu, & qu'il s'en retournoit à Dieu, fe leva de table, quitta fes vêtemens, & ayant pris un linge, il le mit autour de lui: puis ayant verfé de l'eau dans un bassin, il commença à laver les pieds de fes difciples, & à les effuyer avec le linge qu'il avoit autour de lui. Il vint donc à Simon-Pierre, qui lui dit : Quoi, Seigneur, vous me laveriez les pieds! Jefus lui répondit : Vous ne favez pas maintenant ce que je fais, mais vous le faurez enfuite. Pierre lui dit: Vous ne me laverez jamais les pieds. Jefus lui revartit: Si je ne vous les laye

yous n'aurez point de part avec moi. Alors Simon-Pierre lui dit: Seigneur, non-feulement les pieds, mais auffi les mains & la tête. Jefus lui dit : Celui qui a déja été lavé, n'a plus befoin que de fe laver les pieds, & il eft pur dans tout le reste : & pour vous auffi vous êtes purs, mais non pas tous; car il favoit qui étoit celui qui devoit le trahir; & c'eft pour cela qu'il dit: Vous n'êtes pas tous purs. Après donc qu'il leur eut lavé les pieds, il reprit fes vêtemens, & s'étant mis à table, il leur dit: Savez-vous ce que je viens de vous faire? Vous m'appellez votre Maître, & votre Seigneur, & vous avez raison, car je le fuis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi qui fuis votre Seigneur & votre Maître, vous devez auffi vous laver les pieds les uns aux autres; car je vous ai donné exemple, afin que penfant à ce que je vous ai fait, vous faffiez auffi de même.

I.

EXPLICATION.

de

Aint Jean, ayant que rapporter comment Jefus-Chrift lava les pieds de fes Apôtres, y prépare l'efprit par cette préface: Sachant que le temps où il devoit quitter le monde & retourner à fon Pere étoit venu, il voulut leur témoigner que les ayant aimés durant fa vie, il les aimoit jufqu'à la fin: Cum dilexif

NS

fet fuos qui erant in mundo, in finem dilexit eos, Or quoique cette marque finguliere d'affection qu'il vouloit leur donner à la fin de fa vie, puiffe s'entendre du préfent ineftimable qu'il leur fit de fon corps & de fon fang dans l'Euchariftie; néanmoins faint Jean se fervant de ces paroles immédiatement avant que de décrire de quelle forte Jefus-Chrift leur lava les pieds, rien n'empêche de les y rapporter, & de confidérer cette action comme une marque illuftre de l'amour conftant de JefusChrift envers les Apôtres & envers les hommes jufqu'à la mort. Ce difcours même de faint Jean nous fait connoître admirablement la nature de la vraie charité ce n'eft point un amour paffager & qui s'efface; c'eft un amour permanent & qui doit toujours durer. Les Chrétiens ne doivent point s'aimer pour un temps. Ils doivent rendre leur affection immortelle & inaltérable. JefusChrift prévoyoit que fes Apôtres l'abandonneroient. C'eft néanmoins peu avant cette chute qu'il leur donne ce témoignage d'affection. Les péchés & les chûtes des Chrétiens ne doivent donc point éteindre notre charité; parce que ces eaux peuvent bien refroidir les affections humaines; mais elles ne peuvent rien fur

la vraie charité, telle que celle dont Jesus-Chrift nous donne l'exemple.

II. Mais en même-temps que JefusChrift nous fait voir la force de la vraie charité, il nous montre auffi en quoi elle confifte. Jesus-Chrift ne s'abaisse aux pieds de fes difciples que pour leur donner l'exemple de s'humilier ainfi les uns à l'égard des autres. Comme il n'avoit rien de plus cher durant fa vie que l'humilité, il fait un dernier effort pour la graver dans leurs efprits & dans leurs cœurs.. Il y emploie non-feulement fes paroles, mais fon exemple, & pratique une action extraordinaire, afin qu'elle fit plus d'impreffion fur eux. C'est le préfent qu'il leur fait, & l'inftruction qu'il leur donne avant que de les quitter; & comme ce qu'il leur avoit recommandé le plus étoit de s'entr'aimer, Hoc Joan. 15, eft præceptum meum, ut diligatis invicem, en y joignant cet exemple d'humilité, il a voulu leur montrer par-là que rien n'eft plus ennemi de la charité que l'orgueil; que c'eft la fource ordinaire des divifions, & qu'ainfi il n'y a point d'autre remede pour les éviter, que de mettre fincérement les autres au-deffus de foi par une vraie humilité, qui nous les fait regarder avec refpect, qui nous fait craindre de les offenfer, qui nous porte

12.

« AnteriorContinuar »