An. 858. Nicet. p. 1199 E. P. 1202. norer comme fon pere, & ne rien faire que de fon confentement. Photius donna cette promeffe; & à ces conditions il reçut l'ordination par les mains de Gregoire de Syracuse; & de laïque fut fait évêque en fix jours. Le premier jour on le fit moine, le second lecteur, le troifiéme foudiacre, le quatrième diacre, le cinquiéme prêtre, le fixiéme qui fut le jour de Noël 858. on l'ordonna patriarche de C. P. de Deux mois n'étoient pas encore paffez depuis fon ordination, quand méprifant fes fermens il commença à perfecuter tous les ecclefiaftiques qu'il trouva attachez à Ignace, les faifant foüetter & déchirer coups. Enfuite il les flatoit, leur offroit des préfens ou des places plus élevées : leur demandant des fignatures, dont il pût fe prévaloir contre Ignace, & les preffant en toutes manieres. Ne trouvant rien qui fatisfift fon defir de perdre Ignace : il perfuada à Bardas & par lui à l'empereur Michel, d'envoyer informer contre lui, comme ayant fecretement confpiré contre l'état. Auffi-tôt des magiftrats accompagnez de foldats vinrent à l'ifle Terebinthe, firent toutes les perquifitions poffibles, mirent à la queftion les efclaves d'Ignace, employant toutes fortes de tourmens ; & ne trouvant aucune preuve, ils ne laifferent pas d'enlever Ignace, & ses gens à l'ifle Hierie; où ils l'enfermerent dans une étable de chevres. De-là ils le transfererent au faux-bourg de Promete prés C. P. où Leon Lalacon domestique des nombres, c'eft-à-dire capitaine des troupes, lui donna de tels foufflets qu'il lui fit tomber deux groffes dents: puis on lui mit aux pieds des entraves de deux barres. Metroph. p.1387 barres de fer & on l'enferma dans une étroite pri- An. 859fon avec deux feuls domeftiques pour le fervir. Tous ces mauvais traitemens ne tendoient qu'à tirer de lui un acte de renonciation : par lequel il parût avoir quitté fon fiege volontairement. Les évêques de la province de C. P. qui fe trouverent préfens, voyant cette violence, s'affemblerent dans l'églife de la paix pendant quarante jours ; & déclarerent Photius depofé avec anatheme, tant contre lui, que contre quiconque le reconnoîtroit pour patriarche. Photius de fon côté appuyé de Bardas affembla un concile dans l'églife des apôtres, où il prononça une fentence de dépofition & d'anatheme contre Ignace, tout absent qu'il étoit ; & comme les évêques fidelles à Ignace lui reprochoient en face son injustice, il les déposa auffi & les fit mettre dans la prifon du palais nommée Noumera, qui étoit tresinfecte, & on les y garda plufieurs jours. Ignace y étoit avec eux chargé de chaînes, & d'autres dans la prifon du prétoire. Enfin au mois d'Août 859. on l'embarqua, & onl'envoya en exil à Mitylene dans Cang. C.P.Li l'Ile de Lesbos. On bannit de C. P. tous ceux que l'on foupçonnoit d'être dans fes interêts; dont plufieurs furent déchirés de coups, & Blaise gardechartes eut la langue coupée, parce qu'il parloit trop librement. 2. p. 123. IV. Photius Ca Voye à Rome.. Mais Photius voyant que plufieurs murmuroient d'une procedure fi irreguliere, s'avifa d'envoyer des legats à Rome; & de demander au pape Nicolas Nice. p. 12 qu'il en envoyât de fon côré, fous pretexte d'éteindre les reftes de l'herefie des Iconoclaftes: mais en effet pour autoriser la dépofition d'Ignace, par la An. 859. prefence des Romains. Il écrivit au pape, qu'Ignace ayant reprefenté qu'il ne pouvoit plus exercer fes fonctions, à caufe de fa vieilleffe & de fa mauvaise fanté, avoit quitté l'églife de C. P. & s'étoit retiré chez lui dans un monaftere qu'il avoit fondé où l'empereur, toute la ville & Photius lui-même lui rendoient tous les honneurs & les devoirs convenables. Ap. Bar. An. 859 : mais Nous n'avons pas cette lettre de Photius, nous en avons une autre au pape Nicolas qui commence ainfi : Quand je penfe à la grandeur de l'épiscopat, à la foiblesse humaine & à la mienne en particulier, & combien je me fuis toûjours étonné que l'on pût fe charger de ce joug terrible: je ne puis exprimer quelle eft ma douleur, de m'y voir engagé moi-même.Et enfuite: Mon prédecefleur ayant quitté fa dignité, le clergé, les métropolitains affemblez, & fur tout l'empereur, humain envers tous les autres, & cruel envers moi feul, pouffés de je ne fçai quel mouvement, font venus font venus à moy; & fans écouter mes excufes,ni me donner de relâche m'ont dit qu'il falloit abfolument me charger de l'épifcopat. Ainfi nonobftant mes larmes & mon defefpoir, ils m'ont fait violence & ont executé leur volonté. Photius met enfuite fa confeffion de foy entierement catholique : où il specifie les sept conciles generaux. L'empereur Michel écrivit aufli au pape, & enAnaft. in Nicol. voya une ambassade dont le chef étoit Arfaber protofpataire, apparament l'oncle de Photius, beaufrere de Bardas. Il étoit accompagné de quatre évê ques, Methodius metropolitain de Gangres: Samuel évêque de Chones ou Coloffes en Phrygie Phrygie, à An. 859. qui Photius donna le titre honoraire d'archevêque : Theophile metropolitain d'Amorium, & Zacaric de Taormine en Sicile érigée auffi alors en archevêché honoraire. Ces ambaffadeurs porterent de riches prefens à l'eglife de faint Pierre, entre autre une patene & un calice d'or ornez de pierreries. V Affemblée de pour Cobi:ús. Vers le même temps & l'an 859. Loüis roy de Germanie envoya en Italie Tiothon abbé de Fulde, fe juftifier fur le voyage qu'il avoit fait en France l'année precedente; & faire approuver fa conduite pli. XLIX. par l'empereur Louis fon neveu & par le pape Nicolas. L'abbé Tiothon fut tres bien reçu, & rapporta au roy fon maître des lettres favorables du pape. L'année fuivante 860. le même roy Louts, roy Louts, Charles le chauve fon frere & Lothaire leur neveu s'affemblerent à Coblents avec les évêques & les feigneurs, le cinquiéme de Juin, dans la fale fecrete de l'églife de S. Caftor fameux monaftere. On commit treize prelats avec trente-trois feigneurs, pour dresfer le ferment que les princes devoient le faire mutuellement & les articles que leurs fujets devoient obferver. Ces treize prelats étoient onze évêques & deux abbez: fçavoir Hincmar archevêque de Reims, Gonthier archevêque de Cologne, Altfrid évêque de Hildesheim Saxon de naiffance, & un des princi- Not. Sirm, paux confeillers du roy Loüis. Salomon évêque de Conftance, Adventius de Mets, Hatton de Verdun, Francon de Tongres, Christien d'Auxerre: les autres font moins connus. Le ferment contenoit pro Tom. 8. Conc. Art. S. meffe de fecours mutuel entre les cinq rois Louis & An. 859. Charles, & leurs trois neveux Louis,Lothaire & Charles: entre les articles celui-cy eft remarquable : Quiconque étant excommunié, ou ayant commis un crime qui le merite, change de royaume pour ne point fe foumettre à la penitence: emmenant peutêtre avec lui la religieufe ou autre femme qu'il a enlevée, ou dont il abuse : quand l'évêque nous en aura donné connoiffance, nous le ferons foigneusement chercher ; & ne permettons point qu'il demeure dans nôtre royaume, pour corrompre nos fujets: mais nous le contraindrons de retourner à fon évêque, pour recevoir ou accomplir fa penitence. On ajoûte un autre article déja établi à Epernay en 846. Aucun évêque ne retranchera de l'église un pecheur, qu'aprés l'avoir admonefté fuivant l'évangile,de faire penitence. S'il n'obeït pas, l'évêque s'adreffera au roy & à fes officiers, pour contraindre le pecheur à s'y foûmettre; & s'il refuse encore, il le feparera de la communion de l'églife. Art. 6. Sup. XLVIII. ข. 35. Matth. XVIII. VI. roy Le Lothaire étoit dés-lors engagé dans une Lothaire quitte affaire qui troubla tout le repos de fa vie, & fut enAnn. Met. 856. fin caufe de fa perte. Dés l'année 856. il avoit époufé Thietberge fille de Bofon comte en quelque partic de la Bourgogne: mais l'année fuivante il la chassa, pour entretenir plufieurs concubines. La reine Thietberge avoit un frere nommé Hubert, qui dés fa jeuEpift 2. Bened. nelle avoit été ordonné clerc & avoit lû publiquetom. 8. conc. p. ment dans l'église comme soudiacre: mais s'étant livré à de mauvaises compagnies, il tomba dans la débauche & commit plufieurs violences. Il s'empara 857. 234. |