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TIONS

vec énergie & d'un ftile fort naturel les mauvais effets de l'amour illicite & TRaduc les avantages de l'amour Divin. Dans D'OVIDE des vers qui fuivent l'Epître adrefant à EN PROSE tout lecteur amateur d'amour Divin, l'Au-ET EN teur s'exprime ainsi :

Le tems n'est plus de faire l'afne,
Moins d'adorer quelque Diane
En guerroyant votre repos :
Sages humains faifans de même,
Venez chanter l'honneur fuprême
D'amour divin pour votre los.

Le Poëte auroit-il eu en vûë en cet en-
droit Diane de Poitiers, Ducheffe de
Valentinois, Maîtreffe de Henri II?
Si cela eft, il falloit avoir bien de la

hardieffe pour ne pas dire quelque
chose de plus. Mais il faut croire plû-
tôt que cette piéce de poëfie a précé-
dé le crédit de Diane de Poitiers, &
que la Diane nommée dans ces vers,
est un de ces noms généraux que les
Poëtes employent dans leurs vers, pour
défigner une belle perfonne.

Après cette vieille traduction de l'art d'aimer d'Ovide, je n'en connois point de plus ancienne que celle que le fieur Naffe donna en profe en 1622. tradu tion froide & languiffante, noyée dans

VERS,

TRADUC

TIONS

un amas de longues périphrafes, qui ôte au Poëte toute fa délicateffe, & le déD'OVIDE pouille de prefque tous fes ornemens. Je EN PROSE ne fçai qui étoit cet infipide Ecrivain dont un de ces loüangeurs à gages, fi communs dans ce fiécle, a ofé dire en mauvais vers que toute la France feroit obligée de convenir qu'on ne pouvoit louer affez cette traduction.

ET EN
VERS.

Quoique celle que le Préfident Nicolle a faite en vers du premier livre feulement du même ouvrage, foit plus connuë, je ne vois pas qu'elle foit beaucoup plus eftimée. C'est une paraphrase extrêmement diffufe, & nullement une traduction exacte. Ovide exprime en deux vers ce qui en coûte jufqu'à dix ou douze au fieur Nicole : auffi bâille-t-on en le lifant.

Je doute que ceux qui fe plaisent à la lecture de ces fortes d'ouvrages, foient plus fatisfaits d'une autre traduction en vers des trois livres de l'art d'aimer, imprimée en 1696. Pour moi elle m'a paru fort ennuïeufe. C'eft tantôt une paraphrase, tantôt un fimple précis de l'ou

vrage
du Poëte latin. Le Traducteur a
pris le ftile fententieux ; & ce qui eft en
recit dans Ovide, il le traduit ordinaire-
ment en forme de maximes. Celui qui

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TRADJO

TIONS

VERS.

a fait l'avertiffement fous le nom du Libraire prétend que l'Auteur conçoit affez bien la pensée d'Ovide, mais qu'il 'OVIDE eft à bout quand la ftérilité ou plûtôt la dé- EN PROSE licateffe de notre langue ne peut pas fui- ET EN vre toute la hauteur & la fublimité de celle de l'original. Voilà du verbiage, & rien de plus. Il excufe encore le Traducteur fur ce qu'il a travaillé, dit-il, fans commentaire, & fur une édition fautive de 1605. Mais puifqu'il vouloit traduire cet ouvrage d'Ovide, que ne choififfoit-il une édition plus exacte ?

Au refte, ce Traducteur qui ne s'est point nommé, eft beaucoup moins excufable d'avoir exprimé en termes trèslicentieux ce qui ne l'eft déja que trop dans l'original, furtout, s'il eft vrai, comme il le dit, qu'il n'avoit fait cette traduction que pour fatisfaire aux défirs d'une Dame qui la lui avoit demandée. Je fuis furpris qu'il n'ait pas auffi fait l'éloge de la vertu de cette Dame fi empreffée à connoître des maximes qui offenfent la pudeur. Quant à ce qu'il ajoûte, qu'il ne comptoit point que fon ouvrage feroit publié, qu'il avoit demandé le fecret, & qu'il n'a été imprimé que fur une copie échappée, tout cela n'eft qu'un langage trivial qui n'en

TRADUC

TIONS

D'OVIDE

ET EN

VERS.

impose à perfonne, & que l'on n'emploïe que pour couvrir, autant qu'on le peut, la honte de s'être occupé à EN PROSE de pareils écrits. Notre anonyme promettoit aufli une traduction du livre du Reméde d'amour : j'ignore fi elle a été imprimée. A la fin de celle de l'art d'aimer on trouve un Catalogue alphabétique des noms employés dans ce livre, où P'Auteur explique principalement la fable, & fupplée à ce qu'il a retranché de ces endroits mythologiques dans sa. traduction. La verfion du même poëme, qui eft en vers françois parmi les œuvres diverfes du fieur D... ( c'està-dire de M. de Lofme de Monchef. nay) n'eft encore qu'une imitation affez imparfaite de l'ouvrage du Poëte latin.

Chant vi.

Quelque mauvaife opinion que je vienne de vous donner de l'art d'aimer d'Ovide, je conviens cependant qu'on y trouve quelquefois des maximes fort judicieufes & dont on peut profiter: ce qui a fait dire à M. Racine dans fon excellent poëme de la Religion :

La régle de nos mœurs, cette loi fi rigide
Eft écrite partout, & même dans Ovide.

Le mal eft qu'on ne peut prefque, fans

fe foüiller

D'OVIDE

tirer cet or précieux des ouvrages d'Ovide, & en particulier TRADUC de fon art d'aimer. Un des beaux en- TIONS droits de ce poëme, eft l'éloge des EN PROSE Poëtes, que M. Prépetit de Grammont ET EN a traduit en vers françois. Ovide y don- VERS ne à l'art de la poëfie des louanges qui fui font dûës: mais ne prononce-t-il pas lui-même fa condamnation, lorsqu'il dit au même endroit, felon la traduc ction de M. de Grammont:

Les Poëtes jamais ne furent des trompeurs ;'
Leur bel art contribue à la bonté des mœurs.
⚫ Des honneurs & de l'or, que l'avarice entasse,
La foif n'altere point un Héros du Parnasse :
Loin des bruits du Barreau fon plus charmant plaifir,
C'eft d'employer aux vers un paifible loisir.

En nous habite un Dieu : par nous le Ciel s'exprime;
Et c'eft du Ciel que vient l'efprit qui nous anime,

Ovide ne dément pas moins ces belles maximes dans fon livre du remede det l'amour. C'est un remede en effet qui n'est pas fans poifon : c'est un nouvel art que le Poëte employe, plus pour enflammer les paffions que pour les éteindre, quoique dans ce qu'il dit, on trouve quelquefois d'excellens préceptes. L'ancien Traducteur de ce livre en vers françois femble en convenir, malgré fon affection. Ay

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