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HISTOIRE

ECCLESIASTIQUE.

Par M. FLEURY, Prêtre, Prieur
d'Argenteuil, & Confeffeur du Roi.

TOME PREMIER,

Contenant les deux premiers Siècles.
Nouvelle Edition, revûe fur les premieres Editions
corrigées par l'Auteur,

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Chez

A PARIS,

DESAINT ET SAILLANT.
HERISSANT, rue S. Jacques.
DURAND, rue du Foin.

M. D C C. LVIII.

Avec Approbation & Privilége du Roi.

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NO

PREFACE.

L

Maticre le

E fujet de l'Hiftoire Eccéfiaftique eft de repréfenter la fuite du Hiftoire Chriftianifme, depuis fon éta- Eccléfiaf bliffement. Car la véritable reli- tique. gion a cet avantage, que l'origine en eft certaine & la tradition fuivie jufques à nous, fans aucune interruption. Son origine eft certaine, puifqu'il eft conftant, par le témoignage même des infidéles, que J. C. est venu au monde il y a près de dix-fept cens ans. Nous avons entre les mains fon hiftoire écrite par fes difciples témoins oculaires : nous avons les prophéties qui l'avoient promis fi long-tems auparavant; & nous en fçavons les dates & les auteurs, à remonter jufques à Moyfe, dont les livres font les plus anciens qui foient au monde. Il n'en est pas de même des fables fur lefquelles étoit fondée la religion des Grecs, & des autres anciens payens. Les poetes qui étoient leurs prophétes & leurs théologiens, fe difoient bien en général inftruits par les mufes ou par d'autres divinités, mais ils n'en donnoient aucune preuve : ils n'ofoient même marquer les circonftances des faits merveilleux qu'ils racontoient, ni en citer les témoins. Aucun n'a jamais dit qu'il eût vû Jupiter changé en taureau ou en cigne, Nep

tune fecouant la terre de fon trident, le cha riot du Soleil ou de la Lune. Ce n'étoit que des contes de vieilles & de nourrices, confacrés par un respect aveugle pour l'antiquité, & ornés par les charmes de la poëfie, de la mufique & de la peinture; & comme ces fables s'étoient formées en divers pays & en divers tems, elles étoient pleines d'une infinité de contradictions qu'il étoit impoffible d'accorder. Nous voyons la même chofe dans les Indes & chez tous les idolâtres modernes. Des hiftoires prodigieufes & femblables aux fonges les plus extravagans, avancées fans aucune preuve, fans aucune circonftance de tems ni de lieux, fans aucun rapport à ce que l'on peut connoître d'ailleurs d'hiftoire véritable, fans fuite, fans liaifon avec le préfent.

Il eft vrai que l'on fçait l'origine & la fuite du Mahométifme: mais auffi n'y voit-on rien que de naturel. Un homme hardi, habile & éloquent en fa langue, quoique d'ailleurs trèsignorant, a féduit des ignorans comme lui, fous prétexte de ruiner l'idolatrie décriée depuis plufieurs fiécles, & leur a propcfé une créance fans myfleres & des pratiques conformes à leurs mœurs : il s'eft établi les armes à la main, & a fait des conquites que fes fucceffeurs ont pouffées plus loin il n'y a rien là au-deffus du cours ordinaire des chofes humaines. Ceux qui ont attribué quelques miracles à Mahomet, n'ont écrit que long-tems après, & lui-même, qui doit en the cru, dit pour toute réponse à ceux qui lui demandent des preuves de fa miffion: que Dieu ne l'a pas envoyé pour faire des miracles: & que Moyfe & JESUS en ont assez fait. Au refte nous ne voyons point que cette

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