meux. Il étoit né vers l'an 800. de parens nobles, An.860. qui l'offrirent dés fa premiere jeunesse à l'abbaye de Ferrieres, & il y reçut l'habit monaftique. Marcuard abbé de Prom connoiffant fon merite, pria Loup alors abbé de Ferrieres de lui envoyer Adon: ce qu'il fit; mais l'envie,que quelques moines de Prom conçurent contre lui, l'obligea d'en fortir. Il alla à Rome & y demeura cinq ans, à s'inftruire dans la fcience ecclefiaftique. A fon retour paffant par Ravenne, il trouva entre les mains d'un moine un martyrologe, qu'un pape avoit autrefois envoyé à • Tom cod 6-praf. un évêque d'Aquilée ; & il en fit une copie. On croit

c. 6. n. 174.

que c'étoit l'ancien martyrologe Romain. Adon revenu en France s'arrêta à Lion, où il trouvoit occafion de s'inftruire, par le commerce de plufieurs favans ecclefiaftiques. Il y compofa fon martyrologe: dont le principal fonds fut celui qu'il avoit apporté de Ravenne. Remi archevêque de Lion & Ebbon évêque de Grenoble goûterent tellement le merite d'Adon, qu'ils prierent l'abbé Loup de trouver bon qu'il ne retournât plus à Ferrieres. Loup lui accorda pour cet effet fon obedience, ou lettres regulieres, & il obtint une permiffion semblable de Venilon archevêque de Sens. Etant ainfi libre par l'autorité de fes fuperieurs, il s établit à Lion, où Remi lui donna pour retraite l église de S. Romain. Mais Agilmar archevêque de Vienne étant mort, Adon fut choifi pour lui fucceder cette même année 860. Il y eut de l'oppofition, & quelques perfonnes vouloient le faire paffer pour moine vagabond. Le comte Gerard & Berte fa femme en écri

virent à Loup de Ferrieres, qui juftifia fon difciple,

& témoigna qu il étoit digne de 1 Epifcopat. Il fut An. 860. donc ordonné archevêque de Vienne âgé d'envi- pep. 122. ron foixante ans ; & affifta la même année au concile

de Toufi.

VIII.

Concile de

Can. 1.

L'ouverture s'en fit le vingt-deuxième d'Octobre, & on y dreffa cinq canons, contre les pillages, les Toufi. parjures & les autres crimes, qui regnoient alors. Les religieufes qui fe sont abandonnées en fecret, ou mariées publiquement; & les veuves qui vivent chez elles dans la débauche, ou qui prostituent leurs filles: toutes ces personnes feront enfermées dans des prifons, pour y faire penitence toute leur vie ; & les hommes qui en auront abufé feront contraints à faire penitence, par les cenfures ecclefiaftiques, soutenuës par l'autorité des princes & des Juges, quand ils en feront requis par l'éveque. Les évêques s écriront mutuellement touchant les excommuniez, afin que perfonne ne communique avec eux. Comme les ravages des Normans, qui brûloient les églifes, & les monafteres, fervoient de pretexte à plusieurs clercs & à plusieurs moines de quitter leur habit, & de vivre vagabonds dans la débauche : le concile leur ordonne, de fe remettre fous la conduite & la difcipline de leurs évêques & de leurs abbés.

C. 4

C.5.

Outre les canons on publia une lettre fynodale p. 707. compofée par Hincmar & adreffée à tous les fideles, pour les inftruire de la nature des biens confacrez à Dieu; les détourner des ufurpations qui s'en faifoient fi frequemment, & en general de tous les pillages. Ce même concile reçut des lettres d'un comte

C ij

IX. Affaire d'Eftienne&de Rai mond. p. 716.

nommé Raimond contre Eftienne fon gendre, qui An. 860. ne vouloit point habiter avec sa femme; parce qu'il Hinem.opufc.37. difoit avoir eu un commerce criminel avec une pa

lc

rente de la même femme. Comme cette affaire faifoit du bruit depuis environ trois ans, & que beau-pere & le gendre étoient des feigneurs puiffans, dont la querelle pouvoit troubler l'église & l'état: le concile jugea à propos d'en prendre connoiffance, & fit venir Eftienne qui étoit prefent à la cour étant au service du roy. Il demanda à parler aux évêques en particulier, & leur dit : J'ai autrefois eu commerce avec une femme, par fragilité de jeunesfe. Depuis étant fiancé avec la fille du comte Raimond, j'ai fait réflexion qu'elle étoit parente de cette femme : j'ai confulté mon confeffeur, qui m'a montré un livre qu'il nommoit, je penfe, les canons; il y a lû en ma presence, que tant que l'on peut compter la parenté, il n'eft permis à aucun Chrétien d'épouser fa parente, ou avoir commerce avec deux parentes ; & que l'on ne pouvoit remedier à cette conjonction inceftueuse, que par la feparation mutuelle. Cependant il arriva de la divifion entre le roy mon maître & moy: enforte que je ne pouvois plus demeurer en feureté dans fon royaume. D'ailleurs Raimond & fa famille me prefloit d'accomplir le mariage. Ainsi ne pouvant plus reculer & voyant ma vie en peril, je le contractay, mais fans le confommer: pour ne pas perdre avec moy cette fille innocente. Je vous déclare devant Dieu ce qui s'eft paffé : fans y être pouffé par aucune haine, ni par amour d'aucune autre femme. Je fuis

prêt d'en faire ferment, ou d'en donner telle autre preuve qu'il vous plaira, & de suivre en tout vô- An. 860. tre confeil.

Aprés qu'Estienne eut ainsi parlé, les évêques le firent retirer: on opina & on refolut, que les archevêques de Bourges & de Bourdeaux, dans les provinces defquels étoient les parties, affembleroient leurs fuffragans en un concile, où le prince afsisteroit avec les feigneurs du païs: pour faire enforte d'acommoder cette affaire; & que les évêques la décideroient felon les canons. Eftienne accepta volontiers cette propofition; & le concile de Toufi chargea l'archevêque Hincmar de dreffer une inftruction, où aprés avoir rapporté le fait il expliquât son avis sur le droit, pour décider cette queftion.

p. 647.

N. 3.

Hincmar le fit par un écrit adreffé à Rodulfe de opufc. 37.tom.z Bourges & à Frotaire de Bourdeaux : où il dit, qu'Eftienne doit amener au concile qui fe tiendra en N.z. Aquitaine la fille qu'il a épousée : afin qu'elle foit interrogée, s'il eft vrai qu'il ne lui ait point encore touché. Si elle en convient, il faut examiner, autant qu'il fera poffible, fi Eftienne n'a point eu quelque mauvaife Laifon d'en user ainsi : mais il n'eft point obligé de nommer la parente avec laquelle il dit avoir eu commerce auparavant : pour ne pas rendre publique fa confeffion. Le fait fuppofé N. 4 tel qu'il l'a declaré, son mariage avec la fille de Rai- p. 655. mond eft nul: il ne l'a contracté que par crainte, & ne pouvoit le confommer que par un inceste: par confequent ils doivent être feparez, & font libres de N. s fe marier à d'autres. Mais Eftienne perdra ce qu'il

a donné à la fille de Raimond; & fera penitence du An. 860. crime commis avec la parente, & de l'abus qu'il a fait du facrement de mariage,en le contractant contre fa confcience. Telle eft la décifion d'Hincmar.

X.

'Affaired'Ingeltrude.

On parla encore au concile de Toufi de l'affaire d'Ingeltrude. Elle étoit fille du comteMatfrid & avoit époufé le comte Bofon, de Lombardie de la province Nicol. epift. 58. de Milan. S'étant débauchée elle quitta son mari, &

p. 447. D.

Epift. 1. app. 1. p. 480.

paffa dans les Gaules avec fon adultere. Boson ayant envain tenté toutes les autres voyes de la ramener, s'adreffa au pape Benoît,qui tenoit alors le S. fiége, & qui ne ceffa point tant qu'il vécut d'exhorter par fes lettres l'empereur, les princes, les évêques & tous les fidelles de ramener cette femme à fon devoir:Le pape Nicolas lui ayant fuccedé continua ces pourfuites, mais toûjours fans effet. Enfin il ordonna de tenir un concile à Milan, où Ingeltrude feroit citée; & fi elle ne s'y presentoit dans un certain terme elle feroit excommuniée: comme elle le fut en effet, & le pape confirma la fentence de ce concile.

Cependant le pape ayant appris que cette femme demeuroit dans le royaume de Lothaire, il écrivit aux évêques de ce royaume, & principalement aux deux archevêques Theutgaud & Gonthier, les reprenant de leur negligence à tolerer ce scandale : leur déclarant, qu'Ingeltrude étoit excommuniée, & leur ordonnant de l'excommunier eux-mêmes, fi elle ne retournoit avec fon mari. Il en écrivit auffi au roi Charles le priant d'obliger fon neveu Lothaire à ne la plus fouffrir dans fes états; & à la chaffer luimême des fieris, fi elle y venoit.

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