BIBLIOTHEQUE FRANÇOISE, O U HISTOIRE DE LA LITTERATURE FRANÇOISE, SUITE DE LA CINQUIE' ME PARTIE, Ou fuite des Traductions Françoises des anciens Poëtes Latins. SUITE DU CHAPITRE XIII. Des Traductions d'Ovide en Profe¿ & en Vers. VIDE peu content de louer l'amour & fes effets dans les Ecrits dont je viens de vous parler, voulut encore enseil'art d'aimer & d'être aimé. C'està-dire, felon la réfléxion de Bayle gner TRADUC qu'on ne foupçonnera point de morale TIONS trop rigide, que le Poëte réduifit en D'OVIDE fyftême la fcience la plus pernicieuse, EN PROSE & qui n'a jamais eu befoin de préceptes. ET ΕΝ VERS. Il avoit plus de quarante ans, lorfqu'il mit ce fyftême au jour. Son livre caufa bien du ravage parmi la jeuneffe Romaine. Il ne fervit qu'à y allumer un feu qui fans être excité, n'occasionne de lui-même que trop de défordres; Epitre de Ovide à fes lecteurs apprend l'art d'allumer M. Rac. à M.de Valinc. Des feux, déja fans lui trop prompts à s'en» flammer. On ne peut lui refufer la louange d'avoir propofé au commencement de cer ouvrage, & d'y avoir fuivi en effet une divifion fort réguliere & fort méthodique : & c'est peut-être ce qui contribuë encore à le rendre plus dangereux. de Heureusement nous en avons peu traductions en notre langue. J'en ai vû une envers françois, imprimée dès le com mencement du feiziéme fiécle, avec plufieurs autres piéces traduites ou compofées apparemment par le même Auteur: car elles paroiffent toutes à-peuprès du même ftile. Du Verdier dans fa Bibliothéque attribue toutes ces piéces à Albin des Avenelles, Chanoine de Soiffons, qui vivoit dans le même TIONS fiécle. Il en cite une édition chez Etien- TRADUCne Groulleau en 1548. in 8. J'en ai vû D'OVIDE deux autres plus anciennes, toutes deux EN PROSE fans datte. ET EN VERS. L'une est un petit in 4. en cara&teres gothiques. On m'en a communiqué deux exemplaires. Dans l'un il est dit que l'ouvrage a été imprimé à Genève, & l'autre, qui lui eft femblable, n'indique aucun lieu d'impreffion. La feconde édition eft in-16. & imprimée à Paris. Les caracteres dont on s'eft fervi pour cette édition font Romains. La premiere est moins ample; elle ne contient que l'art d'aimer d'Ovide: Le chief d'amours, & les fept arts libéraux; & le nom de l'Auteur n'y paroît nulle part. Dans l'édition in-16. qui eft plus ample de plufieurs piéces, l'Auteur y est nommé Aaftre Albin des Avenelles. Mais ce nom ne se trouve qu'à la tête de la traduction du Remede d'amours compofé en latin par Æneas Sylvius, depuis PaVoyez An. fous le nom de Pie II. C'est la Let- Sylv. opera. P. 607. edit. tre cent fixiéme de ce Pape écrite avant de Bafle 151. fon Poutificat à Nicolas de Wrtenburg. in-fol. pe La traduction de l'art d'aimer eft en vers de huit fyllabes, fans l'alternative des rimes masculines & féminines. L'ou TIONS D'OVIDE vrage du Poëte latin eft divifé en trois TRADUC- livres le Traducteur n'a point obfervé cette divifion, & fa verfion n'est proEN PROSE prement qu'un abregé de l'ouvrage d'OET EN vide. Dans une autre piéce qu'il intiVERS. tule Le chief d'amours, & qui eft rem plie de préceptes qui fentent trop le libertinage, l'Auteur employe plufieurs pages à couvrir fon nom, & celui de fon Iris feinte ou réelle, fous quantité d'énigmes inintelligibles, & qui forment un langage auffi barbare qu'extra vagant. Vers la fin de la même piéce, qui dans l'édition in-16. a pour titre : La clef d'amours, on apprend que cet écrit a été fait en 1509. Efcript en l'an mil cinq cens La clef d'amour eft fuivie des fept arts |