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D'OVIDE

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application férieuse ! & n'allez pas croi

TRADUC- re que cette traduction ait été trop précipitée. L'Abbé de Marolles vous protefte le contraire, parce qu'il favoit prendre autant fur fes femaines & fur fes journées, que beaucoup d'autres en prendroient fur leurs années entieres. C'eft dommage trad. des Fa- qu'il ne nous ait pas laiffé la recette d'un fr rare fecret.

ET EN
VERS.

Pref. de fa

ftes.

Sa traduction parut en 1660. enflée. d'un nombre confiderable de notes où. il a verfé tout ce qu'il favoit des antiquités Romaines, & tout ce qu'il en avoit appris des plus habiles. Commen tateurs des Faftes qu'il dit avoir confultés avec foin. Malgré tout cela, l'on. peut dire que cet ouvrage d'Ovide refte encore à traduire & à éclaircir en notre langue..

M. l'Abbé Lezeau qui avoit entrepris l'un & l'autre, & qui y avoit mieux réuffi que M. de Marolles, en eft de meuré au premier livre. Sa traduction fut imprimée en 1714. avec de nouvelles notes critiques & hiftoriques. C'é toit manquer trop-tôt de courage.

On doit encore plus regretter que le P. de Kervillars, Jefuite, fe foit borné à traduire les Fables choifies extraites des fix livres des Faftes. Une verfion en

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tiere de cet ouvrage faite par une main auffi habile n'auroit pas manqué d'être TRADUCbien reçuë. L'échantillon en est, ce D'OVIDE semble, un sûr garant. Ce dernier fruit de la plume du P. de Kervillars a pa- Er ru au commencement de cette année VERS. 1742. avec le texte d'Ovide, & des notes fur chaque fable, peut-être un peu trop abondantes.

Deux vers du cinquiéme livre de l'ou vrage d'Ovide où il eft parlé de la foumiffion des Parthes a donné lieu à une efpece de difpute entre M. Bafnage & Jean Mafon qui expliquoient différemment ces deux vers. Mais cela me paroît trop peu important pour que je m'y arrête. Vous pouvez lire la défenfe que Maffon a donnée de fon explication : elle eft dans le tome treiziéme de fon

hiftoire critique de la République des Lettres; vous y verrez beaucoup plus de vivacité que le fujet ne le demandoit.

Sav Mai

Les Elégies qu'Ovide compofa pen-Journ, de dant fon exil ont été mieux traduites 1725. que les Faftes, depuis quelques années., Mais ces Elégies ne font pas les oeuvres. de ce Poëte qu'on lit avec plus de fatisfaction, & où l'on trouve plus de fel & d'agrément. Ce font toujours des plain

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tes,

des regrets,

regrets, des foupirs. Le Poëte TRADUC n'y a pour but que d'exciter la compaffion de fes amis, de fléchir Augufte, & de fe procurer un prompt rappel. Sans ceffe il représente fa trifte fituation, fon ennui, fon trouble, fes craintes, fes befoins, les maux qu'il fouffre, l'affoibliffement de fon efprit, le refroidiffement de fon génie, & la perte de fon talent. Tout cela n'eft varié que par une multitude de comparaisons entaffées par quelques complimens pour ceux à qui les Epîtres font adreffées, & par des louanges exceffives d'Augufte, que PAuteur, par une baffeffe extrême traite prefque toujours de Dieu. Ovide

fait voir un coeur abbatu, & peu de Philofophie. Ces Elégies font de deux fortes, mais les unes & les autres ont a-peu-près le même génie & les mêmes caracteres. Ovide donna aux premieres le nom de Triftes, parce que le lieu, le tems, le fujet, tout s'y reffent de la trifteffe de l'Auteur. Les autres font appellées Pontiques, parce qu'il les envoïoit du Pont où il étoit relegué; mais ce font des Lettres plûtôt que des Elégies.

Jean Binard traduifit les premieres en profe au commencement du fiécle dernier, & adreffa en 1625. fa tradu

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ction à Louis XIII. à qui il fait à-peuprès les mêmes complimens qu'Ovide TRADUC faifoit à Augufte. C'eft prefque tout ce que ce Traducteur, qui étoit alors fort jeune, a de commun avec le Poëte. ET Souvent il fait dire à celui-ci, ce qu'il VERS ne dit point, & omet ce qu'il dit en effet. Quel ftile d'ailleurs! Binard en voulant l'embellir ou l'orner, le gâta par des figures auffi mauvaises que l'expreffion est peu élégante & peu châtiée.

On reconnoît beaucoup mieux Ovide dans la traduction des Triftes que le P. de Kervillars, donna en 1723. Plus attentif à bien prendre l'efprit & le génie de fon Auteur, né lui-même avec un meilleur goût, & dans un fiecle plus poli & plus cultivé que celui du fieur Binard, il lui étoit moins difficile de rendre fa traduction affez fidelle & affez élégante pour ne rien perdre des beautés de l'original, & pour fe faire lire avec quelque forte de plaifir.

C'étoit au moins fon intention, puifqu'il nous affure qu'il a pouffé l'ambition jufqu'à ôter à fon ouvrage l'air de traduction, pour lui donner celui d'un ouvrage de premiere main. Je ne crois pas que l'on puiffe blâmer cette ambition en ellemême. Mais on a trouvé que pour la fa

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tisfaire il en coûtoit quelquefois à la fidéTRADUC- lité de l'interprétation ; & qu'il y a quel ques endroits où le fens du Poëte eft manqué. A l'égard du ftile,à quelques affectations près, il est varié & élégant. Mais Ovide qui ennuïe quelquefois par fes répétitions, n'a prefque rien perdu de fon tour asiatique; & le Traducteur paroît trop fouvent le Paraphrafte de fon Auteur. La traduction des Lettres écrites du Pont que le P. de Kervillars publia en 1726. eft dans le même goût : elle a les mêmes beautés, & les mêmes taches.

Ces deux traductions font ornées de préfaces & de notes. Dans la préface fur les Triftes, l'habile Jefuite examine les motifs & les caufes de l'exil d'Ovide principalement d'après Bayle qui s'eft fuffifamment étendu fur ce fujet dans fon Dictionnaire: critique. Jaloux de gagner des partifans au Poëte, il tâche enfuite de perfuader à fes lecteurs, qu'Ovide eft de tous les anciens Poëtes celui qui pense le plus à la maniere françoife. «Tout » ce qu'il exprime, dit-il, quelque fu»jet qu'il manie, pourroit être avoué » de nos Maîtres dans l'art d'écrire; & « je ne fçai à qui cela fait plus d'hon

neur, ou à Ovide de nous avoir pré

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