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Macedonien, qui avoit eu grande part à la mort de Bardas. Et comme Michel inappliqué & incapable, ne pouvoit se passer de quelqu'un qui gouvernât pour lui: il affocia Bafile à l'empire peu de temps aprés, & le couronna folemnellement dans fainte Sophie, le jour de la Pentecôte, vingt-fixiéme de May de la même année.

mença

An. 866.

Photius pour avoir perdu son patron, ne perdit Nicet. p. 1213pas courage: mais s'accommodant au temps, il comà maudire & à detefter Bardas aprés fa mort, autant qu'il l'avoit loüé & flatté pendant sa vie. Il travailla à gagner les bonnes graces de Bafile & ménageoit aufli Michel: ne fachant auquel des deux demeureroit la fouveraine autorité. Cependant voyant que plufieurs fe feparoient de sa communion, depuis la fentence prononcée contre lui par le pape Ni- Ana pref 8. colas: il les perfecutoit à outrance. Il dépouilloit les uns de leurs dignitez, les autres de leurs biens: en banniffoit d'autres, ou les mettoit en prifon & leur faifoit fouffrir divers tourmens. Toute profeffion, tout âge, tout sexe y étoit compris. Il chassa des ermites du mont Olympe & fit brûler leurs cellules: il fit enterrer jusques au milieu du corps un de ceux qui refufoient de communiquer avec lui.

conc. p. 964. E.

Pour attirer plus de gens à fa communion, Pho- Ana tius employa deux artifices: le premier, de faire ordonner par l'empereur, que tous les legs pieux laiffez par teftament feroient diftribuez par fes mains. Ainfi il paroiffoit fort liberal, car tous n'examinoient pas fi c'étoit fon argent qu'il donnoit, ou celui d'autrui ; & ceux qui faifoient des testamens,

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An. 866.

XLIII.

Sup. n. 41.

Tom. 3. concil. p.

495.

étoient obligez à entrer dans fa communion, pour l'en faire executeur. L'autre finesse étoit, d'obliger tous ceux qui venoient à lui pour apprendre les fciences profanes, de promettre par écrit, que deformais ils n'auroient point d'autre créance que celle de Photius. Ainfi tous fes difciples, qui étoient en grand nombre, se trouvoient engagés à le foûtenir, & il y avoit entre eux des gens de grande naissance.

roy

Le pape cependant, qui ne favoit point ce qui fe munic Valdrade Paffoit à C. P. travailloit à ramener le Lothaire à fon devoir. Ayant appris par le retour du legat Arfene, comme Valdrade l'avoit trompé : il prononça contre elle une fentence d'excommunication, dés le fecond jour de Fevrier 866. & l'envoya à tous les évêques de France. Mais doutant enfuite que fa lettre leur eût été rendue, il leur en écrivit une autre en datte du treiziéme de Juin de la même année 866. indiction quatorziéme. Elle est adressée à tous les évêques d'Italie, de Germanie, de Neuftrie & de Gaule; c'est-à-dire, de tout l'empire François. Il leur déclare les caufes de l'excommunication de Valdrade, favoir fon adultere avec le roy Lothaire, dont elle ne témoigne aucun repentir: fa coutumace, en ce qu'au lieu de venir à Rome rendre compte de fa conduite, elle est allée en Provence, terre du roy Lothaire ; & ne cherche qu'à retourner auprés de lui, pour s'entretenir dans la débauche & la domination, gouvernant même des monafteres. Enfin, dit-il, on affure, qu'elle ne ceffe point de machiner la mort de la reine Thietberge. C'eft pourquoi il ordonne aux évêques, de denoncer dans leurs diocefes, l'ex

communication de Valdrade & de fes fauteurs, An. 866. jusques à ce qu'elle fe foûmette à la penitence & au jugement du faint fiége. Que fi quelqu'un dit que le roy Lothaire étant coupable du même crime, devroit fouffrir la même peine: qu'il nous confulte, dit le pape, & nous lui répondrons. Cependant quiconque de vous recevra cette lettre, aura foin de l'envoyer aux métropolitains & d'en répandre des copies dans les païs circonvoisins.

866.

Adventius évêque de Mets entreprit de juftifier Ap. Baron, am auprés du pape le Roy Lothaire fon maître, par une lettre, où il témoigne approuver l'excommunication de Valdrade; & ajoûte: Depuis le depart de vôtre legat Arfene, le roy Lothaire n'a point approché Valdrade, ne lui a point parlé, ne l'a point vûë: mais lui a fait dire de fe rendre auprés de vous, suivant vos ordres. Il traite comme il doit la reine Thietberge:elle affifte à l'office divin avec lui, il la reçoit à fa table & à fon lit ; & dans les converfations particulieres que j'ay avec lui, je ne découvre qu'une parfaite foûmiffion à vos confeils & à vôtre autorité. Lothaire écrivit lui-même au pape une lettre fort 4p. Baron. ibid. foûmife, où il donne le démenti à quiconque dira qu'il ait approché de Valdrade, depuis le depart d'Arfene, ou depuis qu'elle eft revenue d'Italie. En même temps, il prie le pape de n'élever au dessus de lui aucun de fes égaux, pour l'établir fur fes états. C'est qu'il craignoit, que fi le pape l'excommunioit, fes oncles n'en priffent pretexte de le dépoüiller. Cette 4p. Baron. ibid. crainte obligea les évêques du royaume de Lothaire, d'écrire à ceux du royaume de Charles, contre les

n.

An. 866.

XLIV. Lettre du pape

sup.liv. XLIX.

n. 8.

bruits

que l'on faifoit courir, que Lothaire étoit méprifé & prêt à être abandonné de fes fujets. Ils déclarent, qu'ils lui feront toûjours fideles: parce qu'ils efperent qu'il se corrigera des defordres de fa jeuneffe, & fe gouvernera par leurs confeils : & menaçent d'excommunication, quiconque troublera la paix.

Les deux rois Charles & Lothaire, demeurerent pour Vulfade. en bonne intelligence, & au mois de Juillet cette An. Bertin. 866. année 866. ils fe virent auprés de faint Quentin. Ils y renouvellerent les affurances de leur union, & Lothaire donna à Charles son oncle, l'abbaye de saint Vaast d'Arras. Enfuite le roy Charles alla à Soiffons, affifter à un concile que le pape avoit ordonné d'y tenir, pour le rétablissement de Vulfade & des autres clercs ordonnez par Ebbon archevêque de Reims, & depofés au concile de Soiffons de l'an 853.Plufieurs perfonnes venues des Gaules à Rome, en ayant porté des plaintes au pape Nicolas : il fit chercher dans les Nic. epift.tom.s. archives de l'églife Romaine les pieces qui concernoient cette affaire, entre les autres actes du concile de Soiffons ; & les ayant lûës, il ne lui parut pas évident, que ces clercs euffent été regulierement depofez. C'eft pourquoi il écrivit à Hincmar,d'appeller Vulfade & les autres, & d'examiner avec eux à à l'a miable, s'il étoit jufte de les rétablir. Si vous ne croyez pas, ajoûte-t-il, le pouvoir faire en conscience: nous ordonnons, que nos freres Remy de Lion, Adon de Vienne, Venilon de Roüen, & les autres évêques des Gaules & de Neuftrie, qui le pourront, s'assemblent àSoissons avec vous & vos fuffragans, le

conc. p. 808.

quinziéme des calendes de Septembre de cette qua- An. 866. torziéme indiction ; & que vous y faffiez venir Vulfade & les autres. Quand vous y aurez tout examiné felon les canons: fi vous jugez à propos de les rétablir, executez-le auffi-tôt : s'il s'y trouve de la difficulté, & que ces clercs appellent au faint fiége: venez, ou envoyez de part & d'autre vos deputez. Vous nous envoyerez les actes de vôtre concile: & yous ne ferez aucun mauvais traitement à ces clercs, pour s'être pourvûs devant nous. Cette lettre eft du troifiéme d'Avril 866. La même lettre fut addreffée à plufieurs archevêques de France, y changeant seulement ce qui étoit particulier pour Hincmar ; & elles furent toutes envoyées à Remy archevêque de Lion, pour les faire tenir.

pour

p.814.

Il furvint au roy Charles une raifon de preffer la tenue du concile, & l'execution des ordres du pape. Rodolphe archevêque de Bourges, mourut le vingtuniéme de Juin de la même année, & il eft honoré Acta. SS. B.tom. comme faint dans fon églife. Charles avoit besoin 6 p. 164. dans cette place d'un homme habile & fidéle, suppléer à l'incapacité de fon fils Charles roy d'Aquitaine encore jeune, & dont l'efprit étoit affoibli par une bleffure à la tête, dont il mourut le vingtneuviéme Septembre de la même année. Le roy Ann. Bertin, Charles ne trouvant perfonne plus propre à remplir le fiége de Bourges, que Vulfade qui étoit à fon fervice, le fit élire du confentement des évêques & de toute la province. Il avoit donc grand intérêt de le faire relever de la depofition prononcée en 853. au concile de Soiflons; & fa reftitution attiroit celle

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