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TRADUCTIONS DE

& coufues enfemble. Après une efpece d'introduction où le sujet eft annoncé, AUSONE. le Poëte décrit le repas des noces, la marche de l'époufe & de l'époux & de leur fuite, & l'offrande des préfens; il entonne enfuite l'Epithalame ou le chant nuptial, après quoi il conduit les deux époux dans leur dans leur appartement, où il fal

de la Fr. t.

A. part. 2.

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loit les laiffer. fans vouloir décrire les fuites de leur union. La derniere partic de ce Centon ou de cette Idylle eft fi lafcive, qu'elle a attiré à l'Auteur les juftes indignations de tous les Ecrivains fages qui en ont parlé.

Le commandement que l'Empereur Valentinien I. avoit fait à Aufone de composer cette piece, n'excufoit nullement l'Auteur d'être entré dans un déHift. litt. tail qui ne peut être trop voilé ; & il est étonnant qu'un Poëte qui faifoit profeffion de la Religion chrétienne, ait pû fe livrer à un excès fi condamnable. Envain Aufone demande-t-il que l'on ne juge point de fes mœurs par fes vers; envain s'efforce-t-il de perfuader que fi fa Muse est un peu licentieufe, fa conduite n'en est pas moins réguliere : de pareilles excuses ne fervent qu'à le rendre plus coupable, puifqu'elles font Woir qu'il n'ignoroit pas que de telles

productions

productions étoient mauvaises, & que

malgré le cri de fa confcience il ne laif- TRADUCfoit pas de les publier.

TIONS DE

Que dire donc de l'Abbé de Marol- AusONE. les, qui n'a pas craint de foüiller sa plume dans de telles infamies? Car quoiqu'il en ait retranché une partie, & qu'il fe foit efforcé de voiler l'autre fous des couleurs moins révoltantes, il n'en a encore que trop confervé & que trop naturellement exprimé : il a traduit en profe ce qui eft en profe dans le Poëte, & en vers ce qui y eft en vers.

Je ne lui ferai pas le même réproche fur fa traduction de l'Amour crucifié : cette Idylle d'Aufone eft une piece ingénieuse, où il m'a paru que la pudeur ne trouvoit rien qui pût la bleffer. Le Poëte y décrit en affez beaux vers une peinture qu'il avoit vûë à Tréves. La fcene du Tableau eft aux Champs Elysées. Les Heroïnes y étoient répréfentées faifant une espece de Fête. Le Peintre intelligent, pour les diftinguer, leur avoit donné à chacune des fymboles propres à les faire reconnoître,

Tandis qu'elles fe divertiffent à fe rappeller leurs anciennes avantures, le fils de Venus vient fe jetter dans le cercle. Elles le faififfent, & fe mettent Tome VI. N

en devoir de lui faire porter la peine de TRADUC leurs fautes. La fiction eft agréable, & TIONS DE la defcription qu'en fait Aulone eft une

AUSONE.

feconde peinture qui n'eft pas moins pleine d'agrémens. Le Poëte a adreffé cette Fable, par une petite Lettre en prose, à un jeune homme nommé Gregoire, qu'il appelle fon fils, peut-être parce qu'il avoit été de fes difciples. Les Auteurs de l'Hiftoire litteraire de la France croyent que ce Gregoire est le même que celui qui a été Préfet des Gaules en 383.

Outre la traduction de cette piece par l'Abbé de Marolles, nous en avons une imitation élegante en vers françois par M. Roy elle fait partie de ses pieces mêlées au tome premier de fes Oeuvres diverfes, imprimées en 1727. in 8°.

Les autres pieces d'Aufone que l'Abbé de Marolles a jugé à propos de traduire en vers françois, font les Cefars, les douze travaux d'Hercule, les fept Sages de la Grece, & les éloges des Mufes. De ces trois pieces, celle des Cefars eft la plus longue. Aufone qui l'adreffe à fon fils Hefperius, y répréfente d'abord en douze vers la fuite des douze Cefars dont Suetone nous a laiffé l'hiftoire. En douze autres vers il trace le tems du

que

AUSONE.

regne de chacun d'eux; & dans les douze derniers il rapporte le genre de TRADUCleur mort. C'est tout ce que l'Abbé de TIONS DE Marolles a traduit de cette piece qui, dans ce qui nous en refte, contient de plus le caractere de tous les Empereurs jufqu'à Heliogabale. Dans la piece des fept Sages, le Poëte caracterise en particulier chacun d'eux par la maxime ces Sages affectionnoient le plus, & fur laquelle étoit appuyé le fondement de leur morale. Mais l'Abbé de Marolles n'en a traduit que le commencement. Long-tems avant lui, Charles Fontaine, Parifien, avoit traduit le même ouvrage en vers au milieu du feiziéme fiécle Je ne vous dis rien des traductions de l'Idylle intitulée, la Rofe ou les Roses: je vous en ai fuffifamment parlé en vous entretenant des opufcules attribués à Virgile.

Je fuis fâché de ne vous offrir prefque que des traductions de l'Abbé de Marolles, pour vous donner l'intelligence de la plupart des pieces d'Aufone dont je viens de vous parler; t'eft vous offrir un flambeau fort peu lumineux. Le bon homme n'a fouvent pas entendu lui-même ce qu'il a voulu rendre intelligible aux autres. Jugez-en par cet

AUSONE.

endroit de l'Amour crucifié, dont le TRADUC Lens partage encore aujourd'huy des criTIONS DE tiques beaucoup plus habiles. Dans prefque toutes les éditions de cette piece on lit ainfi cet endroit où le Poëte avoit répréfenté d'après le Peintre, Semelé décrivant d'une maniere touchante le malheur de fon enfantement précipité, & avancé par la présence de Jupiter armé de fon tonnerre :

Fulmineos Semele decepta puerpera partns
Deflet, & ambuftas latera hæc per inania cunas
Ventilat ignavum fimulati fulminis ignem :

Dans d'autres éditions, & en particulier
dans celle qui a été donnée en 1730,
par les foins de M.l'Abbé Souchay après
ceux de Julien Fleuri, Chanoine de
Chartres, on lit ainfi le fecond vers:

Deflet, & ambuftas lacerans per inania cunas.
L'Abbé de Marolles traduit ainfi :

Sémélé que Junon avoit fi bien déçeuë :
Quand prefte d'accoucher, elle fut dépourveuë
Du fens & de l'efprit qui la pouvoient sauver, `
Y déplore les feux qui la firent crever :
Et fon embrafement encore elle foupire

Par le feu menfonger qui cause son martyre,

Voilà, ce me femble, répandre à pleines mains les tenebres fur un enz

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