Il faut que je menage un cruel qui me brave: Sa femme eft fa compagne, & non pas son esclave. Je vais dire encor plus tant de tranquillité, Peut vous faire accuser d'insensibilité. CONSTANCE tendrement. M'en foupçonneriez-vous ? SOPHIE. Non, je vous rends juftice Je fçais que vous fouffrez le plus cruel fupplice; On peut interpréter d'une étrange façon, Au dépit, au mépris, à la haine, au dégoût, Que nous donne un ingrat, quand il nous pouffe à bout. CONSTANCE. Ah! Sophie, épargnez du moins votre victime: SOPHIE. On peut aller plus loin. CONSTANCE. Non, mon Epoux m'eftime SOPHIE. Vous vous contentez là d'un bien foible retour. L'eftime d'un époux doit être de l'amour : Oui, ce fentiment-là renferme tous les autres. Quoi, les hommes ont-ils d'autres droits que les nô tres; Se contenteroient ils de n'être qu'eftimés? Tout perfides qu'ils font, il veulent être aimés. Sur le cœur de Damon prenez plus d'affûrance, Non, la fidélité n'eft pas en leur puiffance. CONSTANCE. Comptez fur fon amour & fur fa probité. Sur les mêmes garans n'aviez-vous pas compté ; SCENE V I, CONSTANCE, SOPHIE, FLORINE FLORINE. Madame, je vous cherche: on vient. CONSTANCE. Que me veut-elle ? FLORINE. Souffrez que je refpire. CONSTANCE CONSTANCE. Eh bien quelle nouvelle ? FLORINE. Tenez, j'en fuis encor dans un enchantement. Venez, vous trouverez dans votre appartement CONSTANCE. Mon Epoux ? FLORIN E. Votre Epoux... lui... la demande eft bonne 3 Eft-ce jamais par là que fon chemin s'adonne ? Il eft vrai que ceci feroit affez nouveau ; Vous logez l'un & l'autre aux deux bouts du Château. CONSTANCE. Florine, fçachez micux refpecter votre Maître. FLORINE. Je me tais. . Mais. SOPHIE. Scachons ce que ce pourroit être. Vous ne devinez pas ?.... C'eft votre habit. CONSTANCE. FLORINE. Comment ? Que l'on vient d'apporter, Madame, il eft charmant CONSTANCE. Cette fille extravague. FLORINE. Ecoutez-moi, de graces Ou plûtôt vénez voir : c'est un habit de chaffe ; CONSTANCE. Mais quelle vifion lui paffe par la tête ;. D'où me vient cet habit? FLORINE. Je ne fçais point cela. CONSTANCE. Je n'ai point commandé cet habillement-là. Ah! ah ! Mais ceci paffe un peu la raillerie. Une galanterie, & qui s'adreffe à moi ? FLORINE. A qui donc voulez-vous qu'on ait fait cet envoi ? CONSTANĊ E après avoir rêvé. à Sophie. Mais n'eft-ce point à vous que ce préfent s'adreffe? Damon, de qui votre Oncle approuve la tendreffe.... SOPHIE avec vivacité. Oui, j'aimerois affez qu'il prît ces libertés. CONSTANCE. Dois-je être plus en butte à des témérités ?... Madame éclate enfin en regrets offenfants. CONSTANCE D'Urval, vous m'étonnez. D'URVAL. On vient de me l'apprendre. Cet éclat, je l'avouë, a lieu de mé furprendre: Je ne l'aurois pas cru malgré tous mes foupçons, Vous m'avez procuré d'affez belles leçons, Qui ne fortiront pas fi-tôt de ma mémoire. A Sophie. CONSTANCE. Je l'avois bien prévû.... Monfieur, pouvez-vous croire.... Hélas! c'eft un excès où je n'ai point de part....... |