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Ce jugement eft un peu différent de TRADUC- celui de M. du Hamel qui voudroit TIONS DE faire regarder cet écrit de Brébeuf LUCAIN. comme une ingénieufe Satyre qui peut égaler ce que l'antiquité nous a laiffé de plus parfait en ce genre, & qui employe quatre pages à en faire le panégyrique.. Mais je vous l'ai déja fait obferver, M. du Hamel est toujours monté fur le tom d'Apologifte. Il n'a pas tort cependant de dire, que l'on voit que le deffein de Brébeuf dans cet écrit, eft de railler ces grands Seigneurs qui « ne fe fépa>> rent jamais de leur fortune; & qui ne

fe regardent jamais qu'avec ces orne» mens & cet attirail qui les fuit; & » d'attaquer ces ames baffes & ces efprits foibles qui s'attachent à leur grandeur, qui les croyent capables » d'amitié, & qui pour une careffe, qui > eft le meilleur & le plus folide falaire

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qu'ils reçoivent de leur liberté, fe ré» duifent dans un efclavage volontai»re. Mais il pouvoit ajoûter qu'une Satyre, de la nature de celle-ci, étoit trop foible pour arracher, ou même pourdiminuer les vices qu'il reprend.

Le vers cent quatre-vingt- trois du troifiéme livre de la Pharfale a toujours mis en peine les plus habiles. Commen

tateurs. Le Poëte faifant le dénombrement de tous les fecours qui venoient à TRADUC

TIONS

Pompée, parle auffi de celui que les LUCAIN.

art. 3

DE

Athéniens lui envoyerent; la maniere dont le Poëte s'exprime, forme la diffi culté. Lucain veut railler les Grecs, & il s'agit de fçavoir fi la raillerie tombe fur les fanfaronades des Athéniens, ou fur les fables de leur hiftoire. Feu M. du Mem. de Tr Tot de Ferrare, Confeiller au Parle- Juill. 1702 ment de Normandie, dans fes pensées fur cet endroit de Lucain, explique ainfi le vers en question & les deux précédens. «Athenes qui fe vante d'avoir «e foumis la Grece & fait trembler la Per- « fe, ne peut fournir qu'un petit nom- ce bre de foldats; & ce foible fecours l'é- «e puife d'hommes. On n'arme pas dans « fon port plus de trois petits vaisleaux. «e Comment après cela les Athéniens « veulent-ils que nous croyons ce qu'ils ce nous content de leur victoire rempor- «e tée près de Salamine fur Xercès & les « mille vaiffeaux? « Voilà, dit-on, la meilleure explication que l'on puiffe donner de ces trois vers du Poëte latin. Le même M.. du Tot croyoit auffi que les louanges outrées que Lucain donne à Néron au commencement de fa Pharfale, n'étoient en foi qu'un

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compliment en apparence, & dans la

TRA DUC réalité une Satyre délicate. Vous pou TIONS DE vez lire fes réfléxions fur ce fujet rapLUCAIN.

portées dans les Mémoires de Trevoux

du mois de Juillet 1702. article troifiéme.

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Dans les mêmes Mémoires du mois de May 1731. on a donné un nouvel examen du vers de Lucain, Victrix caufa Diis placuit, fed victa Catoni: les Dieux font pour Céfar, mais Caton fuit Pompée. Cet écrit eft du feu Pere Buffier, Jéfuite habile. L'Auteur y prend la défense du vers en question & fait voir qu'on ne peut l'attaquer ni en le regardant comme un trait trop fort & trop hardi, ni en accufant Lucain d'impiété. Tout ce que le Poëte veut faire entendre, felon le P. Buffier, c'est que malgré le fuccès dont les Dieux avoient favorifé Céfar, Caton ne laiffa pas de demeurer attaché d'eftime & d'affection à Pompée, dont le parti étoit au fond le plus conforme aux intérêts de la République, & par conféquent au droit de l'équité. Qu'ainfi les paroles de Lucain ne fignifient autre chofe, finon: il a plû aux Dieux de feconder & de protéger le parti de Céfar en lui donnant la victoire: mais il a plû

à Caton de foutenir le parti de Pompée, tout vaincu qu'il étoit, en lui don- TRADUC nant toujours fon approbation, quelque TIONS DE SENEQUE malheureux qu'il fût d'ailleurs.

Ne féparons point l'oncle du neveu, Séneque de Lucain. On croit qu'ils font morts l'un & l'autre la même année. Séneque fut Précepteur de Néron. Poëte & Philofophe, il fe fit une réputation très-brillante. Mais eft il l'Auteur des dix Tragédies qui portent fon nom? Il n'y a pas lieu de le croire, & de bons critiques ne lui en donnent que trois Médée, Hippolyte, & la Troade. On dispute même fur l'Auteur de la derniere, & quelques-uns ne lui attribuent que la Tragédie de Médée. Selon M. de la Monnoye, des dix Tragédies qui pa- Not. fur les roiffent fous le nom de Séneque, Jo- jug. des. Sav. feph Scaliger en attribuë neuf, fondé T. apparemment fur le stile, à Séneque le Philofophe. A l'égard de celle d'Octavie, il la donnoit en 1602. à un Domestique même de cette Princeffe, ami de Séneque ; & en 1607. écrivant à Saumaife, il attribuoit cette Tragédie au Poëte Scova-Mémor.

Les Auteurs de ces pièces, quels qu'ils foient, montrent en beaucoup d'endroits des fentinens fort beaux

de M. Baill

IV.

mais ils font prefque toujours hors du TRADUC- naturel. Leur génie outré ne quitte DF point une pensée, qu'ils ne Kayent SENEQUE. pouffée au-delà de fes bornes, & ils

TIONS

deviennent fatiguans à force de vouloir être merveilleux. Comme c'étoit-là le caractere de Séneque, il n'eft pas étonnant qu'on lui ait fait préfent du plus grand nombre de ces piéces, en exceptant toujours la Tragédie d'Octavie, parce que le tems de la mort de cette Princeffe eft poftérieur au tems de la mort du Poëte. Voyez ce que M. Baillet & M. Rollin disent fur cela, le premier dans fes jugemens des Sçavans fur les Poëtes latins; le fecond dans le tome douziéme de fon hiftoire ancienne. S'ils ne décident point quelles font celles des dix Tragédies que l'on doit attribuer ou ôter à Séneque, c'est que l'on ne peut rien dire de certain fur cette matiere.

Mais pour connoître le goût, le génie, le caractere de la plupart de ces Tragédies, il faut lire les réfléxions judicieufes que le P. Brumoy a eu occafion de faire fur ces piéces dans fon Theâtre des Grecs Vous y trouverez les paralleles de l'Oedipe de Sophocle avec l'Oedipe de Séneque, des Trachi

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