Imágenes de páginas
PDF
EPUB

il retenoit l'abbaye de faint Maurice & d'autres gran- An. 865. des terres. Aprés fa mort, Thietberge revint chercher la protection du roy Charles, qui lui donna l'abbaye d'Avenay au diocéfe de Reims. Aprés donc qu'elle eut été ramenée à Lothaire, Arsene retourna à fa cour, & douze comtes jurerent au nom du roy, Nic.epift.58.p. qu'il la garderoit deformais & la traiteroit comme fa femme legitime: fous peine d'excommunication en cette vie & de damnation en l'autre. Le roy ordonna aufli àValdrade d'aller à Rome rendre compte de fa conduite.

Lothaire vint enfuite à Attigni renouveller l'alliance avec fon oncle Charles. Arfene y revint aussi & publia une lettre du pape pleine de maledictions terribles, contre ceux qui quelques années auparavant avoient pris au même Arfene une fomme confiderable, à moins qu'ils n'en fiffent reftitution. Il y publia de nouveau l'excommunication d'Ingeltrude femme de Bofon. Il rentra au nom du pape en poffeffion de la terre de Vandoeuvre, que l'empereur Loüis debonnaire avoit donnée à faint Pierre, & qu'un comte nominé Guy avoit occupé pendant plufieurs années. Arfene ayant ainfi obtenu du roy Charles tout ce qu'il avoit charge de lui demander: retourna à Gondreville & attendit quelques jours Valdrade, qu'il devoit mener en Italie: puis le jour de l'Affomption de la fainte Vierge, il celebra la meffe où Lothaire & Thietberge affifterent en habit royal & la couronne fur la tête.

Il partit avec Valdrade, & alla en Allemagne & en Baviere, pour le recouvrement des patrimoines

453. E.

Ann. Mett.866.

de faint Pierre, fituez en ces païs-là. En paffant à An. 865. Vormes, où il étoit venu trouver le roy Loüis, Ingeltrude fe prefenta à lui, & s'engagea par un ferment terrible de le fuivre à Rome & d'accomplir tout ce que le pape ordonneroit. Mais l'ayant fuivi jufques au Danube, elle dit, qu'elle alloit trouver un parent pour avoir des chevaux, & qu'elle rejoindroit le legat à Ausbourg: au lieu de quoi, elle reTom. 8. conc. p. tourna en France. Arfene l'ayant appris, envoya une lettre à tous les évêques de Gaule & de Germanie, portant défenses au nom du pape, de recevoir cette femme dans leurs diocéfes ; & ordre de la dénoncer excommuniée, fans s'arrêter à l'absolution qu'elle pourroit montrer de sa part. Valdrade ne tint pas mieux fa parole qu'Ingeltrude, & n'alla point non plus à Rome; & tel fut le fuccés de la legation d'Arfene.

493.

à

XLI.

Michel.

A

Cependant le pape Nicolas fe preparoit à envoyer L'emperer des legats à C.P. avec une lettre à l'empereur MiNic. epift.s. chel, pleine de douceur paternelle & de charité; qui étoit déja prête, quand Michel, protofpathaire de Epift.9.p.346.4 l'empereur arriva à Rome, pendant la treiziéme indiction, c'est-à-dire l'an 865. apportant une lettre de fon maître, remplie d'injures & de menaces contre le pape, s'il ne revoquoit le jugement prononcé contre Photius. Cette lettre obligea le pape à changer de style;& il en envoya une autre par le même officier, pendant l'indiction quatorziéme ; c'est-à-dire, Ep. 70. p.479.A. à la fin de la même année 865. où il reprend & refute tout le contenu de la lettre de l'empereur.

[ocr errors]

Epift. s Au lieu qu'elle commençoit par des injures, celle

du

An. 865.

du pape commence par des prieres; afin que Dicu lui infpire ce qu'il doit dire en cette occasion, & donne à l'empereur la docilité, pour en profiter. Il reprefente le refpect dû au facerdoce, & dit : Dans les vicaires de faint Pierre, vous ne devez pas regar- p. 295. C. der quels y font, mais ce qu'ils font pour la correction des églises & pour vôtre falut: car vous ne direz pas qu'ils foient au deffous des fcribes & des pharifiens, à qui le feigneur vouloit qu'on obeît, parce Matth.xx111.44 qu'ils étoient affis fur la chaire de Moife. Vous dites p. 209. que depuis le fixiéme concile, aucun de nos predeceffeurs n'a reçu un honncur pareil à celui que vous nous avez fait de nous écrire. C'eft à la honte de vos predeceffeurs, d'avoir été tant d'années fans chercher le remede aux diverfes herefies, dont ils ont été affligez, ou de l'avoir rejetté, quand nous le leur avons offert. Il est vrai que depuis ce temps-là il y a eu trespeu d'empereurs catholiques, & les heretiques favoient que nous ne pouvions avoir de commerce avec eux; quand ils l'ont tenté, nous les avons honteusement repouffez, ce que n'a pas fait l'églife de C. P. Quand les empereurs ont été catholiques, ils ont cherché nôtre fecours, pour foûtenir la foy: comme fait voir le concile tenu fous Conftantin & Irene, & diverfes lettres à Leon & à Benoift nos predeceffeurs.

Il fe plaint enfuite, que l'empereur prétend lui avoir commandé, au lieu que les empereurs precedens, n'ufoient envers le pape que de prieres & d'exhortations. Puis il ajoûte : Vous traitez de barbare la langue latine: fic'eft que vous ne l'entendez pas, p. 298, Tome Xi.

[ocr errors]

An. 865. voyez combien il eft ridicule de vous nommer empereur des Romains, dont vous ne favez pas la langue: banniffez-là donc & de vôtre palais & de vos églises. Car on dit qu'à C. P. dans les stations, on lit l'épitre & l'évangile en Latin, avant que de les lire

en Grec.

Vous dites que quand vous avez envoyé vers nous, ce n'étoit pas pour faire juger Ignace une seconde fois; l'évenement prouve le contraire, puifque vous l'avez fait juger. Nous n'avions envoyé nos legats, que pour informer de fon affaire. S'il étoit déja jugé, comme vous dites, pourquoi l'avez-vous fait juger Nahum. 1. une feconde fois, contre la défense de l'écriture?

Mais on voit bien, que connoiffant les défauts de ce premier jugement, vous avez voulu le reparer par la prefence & l'autorité de nos legats. Il s'étend en fuite fur les nullitez du dernier jugement porté contre Ignace: en ce que les juges étoient les uns fufpects, ou même ennemis déclarez, les autres excommuniez ou dépofez, les autres fes inferieurs. Il prouve que ces fortes de perfonnes ne peuvent pas même accufer un évêque, par le fixiéme canon du seTom. 2. cone p. cond concile ecumenique, tenu à C. P. en 381. mais il ne manque pas d'obferver, que l'églife Romaine pas reçu les canons de ce concile. Il foûtient qu'à peine fe trouvera-t-il quelque évêque de C. P. qui a été depofé fans le confentement du pape; & en rapporte plufieurs exemples.

947.

Sup. liv. XVIII.

n 8.

P. 309. D.

310. B.

n'a

Où avez-vous lû, ajoûte-t'il, que les empereurs vos prédeceffeurs ayent affifté aux conciles, fi ce n'eft quand on traite de la foy, qui eft communc à tous

les chrétiens, clercs ou laïques? Vous ne vous êtes An. 865. pas contenté d'affifter à ce concile affemblé pour juger un évêque, vous y avez ramaffé des milliers de perfonnes feculieres, pour être fpectateurs de fon opprobre. On a tiré l'accufateur de vôtre palais, on a donné des juges fufpects & mercenaires. On a foumisle fuperieur au jugement de fes inferieurs : quoique le jugement de l'évêque feul ne fuffife pas dans la caufe des moindres clercs contre les évêques. Car Can. 9. fup liv. il faut un concile, fuivant le canon de Calcedoine. Et enfuite: Nous avons eu envie de rire, de voir que autorifer ce concile contre Ignace, vous dipour tes qu'il étoit égal en nombre au concile de Nicée. Nommez-le donc auffi le feptiéme ou le huitiéme concile general: mais la multitude ne fait rien fans la pieté & la justice. Et ensuite :

XXVII. 29.

Voilà ce que nous avons répondu au commence- p33.c. ment de vôtre lettre : mais nous n'avons pû répondre au refte, parce que Dieu nous a affligés d'une maladie,qui ne nous a pas permis de le faire ; & vôtre envoyé a été fi impatient, qu'il eft forti de Rome fans prendre congé, craignant les approches de l'hiver, & à peine avons-nous pû obtenir, qu'il attendît à Oftie que cette lettre fût écrite. Comme l'empereur témoignoit un grand mépris du fiége de Ro- p. 314. B. me, le pape releve les privileges, & dit : Si vous vous élevez contre, prenez garde qu'ils ne le tournent contre vous mêmes. Car fi vous ne nous écoutez pas, nous vous regarderons comme N. Seigneur Matth.xvin.07 a ordonné de regarder ceux qui n'écoutent pas l'églife; c'est-à-dire, qu'il l'excommuniera. Ces privi

« AnteriorContinuar »