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que

il

Berenger d'Entença avoit ce jourANDRONIC quitté les logis dès l'aurore pour proII. ET fiter de la fraîcheur du matin. MalMICHEL, heureusement elle arriva SON FILS. que l'arriereAn. 1303. garde de Rocafort n'avoit point ercore levé le piquet. Rocafort, voyant les troupes de fon rival fi près des fiennes, crut ou feignit de croire Berenger d'Entença avoit formé contre lui quelque mauvais deffein: ne confultant que fa haine, & fans daigner prendre aucun éclairciffement, monte à cheval, fe met à la tête de sa cavalerie, & charge avec furie les gens de Berenger d'Entença, qui de leur côté fe défendent vigoureusement. Berenger accourt auffi-tôt, fe jetre dans la mêlée, criant aux foldats de quitter les armes. Mais il paya de fa vie cette confiance téméraire. Gilbert frere de Rocafort & Dalmau de SaintMartin fon parent, s'imaginent qu'il vient pour exciter les fiens au combat, ou plutôt ils font bien-aifes de faifir cette occafion pour fe délivrer d'un homme qui depuis long-tems leur faifoit ombrage; ils fondent fur lui & le percent de leurs lances. La mort

II. ET

de ce feigneur ne fit encore qu'ani-
mer davantage les combattans. Les ANDRONIC
Arragonois, malgré leur bravoure, MICHEL
furent les plus maltraités. Les Almo- SON FILS.
gavares, les Turcs & les Turcopules An. 1308.
en tuerent un grand nombre, & le
carnage auroit encore été plus affreux,
fi Rocafort, qui craignoit pour
la perfonne de l'Infant Don Fer-
dinand, n'eût fait enfin retirer les
gens. Lorfque la tranquillité fut an
peu rétablie, & que chacun eut rejoint
fes drapeaux, l'Infant fe transporta à
l'endroit où Berenger d'Entença avoit
été tué; il le tint affez long-tems
embraffé, verfa des larmes fur fes
froides dépouilles, & fixant Roca-
fort qui n'avoit pu fe difpenfer de
l'accompagner, il dit d'un ton de voix
courroucé, que la mort de ce brave
chevalier ne pouvoit partir que de la
main de quelques traitres. Rocafort
lui répondit d'un air révérencieux

le malheur de Berenger avoit été l'effet d'une méprife; que fi fon frere & fon oncle l'euffent reconnu, loin d'attenter à fa vie, ils feroient morts eux-mêmes pour le défendre. L'Infans

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I I. ET

SON FILS.

fut obligé de fe contenter de cette ANDRONIC excufe. L'armée refta pendant deux MICHEL, jours dans ce lieu, pour y célébrer les funérailles de Berenger, & de ceux qui avoient péri avec lui. Son corps fut déposé avec tous les honneurs militaires dans un hermitage dédié à S. Nicolas.

An. 1398.

IV. Ximenès d'A

dronic.

Monc. c. 52.

Après cette étrange cataftrophe Xirenos fe retire menès d'Arenos forma une troifieme auprès d'An- fois la réfolution de fe féparer des Catalans. Malgré les inftances que lui fit l'Infant pour l'engager à ne pas quitter les compatriotes, il prit la route de Conftantinople, & alla trouver l'Empereur à qui il avoit envoyé demander un afile & du fervice dans

fes troupes. Andronic oubliant fans doute le dernier trait de perfidie qu'il avoit à lui reprocher, le reçut avec de grandes marques d'amitié. Pour lui donner un gage de fa bienveillance, & l'attacher irrévocablement à fes intérêts, il lui fit époufer Théodora une de fes nieces, & de plus il lui conféra le titre de grand Duc, dont avoient été revêtus d'abord Roger & enfuite Berenger d'Entença.

Cependant l'Infant demanda de nouveau à l'armée Catalane fi elle ANDRONIC vouloit enfin le reconnoître comme MICHEL, lieutenant de Frédéric fon coufin. SON FILS.

que

II. ET

V.

dinand &

Catalans.

Monc. c. 53

On lui fit la même réponse que la An. 1308. premiere fois & d'un ton encore plus L'Infant Fer décidé. Alors perdant toute efpérance Muntaner fe de réuffir dans fa négociation, il s'em- feparent des barque fur fes galeres & fait voile Munt. c. 233. pour l'ile de Thafe, fituée à fix milles Zurit. Ann. Arag. p. 1. 1. du lieu où campoient alors les Ca-6.5 talans. Il y arriva prefque auffi-tôt Muntaner qu'il inftruifit du malheur de Berenger d'Entença, & du combat qui s'étoit livré entre les troupes Catalanes; il lui ordonna en mêmetems au nom du roi Frédéric de ne pas le quitter. Muntaner indigné contre Rocafort, ne fit aucune difficulté d'obéir à la fommation de l'Infant; mais il lui demanda la permiffion d'aller rendre fes comptes aux troupes de terre & remettre aux foldats leurs femmes, leurs enfans & leurs effets. Muntaner, s'étant approché avec toute fa flotte du lieu où l'armée Catalane avoit établi fon camp, y débarqua ceux qui defirerent rejoindre Ferdi

I I. ET

nand Ximenès d'Arenos. On leur ANDRONIC fournit cinquante chariots & une efMICHEL, Corte pour les conduire à l'endroit SON FILS. de leur deftination. Quant à ceux qui An. 1308. ne voulurent ni refter avec Rocafort, ni fe réunir à Ferdinand Ximenès, on leur permit dè paffer dans l'ile de Negrepont. Muntaner requit enfuite qu'on affemblât le Confeil général, & après avoir rendu les regiftres les titres & le fceau de l'armée; il annonça qu'il lui étoit impoffible de ne pas fuivre l'infant; il déplora la destinée de Berenger d'Entença; il s'exprima avec beaucoup de force contre les traitres qui avoient fait périr cet illuftre chevalier, &

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mis Ferdinand Ximenès dans la néceffité de s'aller jeter entre les bras des Grecs; puis il fe retira avec l'air de l'indignation. Toutes les troupes firent ce qu'elles purent pour le rctenir; les Turcs & les Turcopules fe diftinguerent par leur empreffement, & mirent tout en œuvre pour qu'il ne les abandonnât pas. Il avoit gagné leur affection par fes manieres affables, de forte qu'ils ne l'appelloient

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