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TIONS

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alors beaucoup de réputation. Quelles louanges ne lui donna pas M. de Lin- TRADUCgendes dans fa belle Elégie pour Ovide! D'OVIDE Combien d'autres voix ne s'unirent pas EN PROSE à la fienne pour faire l'éloge de cette TEN verfion! Sur quel ton n'en parle pas l'Auteur anonyme des Stances adreffées à Renouard lui-même, quand il dit entr'autres :

Toutes fois bien qu'Ovide en fes écrits fi doux
Alt parfait un ouvrage admirable fur tous
Chantant des fiécles vieux tant de formes changées :
Néanmoins RFNOUARD par un plus beau deftin
Aux douceurs du François changeant l'air du Latin
Rend de plus de beautés ces merveilles changées.

VERS.,

Cependant tout le mérite de cette traduction tant vantée, & qui a été réimprimée bien des fois, en différentes formes, c'est d'être exempte d'une partie de ces métaphores groffieres & ridicules dont plufieurs Ecrivains fembloient faire leurs délices du tems de Renouard. Du refte, fi la qualité ef fentielle à une bonne traduction des Métamorphofes confifte à représenter avec beaucoup d'exactitude & de netteté le véritable fens du Poëte, celle de cet écrivain ne mérite aucune confidération. Ovide y eft pris fouvent à contre-fens;

Bann. pref.

de fa trad

des Mé.am.

ovde.

on n'entre point dans fon efprit; on le TRADUC- fait languir en le paraphrafant; or D'OVIDE l'eftropie en ne rendant qu'une partie EN PROSE de ce qu'il a voulu dire, ou en rendant

TIONS

ET EN

YERS.

mal & d'un mauvais ftile ce qu'il a dit. On ne présente pas toujours les mêmes images, & on lui en substituë d'autres qui ne font ni auffi riantes, ni aussi belles.

Quoiqu'il ne foit pas queftion du jugement de Paris dans les Métamorphofes d'Ovide comme on étoit accou-tumé à le lire dans le Grand Olympe, on fit un reproche à Renouard de l'avoir omis; pour faire ceffer ce reproche, recueillit de côté & d'autre ce qu'il trouva écrit fur ce fujet, & il en groffit sa traduction..

il

Mais s'il ne prétendoit pas tirer beau+ coup de gloire de cette nouvelle piéce, il fe flatoit au moins qu'on lui fçauroit beaucoup de gré de fes quinze difcours fur les Métamorphofes, contenant l'explication morale des fables: en quoi il fe trompa : Jamais écrit ne fut plus ennuïeux, plus mal digéré, & plus inutile. Si la complaifance pour Son coufin avoit pû l'engager à compofer ces mora lités infipides, l'attention qu'il devoit à fa propre réputation auroit dû le por

ter à n'en point faire part au Public. Le-
goût d'un particulier ne régle point ce-
lui des autres.

TRADU

TIOS

EN PROSE

Thomas Corneille eut raifon de re- D'OVIDE jetter toutes ces moralités comme inu- ET EN tiles, lorfqu'il entreprit de traduire en VERS vers les Métamorphofes d'Ovide, & il fit bien de borner fes foins à nous donner une traduction auffi claire & auffi fidéle qu'il pouvoit la faire. Il ne nous reftoit, comme vous l'avez vû, de cet ouvrage du Poëte latin que des verfions Pref. des d'une poëfie fi ancienne, qu'au moins il piéces choif; étoit, dit-il, affuré que la fienne au- parTh.Corn. roit la grace de la nouveauté. Il ne se trompa pas: mais elle eut quelque chose de plus; elle lui obtint, dit l'Auteur de fon éloge, tout ce qui lui reftoit à préten- El. de Th dre des honneurs de la poësie.

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Corneille ne publia d'abord que la traduction des quatre premiers livres, en 1669. Cet effai fut loué & applaudi Tous les amis de l'Auteur l'en félicite & chacun le preffa de continuer ce qu'il avoit commencé fi heureusement. Il fe rendit; & peu après il donna le cinquiéme & le fixiéme livre qu'il ajoûta aux quatre premiers. Mais la fuite fe fit attendre plus long-tems. Outre que le travail avoit de quoi étonner

d'Ov. trad.

Corn. par M.

de Bozz.

TIONS

VERS.

par fa longueur, & qu'il avoit des difTRADUC- ficultés qui ne pouvoient être furmonD'OVIDE tées que par le tems, lorfque l'ouvrage fut EN PROSE achevé Corneille le garda pendant pluET EN fieurs années, pour être plus en état d'en connoître les défauts, parce qu'on fe pardonne aifément, difoit-il, beaucoup de chofes dans la chaleur de la compofition. C'étoit fuivre à la lettre ce que Vauquelin de la Frefnaye confeilloit autrefois, après Horace, aux Poëtes de fon fiécle:

Art poët. de Vauquel. 1.3. P. 93.

Vous, ô vrai fang Gaulois, reprenez & blâmez
Les vers qui ne font pas affez vûs & limés,
Affez bien repolis, dont la rime tracée
N'a plufieurs fois été refaite & r'effacée :
Et par plus de dix fois corrigez-vous fi bien
Qu'à la perfection il ne manque plus rien.

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Quoique Corneille eût fuivi ces avis beaucoup plus exactement que ceux à qui Vauquelin les donnoit il difoit modeftement qu'un autre auroit fans doute beaucoup mieux imité que lui les graces de l'original, mais qu'il avoit travaillé felon fon foible génie.

Cette traduction complette parut en 1693. en trois volumes in-12. Un des avantages que l'on y trouve, c'est que dans les endroits qui peuvent être ob

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fcurs pour nous & qui ne l'étoient pas

TRADUC

TIONS

ET EN

VERS.

Eloge de Th.

du tems d'Ovide, le Traducteur a ajoûté quelques vers furnuméraires qui ré- D'OVIDE pandent un nouveau jour dans la fable, EN PROSE & en continuent fi bien le fens qu'on a peine à s'appercevoir qu'ils y font ajoûtés. Un autre avantage, eft que ces Corn, par de vers interpolés font imprimés d'un caractere différent; enforte qu'on peut les paffer fans que la liaison naturelle de ce qui précéde & de ce qui fuit, en foit interrompuë. Ainfi le texte eft accompagné de notes pour ceux qui en ont befoin; c'eft une traduction fimple pour les autres, & un agrément particulier pour tous. C'eft, fi l'on veut, un commentaire ingenieux, mais bien placé, court, & qui eft fort éloigné de ces longues paraphrafes qui ôtent à Ovide toute fa force, fon élégance, & fon énergie, comme il étoit arrivé au commencement du dix-feptiéme fiécle au fieur de la Roque, de Clermont en Beauvoifis, dans fes amours de Pyrame & de Tisbé en vers françois, plus imités que traduits, du quatriéme livre des Métamorphofes.

Il n'appartenoit qu'à M. de la Fontaine d'égaler les Poëtes qu'il imitoit en notre langue. Tout acqueroit de la

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