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TRADUC

TIONS

D'OVIDE
EN PROSE

ET EN
VERS

pour cet ouvrage comme on peut le
conclure de ces vers qu'on lit à la fin de
fa traduction.

Icy Ovide qui eft en tous pas faige
En ceft endroit & en ceftuy paffaige
Finift fon livre du remede d'amour
Qu'on doit prifer plus qu'on vit de langaige
Qu'eft tranflaté en Rhétoric langaige
Et en François, en brieftems & féjour :
Fait & finy du mois d'Aouft à ce jour
Le fixiéme, l'an mil cinq cens & neuf;
Lifez le bien, vous le trouverez neuf.

Ce Traducteur n'eft point nommé; ce ne peut être Octavien de S. Gelais, Evêque d'Angoulême, qui étoit mort dès 1502. à moins qu'on ne dife que les vers que je viens de rapporter, font de l'Editeur. L'exemplaire que j'ai vû de cette vieille verfion, dont le langage eft fort barbare, eft un volume in-folio imprimé fur velin, avec des miniatures ou des figures enluminées, felon le goût de ce tems-là. Il eft marqué à la fin que l'impreffion en fut achevée à Paris le quatriéme jour de Février de l'an 1509. pour Antoine Vérard, Marchand Librai Te. J'aime la naïveté avec laquelle l'Auteur s'excufe au commencement,d'avoir fait cette verfion.

Pour ce que
maints aiment fort l'efcriture
Veoir & la lyre, & que plufieurs entendre
Pas bien ne peuvent toute littérature
Ne le latin; combien que je fois tendre
De science, j'ai bien voulu prétendre
De tranflater en Rhétoric langaige
Ce petit livre. Priant d'humble couraige
Tous les lyfans que n'en foys à blafmer,
Ne que mon fait point ne leur femble amer.
Toute la traduction eft du même ftile,
en vers de dix fyllabes, & très-para-
phrafée.

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Vers le milieu du même fiécle, Charles Fontaine, Parifien, traduifit dans la même forme de vers, mais avec affés de naïveté, le premier livre du même ouvrage d'Ovide & le publia en 1555. à la fuite d'un recueil de fes poëfies qu'il intitula, les Ruiffeaux de fontaine. Ce Poëte qui paroît fage dans toutes les piéces de ce recueil, croyoit bonnement que l'ouvrage d'Ovide ne contenoit rien qui pût effaroucher la vertu & nuire à la pudeur.

Lifez-le hardiment, dit-il avec «< affurance, & ne craignez rien: car «<< il n'en peut, ny doit, par raison, « advenir mal, ny au Tranflateur, ny « au Lecteur, comme a fait, & pour- «

TRADU

TIONS

D'OVIDE

EN PROSE

ET EN

VERS.

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TIONS D'OVIDE

EN PROSE

ET EN VERS.

>> roit faire de compofer, traduire ou » lire des livres d'amours, retirans fur » les livres de l'art d'aymer.

Il s'étoit perfuadé qu'Ovide lui-même n'avoit eu pour but que de remédier à l'amour déréglé, & d'apprendre comment on devoit fe conduire pour éviter, finon les atteintes, du moins les effets de cette funefte paffion : c'est ce qui lui fait dire à M. Brinon à qui il adreffe fa traduction :

L'enfant Amour donna jadis licence
De ce livret en vers latins efcrire:
Mais lui volage, & fol dès fon effence,
Son regne ici voit abbattre & deftruire.
Au refte Fontaine appelle premier li-
vre ce qui forme la moitié du livre uni-
que dont l'ouvrage d'Ovide eft compo-
fé. Sa traduction finit au vers trois cens
quatre-vingt-feize, après lequel le Poë-
te latin femble en effet fe repofer pour
entamer enfuite une autre matiere. Auf
fi Fontaine finit-il ainfi fa traduction.

Au pied du mont en laiffant la campaigne,
Mon cheval fue à monter la montaigne:
Autant d'honneur l'Elégie confeffe
Devoir à moi, qui l'extolle fans ceffe,
Et non pas moins qu'à Vergile autentique
Se fent tenu le grant œuvre héroïque.

TIONS

Nicolas Renouard, plus connu depuis par fa traduction des Métamorphofes,ne TRADUC traduifit de même que la premiere par- D'OVIDE tie du poëme du Reméde de l'amour. Cet- EN PROSE te verfion qui eft en profe fort rampante, ET EN & d'un mauvais stile, parut d'abord feu- VERS le en 1612. & depuis l'Auteur la fit réimprimer avec fa traduction des quinze livres des Métamorphofes dont je vais vous parler dans peu.

On liroit plus volontiers deux autres traductions en vers du petit poëme d'Ovide du remede de l'amour, qui ont été publiées depuis quelques années, fi l'on pouvoit confeiller aufli hardiment que Fontaine la lecture de cet ouvrage. La premiere de ces deux traductions fait partie des œuvres diverfes du fieur de Monchefnay imprimées en dernier lieu en 1714. à Rouen, fous le titre d'Amfterdam; l'autre fe trouve dans le premier volume des œu vres mêlées de M. le Chevalier de S. J. c'est-à-dire de Louis Ruftaing de Saint Jorry, Commandeur de l'Ordre de Saint Lazare, & membre de l'Académie de Caën. Ces deux tra ductions ne font proprement qu'une imitation libre du poëme d'Ovide. La feconde l'eft encore plus que la premiere

TRADUC

TIONS

Paffons aux Métamorphofes, qui ont eu un beaucoup plus grand nombre de Traducteurs. De tous les ouEN PROSE Vrages qui nous reftent des anciens Poëtes, il n'y en a point où la matiere VERS. foit plus diverfifiée que dans celui-ci

D'OVIDE

ET EN

& dont l'utilité foit plus connue. Aufsi prefque toutes les nations fe font-elles empreffées à le traduire. Les Grecs mêmes n'ont pas dédaigné de le mettre en vers dans leur langue.

Ovide tira les fujets de fes quinze livres des Métamorphofes, de tous les recuëils de fable, que divers Auteurs avoient faits avant lui : & il paroît par ce qui nous refte des Anciens fur cette matiere, qu'il les a infiniment furpaffés. Au lieu d'un recueil froid, infipide, ou fimplement didactique, il en fit une efpece de poëme, dont l'Univers entier eft la Scene, & qui embraffe tous les tems qui s'étoient écoulés depuis le commencement du monde jufqu'au fiécle où il écrivoit. Que de traits, que de couleurs différentes ne falloit-il pas avoir réunis pour tant de tableaux ! Cependant il les a tous finis, ces tableaux & à la fin de l'ouvrage fon pinceau n'est point affoibli.

Il a plus fait encore: dans des fables

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