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& qu'il ne faffe point fentir aux autres ? Cela ne s'enfuit nullement ; & toute la vie du Fils de Dieu dément clairement cette imagination. Jamais autorité extérieure comme la fienne ne fut prouvée

& appuyée par des miracles plus vifibles & plus certains; & c'eft ce qui lui donne cette confiance à l'égard des Juifs, de les rappeller fi fouvent à la certitude de fes miracles. J'ai, dit-il, un témoi- Joan. 5, gnage plus grand que celui de Jean; car 36. les œuvres que mon Pere m'a donné pouvoir de faire; les œuvres, dis-je, que je fais, rendent témoignage pour moi que c'eft le Pere qui m'a envoyé.

Les œuvres que je fais au nom'de mon Joan. 10. Pere, dit-il encore en un autre lieu, 25. rendent témoignage de moi.

Elles en rendoient témoignage, & un témoignage évident, extérieur & fenfible, qui n'avoit point befoin de preuves métaphyfiques: cependant elles ne convertiffoient point ces cœurs endurcis ; & c'eft pourquoi il ajoute immédiatement après : Mais pour vous, vous ne ib.v.26. croyez point, parce que vous n'êtes pas de mes brebis.

Il dit dans le même chapitre aux Juifs: Si je ne fais les œuvres de mon Pere, ne Ilid. v. me croyez pas mais fi je les fais, quand 37, 38. vous ne voudriez pas me croire, croyez à

mes œuvres. On ne peut donc nier que le témoignage de fes miracles ne fût cer

tain & évident.

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VII. Il y avoit donc une pleine conviction dans les œuvres de Jefus-Chrift; & Jefus - Chrift annonçant fa doctrine avoit une autorité vifible & extérieure propre à unir les peuples dans une même Religion. Cependant le même JefusChrift prouve, par fon exemple & par fes paroles, que ceux qui l'ont reçu, ne l'ont reçu que par la grace, & par une grace très-forte, qui les faifoit, & entendre, & croire. Ainfi la néceffité de l'autorité extérieure pour réunir les peuples dans un même corps de Religion, n'exclut point la néceffité de la grace, comme il a plu à quelques gens de fe l'imaginer; & la néceffité de la grace n'exclut point la néceffité de l'autorité extérieure & vifible : & cette autorité vifible & extérieure ne s'eft pas feulement rencontrée au temps de Jefus-Chrift; elle a toujours continué depuis. L'autorité visible de l'Eglife a pris la place de l'autorité vifible de Jefus-Chrift. Les Apôtres & les premiers fideles, témoins des actions & de la réfurrection de JefusChrist, en ont rendu un témoignage évident & certain ; & les paroles de Jefus-Chrift, autorifées par tant de mi

racles, ont rendu un témoignage certain à la perpétuité & à l'infaillibilité de fon Eglife. Les miracles faits par les Apôtres & par ceux qui embraffoient la foi, étoient des preuves convaincantes de la doctrine de Jefus-Chrift, qui les avoit prédits, & au nom duquel ils fe faifoient, & de l'autorité de l'Eglife dans laquelle ils fe faifoient. Les fucceffeurs des Apôtres ont eu la même autorité visible & la même certitude dans leur témoignage. Il étoit évident qu'ils enfeignoient ce qu'ils avoient appris, & leur autorité n'étoit point deftituée de beaucoup d'autres preuves certaines. Il en a été de même de l'Eglife dans tous les fiecles: ç'a toujours été une autorité certaine & vifible qui a rendu un témoignage certain de la véritable foi, auquel tous les fideles, & principalement les fimples, ont pu s'attacher; ce qui les a délivrés de ces difcuffions infinies des points de foi dont ils étoient incapables.

VIII. Mais la grace ne fuffit-elle pas pour faire cette union, & pour joindre les fideles dans une même fociété fans autorité visible ? C'eft une question en l'air & tout-à-fait inutile. Il n'est point queftion d'hypothefes chimériques. Il eft queftion des moyens réels dont Dieu s'eft fervis. Il ne s'agit point de ce que

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Dieu peut faire; mais il est question de ce qu'il a fait. Or il eft clair, par l'Evangile même, qu'il a joint ces deux choses dans l'établissement de l'Eglife, l'autorité extérieure, appuyée fur des preuves certaines & évidentes aux plus fimples, & la grace, par laquelle il a foumis les

cœurs à cette autorité extérieure. Ce font les deux moyens qu'il a choifis pour fonder fon Eglife; & l'on ne peut dire fans témérité & fans erreur, que l'un ou l'autre ne fût pas néceffaire. Ainfi tous ceux qui ont voulu les féparer, comme les Pélagiens, qui ont nié la grace, ou les nouveaux hérétiques, qui nient la néceffité de l'autorité extérieure de l'Eglife, font également coupables. S'ils ne comprenoient pas la néceffité de cette union il falloit commencer par la croire ; & cette humble déférence leur auroit fait obtenir l'intelligence de ce qu'ils ne pouvoient comprendre. C'est par ce dégré Jac. 4, que Dieu veut que l'on paffe, parce qu'il communique fa grace & fes lumieres aux humbles, & les refufe aux fuperbes.

6.

IX. Si l'on s'appliquoit avec un efprit d'humilité à la recherche des raifons de cette conduite de Dieu, & qu'on s'éloignât de cette fierté toujours prête à rejetter & à blafphemer ce qu'elle ne comprend pas, on ne feroit pas long-temps

fans en pénétrer les raisons ; mais comme ce n'eft pas le temps de les proposer ici, je n'alléguerai que cette confidération générale. Si d'un côté il a plu à Dieu d'humilier les hommes, en leur propofant à croire des chofes inconcevables à l'efprit humain, quant à la nature des objets; ce qui a fait dire à l'Apôtre, qu'il avoit plu à Dieu de fauver les hom- 1.Cor.1. mes par la folie apparente de ce qu'on leur annonçoit : PLACUIT Deo per ftultitiam pradicationis falvos facere credentes: il n'a pas voulu d'un autre côté déshonorer les Miniftres de fon Eglife, en leur faifant propofer ces chofes inconcevables, fans les accompagner de preuves qui fiffent voir clairement & certainement qu'on doit les croire, quelque inconcevables qu'elles foient; c'eft-à-dire qu'il n'a pas voulu qu'il fût raisonnable de ne point écouter fes Miniftres, comme il l'auroit été fans doute, fi en propofant des chofes qui furpaffent l'efprit humain, ils n'euffent allégué aucunes preuves qui convainquiffent les hommes qu'il étoit juste & raisonnable de

les croire.

Qu'est-ce qui rend la Religion des Mahométans f ridicule ? C'eft que propofant à croire des chofes abfurdes, elle ne les appuie d'aucune raison, d'aucun

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