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SOPHIE.

J'en fuis la caufe; il faut que je la justifie.
A d'Urval,

Je n'imaginois pas qu'on eût la cruauté,
De joindre l'injuftice à l'infidélité.

D'URVAL à part.

Ce tems n'eft plus.

SOPHIE.

Ingrat.

CONSTANCE..

Epargnez.....

FLORINE.

Point de grace

Ah! pour un moment j'étois en votre place.

SOPHIE.

Sur quel droit pouvez-vous icy vous retrancher ?
Vous voulez empêcher un cœur de s'épancher ;.
Quand vous le rempliffez de fiel & d'amertume,
'Au plus grands des malheurs il faut qu'il s'accoûtume
Et qu'il expire enfin fans pouffer un foupir.

CONSTANCE à Sophie.

Vous me perdez, Madame.

D'URVAL à part.

Il faut lui decouvrir...

SOPHIE.

Frenez-vous en à moi, c'est moi qui me fuis plainte D'URVAL

Vous ?

SOPHIE.

Oui, je fouffrois trop de la voir fi contrainte

Je n'ay pû la laiffer dans un fi trifte état,

Sans faire en dépit d'elle un nécessaire éclat:

J'ay vengé fa vertu.

D'URVAL.

Madame eft bonne amie,

SOPHIE.

De grace, épargnez-nous cette froide ironie.

FLORINE avec vivacité.

Quand même vous feriez encor mieux fon Epoux
C'eft que vous devriez filer un peu plus doux,
Et baifer tous les pas par où Madame pafle ;
Mais vous n'en ferez rien.

CONSTANCE avec fierté.

Florine, je vous chaffe.

Sortez.

FLORINE à Conftance.

Moy?

D'URVAL en ramenant Florine.

Revoquez un arrêt fi cruel,

Cette fille vous aime, il eft bien naturel

A Florine.

Viens, cet avis mérite une autre récompense;
Tiens, prends..

FLORINE en recevant quelques louis.

Je n'ay pas cru vous induire en dépenfe

D'URVAL à Confiance.

Madame, faites grace à fes vivacités.

FLORINE à d'Urval.

Ah! puifque vous payez fi bien vos vérités,
Une autre fois j'aurai le refte de la bourfe.

SOPHIE.

D'Urval la lui donne.

La plaifanterie eft d'une grande reffource.
D'URVAL d'un air plus enjoué.

à Conftance.

C'eft affés.... Sçavez-vous l'étiquette du jour ?
Car il faut amufer ceux qui vous font leur cour.
FLORINE à part.

Oui, c'est bien là dequoi Madame s'embarraffe.
D'URVAL.

Vous avez aujourd'hui le plaifir de la chaffe,
Grande mufique enfuite, & bal toute la nuit.
Ne déconcertez point le plaifir qui vous fuit,.
Madame, on partira lorfque vous ferez prête...
en la regardant.

Vous avez un habit convenable à la Fête.....
CONSTANCE avec embarras.

Monfieur.....

D'URVAL vivement.

Le rendez-vous eft au milieu du bois: De là vous pourrez être au lancer, aux abois, Avec cette caléche & ce double attelage, Dont vous avez refait enfin votre équipage.

Votre Ecuyer laiffoit dépérir votre train:

Même il vous manque encor quelques chevaux de main....

Conftance fe trouble & paroît interdite.

Madame, ce difcours femble vous interdire?
A ces dépenses-là je ne vois rien à dire :
Dépenfez hardiment, & vous aurez raison.
FLORINE à part.

Cet époux a pourtant quelque chofe de bon.
CONSTANCE.

Ce que vous m'apprenez a lieu de me surprendre...4
Il m'eft bien douloureux d'avoir à vous apprendre
Le trop jufte fujet de ma confufion.`

Que je fuis maleureuse!

D'URVAL.

A quelle occafion?

CONSTANCE.

Ah! je n'aurois jamais prévû, lorsque j'y pense,
Que l'on pût avec moi prendre tant de licence.
D'URVAL contre-faisant l'étonné.

Vous parlez de licence: en quoi donc, s'il vous plaît ?
CONSTANCE.

J'ignore abfolument.... je ne fçais ce que c'eft....

En un mot....

D'URVAL.

Achevez.... mais qui vous en empêche?
CONSTANCE.

Cet habit... ces chevaux, avec cette caléche.

Eh bien?

D'URVAL.

CONSTANCE.

S'ils font chez moi....

D'URVAL.

C'est une vérité.

CONSTANCE.

Quelqu'un aura fans doute eu la témérité........

Mais c'eft affez, je crois que vous devez m'entendre
D'URVAL.

Qui, Madame, il n'eft pas difficile à comprendre
Que ce font des préfens, qui vous ont été faits.
CONSTANCE.

J'ignore à qui je dois ces indignes bienfaits.

D'URVAL.

Et vous ne daignez pas chercher à le connoître ?..
FLORINE à part.
'J'aurois déjà tout fait fauter par la fenêtre.

D'URVAL.

Mais fur qui vos foupçons pourroient-ils s'arrêter?

CONSTANCE.

Je laisse dans l'oubli ce qui doit y refter.

D'URVAL à part.

Se peut-il que je fois fi loin de fa pensée ?

CONSTANCE.

Je voudrois ignorer que je fuis offensée.

D'URVAL à part.

N'importe, donnons-lui de violents foupçons.

Hauf

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