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M. DE

SCUDE

RY.

cinquante ans. Cette conteftation fut portée devant M. le Cardinal de Noailles, qui la décida en faveur de la Paroiffe, où elle fut enterrée le lendemain.

Plufieurs Sçavans du Royaume honorerent fa mort d'Epitaphes, d'Oraifons funebres, & de diffe rentes pieces de vers & de profe; mais aucune ne nous inftruit plus de ce qui la regarde, que fon Eloge dreffé par M. Bofquillon, quoique le ftile de Panegyriste y regne trop. Voici le caractere qu'il fait de cette illuftre fille.

» Elle avoit raffemblé en elle feu» le toutes les vertus, tous les ta» lens, & tous les differens mérités » des deux fexes; un cœur droit & » généreux, une ame grande & » ferme, un efprit vafte & folide, » capable des plus grandes chofes, in & qui fçavoit defcendre, fans -» s'avilir, jufqu'aux plus petites. » La douceur, la bonté, la modef»tie, la patience, la charité ne » lui coutoient rien à pratiquer. Sa foi étoit éclairée, mais fimple & » docile, fa pieté fans fafte, &

fans

دو

"fans foibleffe. Elle avoit une faM. DE »cilité extrême à reüffir à tout ce SCUDE qu'elle entreprenoit ; un goût ex-R Y. » quis; une éloquence naturelle; » une politeffe charmante ; une connoiffance exacte de tous les devoirs qu'elle rempliffoit fans peine & » fans embaras; un fçavoir acquis » par le feul motif d'occuper utile >>ment fon efprit, & de perfectio»ner fa raifon; une attention par»ticuliere à le cacher, pour ne choquer ni l'amour propre des » autres, ni les bienfeances. Toû» jours difpofée à faire plaifir, en

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nemie de la médifance & des mé » difans; jufte dans fes choix, fure » dans fon commerce, fincere, dif»crete, & judicieufe, vraye en » tout & toûjours égale, elle fai

foit fouhaiter à tout le monde fa » connoiffance & fon amitié. Inca>pable de changement comme de » foibleffe, fes amis n'étoient ja

mais plus affurez de fonbcoeur » que quand ils étoient malheureux. Elle trouvoit alors des reffources > infinies pour les fervir rien ne >> lui paroiffoit difficile ou impofTome XV.

M

R Y.

M. DE» fible; rien ne lui coutoit; autant SCUDE-» élevée au-deffus d'elle-même par » la bonté de fon cœur, qu'elle étoit au-deffus des autres par la >> grandeur de fon efprit & de fes » vûës.

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M. Pelliffon étoit l'ami du cœur de Mademoiselle de Scudery; & on apprend dans le Menagiana (a) qu'elle ne put un jour s'empêcher de lui déclarer la paffion qu'elle avoit pour lui par ces vers qu'elle fit fur le champ.

Enfin Acanthe il faut fe rendre
Votre efprit a charmé le mien ;
Je vous fais Citoyen du Tendre,
Mais de grace n'en dites rien.

.M. Pelliffon y répondit par d'au-
tres vers qu'il fit aufft für le champ;
M. Sarafin & quelques autres beaux
efprits en firent encore fur le même
fujet ce qui fit donner à ce jour-là
le nom de la Journée des Madrigaux.

Les qualitez de l'efprit que Pon admiroit dans tous les deux ont été apparemment la veritable caufe de -4(a) Tome 2. p. 33 Ir

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l'inclination qu'ils avoient l'un pour M. DE l'autre. D'autres cependant l'ont SCUDEété chercher dans leur laideur; car R Y. ils n'avoient rien à fe reprocher de ce côté-là, & fi l'on a dit de M. Pelliffon qu'il abufoit du privilege que les hommes ont d'être laids, la laideur de Mademoiselle de Scuder lui a fait appliquer par Defpreaux dans fes Heros de Roman la defcription de Tifiphone; & a donné occafion à ces vers.

La figure de Pelliffon

Eft une figure effroyable;

Mais quoique ce vilain garçon

Soit plus laid qu'un finge & qu'un
diable,

Sapho lui trouve des appas;
Mais je ne m'en étonne pas,
Car chacun aime fon femblable.

Cette Sçavante y a fait elle-même allufion dans ces jolis vers "qu'elle compofa fur fon portrait, que Nan teuil avoit tiré en pastel.

Nanteuil en faisant mon image,
A de fon Art divin fignalé le pouvoir ;

M. DE Je hais mes yeux dans mon miroir, SCUDE- Je les aime dans fon Ouvrage.

RY.

Au refte ceux qui étoient touchez des belles qualitez de fon efprit ne faifoient point d'attention à cela; & les agrémens de fa converfation les empêchoit de reflechir fur le peu qu'il y en avoit dans fa figure. Ces belles qualitez lui ont mérité le nom de Sapho, qu'on lui a donné de fon temps, & qui fe trouve dans tous les Eloges dont on a honoré fa

mémoire.

Catalogue de fes Ouvrages.

1. Ibrahim, ou Pilluftre Baffa. Paris 1652. in 8°. 4. vol. Reimprimé quelquefois depuis ; It. traduit en Italien, & imprimé en cette langue à Venife en 1684. en 2. vol. in-12. Madeleine de Scudery ne voulant pas paroître dans le monde en qualité d'Auteur, mit à la tête de cet Ouvrage, & des trois fuivans le nom de fon frere ; ce qui a trompé M. Pelliffon & plufieurs autres, qui les ont attribué à George de Scudery.

encore

2. Femmes illuftres, ou les Haranques Heroïques, Paris 1665. in-12. 2.

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