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An. 866.

150. p. 2:1,

mains de plufieurs perfonnes : le roy en a un exemplaire qu'il m'avoit prêté, & que je lui ai rendu en vôtre prefence. Hincmar nous apprend ici l'auteur de ces annales,connues à present fous le nom de faint Bertin, à cause du monaftere où elles ont été trouDuch. tom.3. Vées, & nous y lifons à la fin de l'an 859. les mêmes paroles. La fuite eft d'Hincmar, ou de quelqu'un de fes amis, qui rapportant la mort de Prudence dit : An. 861. Quelques années auparavant, il avoit refifté à Gothefcalc: enfuite fa bile s'étant échauffée contre quelques évêques, qui refiftoient avec lui à cet heretique; il devint le défenfeur tres-ardent de la même here& fit plufieurs écrits oppofez entr'eux, & contraires à la foy. Hincmar ajoûte dans fa lettre à Egilon: Si on vous demande comment Gothescalc eft

Opuse, 25.

fie;

gardé, vous pouvez dire, qu'il eft nourri comme les freres de la communauté: qu'on lui donne fuffifamment des habits & du bois pour se chauffer, & qu'il y a dans fon logement une cheminée & tout ce qui eft neceflaire. On ne lui refuse point le bain, mais depuis qu'il eft entré dans ce logis, il n'a pas même voulu laver fes mains ni fon vifage: enforte que s'il fortoit de prifon, il feroit horreur. A cette lettre fecrette, Hincmar en ajoûta une qu'Egilon pouvoit montrer, où il explique au long les erreurs qu'il at tribue à Gothescalc.

On ne fait fi le moine Gombert alla jufqu'à Rome, & il n'en eft plus parlé depuis: mais il eft cetain queGothescalc mourut dans cette prifon peu de tems aprés; ceft-à-dire vers l'an 868. Hincmar étant à De non trina, Hautvillers, fut averti par les moines, que Gothescale

Deit. p.ssz.

étoit à l'extremité. Il lui envoya une formule de foy, An. 866. qu'il devoit souscrire pour recevoir l'absolution &

le viatique mais Gothescalc la rejetta avec indigna

:

Flod. lib. III. c.

tion. Hincmar s'étant retiré écrivit aux moines, que Opufc. 28.
fi Gothefcalc fe convertiffoit, ils le traitaffent com- 28. p. 565.
me il leur avoit dit de bouche: fi-non, qu'ils ne lui
donnassent ni sacremens ni fepulture ecclefiaftique :
appuyant cet ordre de plufieurs autoritez des peres.
Gothescalc refufa jufques à la fin de fe retracter, &
l'ordre d'Hincmar fut executé.

Le roy Charles n'attendit pas la réponse du An. Bertin. 866. pape pour faire ordonner Vulfade archevêque de Bourges: mais il envoya fon fils Carloman abbé de saint Medard, pour le mettre en poffeffion de cette église. Quand ils furent arrivez à Bourges, incontinent aprés la fin du concile de Soiffons & au mois de Septembre 866. Carloman fit confacrer Vulfade par Aldon de Limoges fuffragant de Bourges, & quelques autres évêques. Aldon fut faifi de fiéyre pendant la ceremomonie & mourut peu de temps aprés: ce que les ennemis de Vulfade ne manquerent pas de remarquer.

XLIX. Converfion des

Bulgares.

Sup. n. 41.

Aprés que le pape eut écrit à l'empereur de C. P. par Michel protofpataire : il affembla quelques évêques du voifinage de Rome, & refolut avec cux ce Nic. epift. 70. qu'il crut conforme aux canons touchant l'église de C. P. voulant y envoyer des legats avec des lettres plus amples. Mais il doutoit quelle route ils pourroient tenir car celle de la mer, qui étoit la plus courte, n'étoit pas feure, par l'experience que l'on avoit de la mauvaife foy des Grecs. Le pape étoit Tome XI.

R

An. 866..

p. 265.

Sup.liv. XLVIII.

n. 24.

en cette peine, quand les ambaffadeurs du roy Anaft. in Nicol. des Bulgares arriverent à Rome. Ce roy nommé Bogoris avoit embraffé depuis peu la religion chrétienne ; & voici comme on raconte fa converfion. Poft Theoph.lib. Une famine qui affligea fon païs le porta à invoquer 3. 4. le Dieu des Chrétiens, dont le moine Theodore Couphara lui avoit autrefois parlé ; & dont fa fœur, Chretienne depuis long-temps, lui difoit de grandes choses. La famine ayant ceffé, il refolut de fe faire Chrétien, & on dit qu'il y fut encore excité par une image terrible du jugement dernier, que lui fit un moine nommé Methodius, qu'il avoit fait venir pour lui peindre des chaffes: car il aimoit paffionnément cet exercice. Il fe fit donc inftruire & envoya demander à l'empereur de C. P. un évêque, qui le baptifa & le nomma Michel, comme l'em

pereur.

Mais bien qu'il cût été baptifé de nuit, les grands de fa cour en ayant connoiffance, exciterent conAn. Bertin. 866. tre lui tout le peuple & vinrent l affieger dans fon château. Il ne laiffa pas de fortir contre eux, portant la croix dans fon fein, & accompagné feulement de quarante-huit hommes, qui lui étoient demeurez fideles. Ceux-ci, quoiqu'en fi petit nombre, étonnerent tellement les rebelles, qu'ils ne pûrent les foûtenir, & leur défaite parut un miracle. Le roy fit mourir cinquante-deux des grands les plus feditieux, & pardonna à la multitude. Alors il les exhorta tous à se faire Chrétiens &en perfuada un grand nombre: puis il demanda à l'empereur des terres incultes de fa frontiere,pour étendre fon peuple trop

ferré dans son païs ; & l'empereur leur accorda un canton, qu'ils nommerent Zagora, & dont quelques-uns leur ont depuis donne le nom,

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An. 866.
Cang. fami.. p.

310.

Metenj. 868.

Cette converfion des Bulgares arriva l'an 865. & An. Berin. 866. l'année fuivante leur roy Michel envoya au roy Louis de Germanie, avec lequel il avoit paix & alliance, lui demandant un évêque & des prêtres. Ceux qui vinrent de fa part difoient, que quand il fortit de fon château contre les rebelles, on vit marcher devant lui fept clercs, dont chacun portoit un cierge allumé: que les rebelles crurent voir tomber fur eux une grande maifon ardente, & que les chevaux de ceux qui accompagnoient le roy, marchoient fur les pieds de derriere & frappoient les rebelles des pieds de devant. Qu'ils en furent fi épouvantez, que fans fonger à fuir ni à fe défendre, ils demeurerent étendus par terre. C'est ce que racontoient les Bulgares,

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Le roy Louis envoya demander pour eux au roy Charles fon frere des vafes facrez des habits facerdotaux & des livres, pour les cleres qu'il y devoitent" a voyer; & le roy Charles tira pour cet effet une gran

de fomme des évêques de fon royaume. Louis en An. Fuld. 867. voya l'année suivante en Bulgarie Ermenric évêque avec des prêtres & des diacres: mais quand ils arriverent, ils trouverent que les évêques envoyez par le pape, avoient déja prêché & baptifé par tout de païs. C'est pourquoi ils prirent congé du roy des Bulgares & revinrent chez eux. En effet ce roy en 4nn. Bertio, voya à Rome fon fils avec plufieurs feigneurs por tant des offrandes à faint Pierre; entr'autres les ar

An.866.

lui en

mes qu'avoit le roy Michel, quand il vainquit les rebelles. Ils étoient chargez de confulter le pape fur plufieurs questions de religion, & de lui demander des évêques & des prêtres. Ils arriverent à Rome au mois d'Août de l'indiction quatorziéme, qui étoit l'an 866. & l'empereur Louis l'ayant appris, demanda au pape les armes & les autres prefens, que le roy des Bulgares avoit fait à faint Pierre. Le pape envoya une partie par Arfene, & s'excufa du refte. Ep. 70.p.470.D. Le pape Nicolas eut une tres-grande joye de l'arrivée des Bulgares: non feulement pour leur converfion en elle-même, mais encore parce qu'ils étoient venus de fi loin rechercher les inftructions du faint fiége; & parce qu'ils lui ouvroient un chemin fûr, pour envoyer fes legats par terre à C. P. en passant par la Bulgarie.Il nomma pour les aller instruire Paul évêque de Populonie en Toscane & Formose évêque de Porto, prelats de grande vertu; & les chargea de fa réponse à leurs confultations, de l'écriture fainte & des autres livres qu'il jugea neceffaires. Cette réTom.8.cone p.516 ponse contient cent fix articles, comme la confultation, & j'en marquerai feulement les plus importans. Le pape y cite fouvent les loix Romaines, particulierement les Institutes de Juftinien.

Anaft. in Nicol.

C.17.

C.39.

L.

Vous nous avez rapporté, dit-il, que vous avez Réponses aux fait baptiser tout vôtre peuple: mais qu'enfuite ils se des Bulgares. font élevez contre vous avec fureur, difant, que vous ne leur aviez pas donné une bonne loy, voulant même vous tuer & fe donner à un autre maître. Que les ayant tous vaincus, avec l'ayde de Dieu, vous avez fait mourir tous les grands avec leurs enfans ; &

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