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paffer. Il n'y a qu'elle qui puiffe faire la réunion de telle plaie que ce foit, & quoiqu'elle agiffe plus lentement dans celles qui fuppurent, que dans celles dont on approche les lèvres pour obtenir la guérifon fans fuppuration; c'est toujours le même fuc nourricier dont elle fe fert. Cela eft fi vrai, que fuppofant une plaie en fuppuration, plaie fimple & dans une partie charnue, s'il étoit poffible d'en approcher exactement les parois après les avoir rafraîchies avec un biftouri bien tranchant, n'en eûton ôté que l'épaiffeur d'une feuille de papier, la réunion s'en feroit dans vingt-quatre heures, fans y donner d'autre foin que de les tenir rapprochées. Ce qui fait le pus, n'eft donc autre chofe que le fuc nourricier qui, fuintant des lévres de la divifion tombe dans le vuide; & fi le Chirurgien ne fait pas toujours de réunions promptes, comme je viens de le dire, c'eft que les différentes circonstances de la maladie ne le permettent pas. Ici la déperdition de fubftance empêche que les lèvres de la divifion'ne puiffent fe toucher. Là il y a au fond de la plaie un corps étranger dont il n'eft pas poffible de faire l'extraction, & que la fuppuration feule peut préfenter à l'embouchure de la plaie. Dans une autre on n'a pu ôter le corps étranger fans fatiguer les lèvres de la plaie, & fes parois ont été mâchées ou déchirées. Tantôt c'eft une plaie contufe, & dont les vaiffeaux à la circonférence font affaiffés les uns fur les autres, ou même rompus; ce

qui fait que le fuc nouricier y eft ou engorgé ou extravafé. D'autres fois la plaie eft accompagnée d'inflammation, & la circonférence tuméfiée nous annonce que le cours des liqueurs y eft intercepté dans la plus grande partie des vaiffeaux, ou du moins rallenti. Si c'eft un abscès qu'on a ouvert, on ne peut, non plus que dans le cas dont je viens de parler, efpérer aucuns fecours des premiers fucs qui fuinteront des embouchures des vaiffeaux ouverts, parce que ces fucs arrêtés à la circonférence, s'y font altérés par leur féjour pendant la formation du pus, fuppofé même qu'ils n'euffent pas déja un degré

d'altération, en conféquence de laquelle l'abfcès s'eft formé.

telle

De ces complications, comme de bien d'autres qui peuvent fe rencontrer dans le traitement des plaies, il réfulte que fouvent on ne peut obtenir la guérison qu'après une fuppuration plus ou moins longue; & s'il eft vrai, comme on ne peut en difconvenir, que par voie que le Chirurgien arrive à la confolidation, ce fera toujours la nature qui la fera, il faut en tirer cette conféquence, que toutes nos attentions dans les panfemens, ne peuvent tendre qu'à l'aider dans fes opérations.

En fuivant cette idée, nous dirons dans la premiere partie de ce Mémoire, comment la Nature fait la régénération des chairs; & dans la feconde, nous tâcherons de répondre à la Question propofée, en difant comment le Chirurgien miniftre de la Nature, peut l'aider ou lui nuire par l'ufage ou par le non-ufage des tentes & autres dilatans.

PREMIERE

JETTON

PARTIE.

De la régénération des chairs.

ETTONS un moment les yeux fur l'economie animale; Il nous fera bien plus facile de fuivre la Nature dans fes opérations, & de la voir travailler à la régénération des chairs qui doivent remplir une plaie.

Tout notre corps n'eft qu'un tiffu de vaiffeaux remplis de quelque liqueur, liés enfemble par un réseau tendineux qui les fixe. Ces vaiffeaux capables d'être dilatés par le volume de la liqueur qui les remplit, font auffi capables de fe refferrer par une vertu élastique qui leur eft propre.

De ces vaiffeaux, les uns que l'on nomme arteres, portent la liqueur du centre à la circonférence; & les autres que l'on nomme veines, la rapportent de la cir

conférence au centre. Le cœur eft ce que je nomme le centre, & je regarde comme circonférence tout point duquel la liqueur qui y a été portée, commence à prendre fa route pour retourner au centre; & comme il n'y a pas un point au corps où la liqueur ne foit portée pour fa nourriture, & dont le résidu ne commence à prendre route vers le centre, il n'y a pas un point qui ne puisse être nommé circonférence.

Nous connoiffons deux liqueurs qui circulent ainfi par tout le corps, fçavoir le fang & la lymphe; le fang dans les arteres & dans les veines fanguines, la lymphe dans les arteres & dans les veines lymphatiques. Le tronc des arteres fanguines part immédiatement du cœur & fe ramifie prefqu'à l'infini, & les arteres lymphatiques partant d'efpace en efpace de toutes les ramifications des arteres fanguines dans leurs progrès, fe fubdivifent auffi pour le répandre par tout.

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Le fang eft une liqueur très compofée, puifqu'au moyen de tous les filtres qui font placés dans différens endroits du corps, tels que font le foie, le pancreas, &c. il s'en fépare bien des liqueurs différentes les unes des autres; ainfi nous ne pouvons en avoir qu'une connoiffance très-imparfaite. Tout ce que nous y appercevons à la vue, foit dans les vaifleaux mêmes, en examinant la circulation avec le microscope, foit hors de fes vaiffeaux dans la palette, paroît n'être qu'un mêlange de férofité, de lymphe & de parties globuleufes de couleur rouge, qui nageant dans ce liquide, femblent destinées à broyer & mêler fans ceffe la portion féreufe & la portion lymphatique, de maniere que les principes qui les compofent, agiffent l'un fur l'autre fuivant les loix qu'ils ont reçues de l'Auteur de la Nature.

S'il eft vrai, comme il y a lieu de le penfer, que c'est cette lymphe qui s'affimile fans ceffe à toutes nos parties pour les faire croître & les nourrir; c'eft elle auffi qui doit faire la réunion de celles dont la continuité a été rompue. La lymphe étant fufceptible d'épaiffiffement y

paroît plus propre que la partie féreufe, qui ne peut prendre aucune confiftance dans la cavité d'une plaie qui fuppure.

Suppofant donc une plaie fimple, récente & faite par un inftrument tranchant, de laquelle on a affujetti les levres de maniere qu'elles fe touchent exactement, & ne puiffent s'éloigner l'une de l'autre, le cours de la liqueur y eft néceffairement arrêté à l'embouchure de chaque petit vaiffeau coupé; alors le fang s'y coagule en forme de caillot dans les arteres fanguines, tandis que ce qui coule par les arteres lymphatiques de l'une & de l'autre lévre, forme à leur embouchure une espece de glu qui les colle enfemble. Cette glu s'épaiffit peu-à-peu par fon féjour, & fuivant les loix du créateur, devient une chair qui s'affermit de plus en plus ; mais une chair dont l'organisation n'eft pas la même que celle des autres parties. Son épaiffiffement n'empêche cependant pas que la férofité qui coule avec la lymphe dans les lymphatiques, & qui fuinte des petites arteres fanguines malgré le caillot, ne fe fraye des routes à travers pour paffer d'une lévre à l'autre où elle eft reçue dans les veines fanguines & dans les lymphatiques pour continuer fon cours. C'eft ainfi que dans les cicatrices, même dans les plus grandes, il y a une circulation, lente à la vérité, mais proportionnée à l'irrégularité de leur organisation.

Suppofant de même une plaie qui fuppure, non de ces fuppurations préparantes qui ne fervent qu'à dégager la circonférence d'une plaie des fucs viciés qui y font infiltrés, mais d'une fuppuration régénérante tendante à cicatrice; c'eft encore la lymphe qui forme les mammelons de chair qui doivent la remplir. Ce fuc nourricier ruiffelle de tous les petits vaiffeaux dans la plaie, parce qu'il n'y a rien qui l'arrête, & c'eft lui qui forme le pus louable, tel que nous fouhaitons de le voir. Il y coule en pure perte pour la plus grande partie ; & delà vient que les grandes fuppurations épuifent les malades. Cependant il ne s'y perd pas tout entier; car la petite por

A

tion qui mouille les embouchures des vaiffeaux, s'y épaiffit & y devient chair en forme de petits mammelons, le plus fouvent fans que l'art y ait aucune part. mefure qu'un mammelon charnu fe forme & qu'il s'allonge, s'il vient à remonter & à toucher quelque mammelon voifin, il s'y unit de la même maniere que le font les lévres d'une plaie récente & que l'on a rapprochée avec attention. Ainfi fucceffivement le vuide fe remplit, & la cicatrice fe forme. Les fecours de la Chirurgie feroient-ils donc inutiles dans tous les cas fimples? Non certainement, ainfi que nous le verrons dans la feconde parcie.

SECONDE PARTIE.

CE n'eft pas feulement dans les opérations de la Chirurgie, faites fuivant les regles de l'Art, que la Nature trouve de puiffans fecours. La conduite dans les panfemens n'eft pas moins effentielle pour la guérifon des malades; & il eft certain que des panfemens irréguliers peuvent rendre inutiles les opérations les mieux faites & nuire à la Nature, autant que des panfemens méthodiques font capables de l'aider. Il est donc très-utile d'en déterminer la méthode. La différence qui fe trouve entre toutes les différentes efpeces de folution de conti

nuité, fait qu'on ne peut donner là-deffus que des régles générales; c'eft au génie du Chirurgien à en faire l'application fuivant les circonstances.

Je pourrois ici parler des différentes altérations des fucs que la maffe du fang viciée peut porter à une plaie, & de la maniere de les corriger; m'étendre fur la vertu des topiques, des baumes, onguens ou autres médicamens dont on fe fert dans les panfemens, fur le bon & le mauvais ufage qu'on peut en faire; mais je pasferois les bornes où me reftreint la Question propofée, laquelle

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