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L'Impératrice Irene qui depuis pluANDRONIC fieurs années vivoit à Theffalonique MICHEL, féparée de fon mari, alloit de tems en tems à Drama jolie ville de TheffaAn, 117. lie, pour y diffiper l'ennui qui l'accaMort de bloit fouvent au milieu de fa Cour. Impératrice Dans un voyage qu'elle y fit cette Nic. Gr. 1. 7. année, elle fut attaquée d'une fievre ar

SON FILS.

XXXIV.

Irene.

6. 12.

dente qui l'emporta en peu de jours. Simonide fa fille, femme du Crâle de Servie, vint lui rendre les derniers devoirs. On célébra fes funérailles avec toute la pompe qui convenoit à fon rang. Son corps fut conduit à Conftantinople pour y être inhumé dans le monaftere du Pantocrator, ou Toutpuiffant. Irene fut peu regrettée, fi ce n'eft de ceux dont la fortune dépendoit de fon exiftence. Cette femme altiere & ambitieufe eut le défaut ordinaire de toutes les belles-meres; elle aima fes propres enfans au préjudice de ceux du premier lit. Quoique ce fentiment de préférence foit affez dans la nature, cependant il ne fe pardonne point. Il étoit encore moins excefable dans la perfonne d'Irene. Tel eft le fort des femmes des Souverains

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qu'elles ont toujours de plus grands facrifices à faire que celles du com- ANDRONIC mun des citoyens. C'eft un crime pour MICHEL, elles d'avoir des intérêts féparés de soN FILS. ceux du prince qui les a admifès dans la An. 1317. couche, & de lanation qui les a adoptées. Irene ne fut pas affez convaincue de ce principe. Elle intrigua & cabala même contre la tranquillité de l'Etat ; elle regarda l'Empire comme un pays qu'elle avoit le droit de mettre à contribution. Elle épuifa les finances pour fatisfaire à fon infatiable cupidité, à fon luxe, à fa magnificence, à fes largeffes inconfidérées, & même pour enrichir des étrangers. Quand l'hiftoire n'auroit point d'autres reproches à lui faire, les tréfors immenfes qui, malgré fes profufions, fe trouverent après la mort dans fes coffres, ne dépos feroient que trop contre fa mémoire. C'étoit le fang & les pleurs de fes fujets, qu'elle laiffoit en héritage à fes enfans: trifte & funefte fucceflion! Toutes fes richeffes, dont fans doute fa mort précipitée ne lui avoit pas permis de difpofer, furent remifes à l'Empereur. Il en diftribua la plus grande

partie aux enfans que cette princeffe ANDRONIC lui avoit donnés. Le reile fut employé à réparer plufieurs édifices publics qui

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SON FILS menaçoient ruine.

An. 1317.
XXXV.

Edifices pu

7. C. 12.

Nic. Greg.

Les murs de Conftantinople furent relevés. On rétablit plufieurs églifes de blics réparés cette capitale, & entr'autres le temple Nic. Greg. 1. de fainte Sophie. On reftaura auffi la Boiv. nota in colonne de Juftinien, qui faifoit l'ornement de la place fituée devant cette fuperbe églife, & qu'un ouragan avoit fort endommagée. Conformément aux ordres d'Andronic, on conftruifit un efcalier en charpente qui fit alors l'admiration des connoiffeurs; en ferpentant autour de la colonne, il s'élevoit jufqu'au fommet. Les ouvriers prépofés à ce travail, examinant de près la ftatue, s'apperçurent que le fer qui en foutenoit le cheval, étoit rongé par la rouille, & qu'il y avoit à craindre que tout ne vint à manquer bientôt. On donna donc à la ftatue des appuis plus sûrs. On redora le globe que la figure de l'Empereur Juftinien tenoit à la main; on lui mit fur la tête une autre couronne à la place de la premiere qui étoit tombée; enfin

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on boucha tous les trous, toutes les crevaffes qui de haut en bas défigu- ANDRONIC roient la colonne, par un effet de la MICHEL, cupidité deftructive des Latins, qui SON FILS. dans le tems qu'ils étoient maîtres de An. 1317 Conftantinople, en avoient arrachés

les ornemens de bronze avec leurs attaches. Enfin on la recouvrit dans toute fon étendue d'un enduit trèspoli, & en même-tems fort folide. Quoique l'économie préfidât à ces travaux, ils coûterent cependant des fommes confidérables. Cette dépenfe feroit inexcufable, fi elle n'eût été commandée par une néceffité impérieuse: l'épuisement des finances, la mifere des peuples & les befoins publics ne permettoient guere d'employer alors beaucoup d'argent en bâtimens. Au refte l'hiftorien de qui nous tenons ces détails, loue Andronic d'avoir mieux aimé entretenir en bon état les anciens édifices élevés par fes prédéceffeurs, qu'en faire de nouveaux qu'il n'auroit eu ni le tems, ni les moyens d'achever. C'eft un reproche de moins à lui faire. Il fut plus fage que beaucoup d'autres Empereurs, qui poffédés de la paffion Dy

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SON FILS.

Enfance &

du jeune An

de bâtir, avoient enfeveli fous les ANDRONIC fondemens de leurs faftueufes conftructions la fubfiftance des peuples MICHEL, & en avoient en quelque forte cimenté An. 1318. les pierres du fang de leurs fujets. XXXVI. De tous ceux qui compofoient la inclinations nombreuse famille de l'Empereur, il n'y avoit perfonne pour qui il se fût Nic. Greg. 1. fenti plus d'affection que pour fon petitPhrantz, l. 1. fils, à qui il avoit donné fon nom. Il l'avoit fait élever fous fes yeux, vouloit qu'il fût fans ceffe à fes côtés il aimoit à le voir, il contemploit avec une forte de complaifance la beauté de fes traits, la nobleffe & les graces

dronic.

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il

de tout fon extérieur. Il étoit enchanté de la vivacité de fon efprit, de la douceur de fon caractere, & de mille autres qualités aimables qu'il voyoit briller dans cet augufte enfant, & que fans doute fa tendreffe paternelle exagéroit encore. Mais cette jeune plante qui donnoit de fi belles efpérances, ne put résister aux malignes influences de la Cour. Lorfqu'Andronic eut atteint cet âge où le germe des paffions commence à fe dévelop .per, une foule de jeunes feigneurs li

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