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669 tom.8.come.

Gonthier archevêque de Cologne, dans le diocése duquel elle étoit, la voyant protegée par fon An.860. roy, avoit peine à la renvoyer. C'est pourquoi il confulta fur ce fujet Hincmar de Reims au nom de Hinem, opust. toute l'assemblée, & fa consultation étoit conçûë en 38. tom, zole. ces termes : Si la femme de Bofon vient à moy & fe p. 1920. confesse publiquement, disant : J'ai commis un adultere contre mon mary: c'eft pourquoi la crainte de la mort m'a fait recourir à vous, qui êtes le vicaire de Dieu, pour fauver mon ame & me conserver la vie. Dois-je, difoit Gonthier, lui impofer penitence publique, qu'elle accompliffe dans mon diocése, où elle s'eft retirée : ou bien la renvoyer à fon mari, à condition qu'il ne la fera point mourir, fous peine d'être excommunié; & qu'aprés qu'elle aura fait fa penitence, il la reprendra comme fa femme.

Hincmar n'ayant pû répondre fur le champ, le fit par un écrit où il dit: Cette femme ayant épousé Boson, qui est d'un autre diocéfe & d'une autre province, n'en doit point être feparée, fous pretexte de penitence. Il ne l'accufe point d'adultere il fe plaint feulement qu'elle l'a quitté & qu'elle demeure dans d'autres royaumes depuis environ trois ans : quoiqu'il l'ait plufieurs fois invitée à revenir, & qu'il foit prêt à lui pardonner, fuivant l'ordre du pape. Il faut donc, que le roi dans les états duquel elle demeure, la fasse remener à fon mary, fuivant le traité fait entre nos rois, de fe rendre l'un à l'autre les fugitifs; & que vous, dans le diocéfe duquel elle est, preniez de fon mary les feuretez neceffaires de la traiter raisonnablement. Car vous avez ce droit,

puifqu'elle s'eft mife fous la protection de l'églife. An.860. Que fi Boson fauffe fon ferment, fon évêquediocefain le jugera fuivant les canons ; & fi la femme eft convaincuë d'adultere, par fa confeflion ou autrement, c'est au même évêque à la mettre en peniP. 674. tence. Agir autrement, c'est troubler l'ordre de la religion & attirer des reproches au facerdoce. Car les mechans diront: Faifons ce que nous voudrons, nous aurons recours à l'églife, ou à l'évêque, & nous demeurerons impunis.

X I.

Le pape envoye

à C. P.
Anaft. in Nic.

1387.

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Cependant Arsaber ambassadeur de l'empereur Michel, & les quatre métropolitains envoyez par epift. Metroph.p. Photius arriverent à Rome : mais il n'y vint perfonne de la part d'Ignace, parce que fes ennemis ne le permirent pas. Ainfile pape Nicolas ignoroit encore ce qui s'étoit paffé à l'égard d'Ignace & de Photius, & les mauvaises intentions de la cour de C. P. Toute-fois il ufa de circonfpection, & ayant affemblé un concile, il députa deux legats, Radoalde évêque de Porto & Zacarie evêque d'Anagnia, avec ordre de décider en concile tout ce que l'on pourroit propofer fur les faintes images, parce qu'il ne s'agiffoit que de l'execution du feptième concile. Mais pour l'affaire d'Ignace & de Photius, les legats avoient ordre d'en faire feulement les informations juridiques & les rapporter au pape. Il les chargea de deux lettres. La premiere à l'empereur Michel, la feconde à Photius, toutes deux dattées du vingt-cinquième de Septembre indiction neuvième, qui eft l'an 860. Dans la lettre à l'empereur, il fe plaint que le dernier concile de C. P. a depofé Ignace fans avoir con

fulté

pour

en

An. 860.
Nic. epift.2.tom.

p. 1021.

fulté le faint fiége ; & que par la propre lettre de l'empereur, il paroît qu'Ignace n'étoit convaincu ǹi par fa confeffion, ni par des preuves juridiques. Il fe s. conc. p. 270. plaint enfuite de ce que l'on a pris un laïque pour remplir le fiege de C. P. & prouve par les conciles & les decretales des papes l'irregularité d'une telle ordination: puis il conclud ainfi : Nous ne pouvons y p . 273. c. donner nôtre confentement, jusques à ce que nous ayons appris par nos legats tout ce qui s'eft paffé cette affaire ; & obferver l'ordre, nous voulons qu'Ignace vienne en la prefence de nos legats & de tout le concile, qu'on lui demande pourquoi il a abandonné fon peuple; & qu'on examine fì sa dépofition a été canonique. Quand le tout nous aura été rapporté, nous deciderons ce qu'il faudra faire pour la paix de vôtre Eglife. Il vient ensuite aux images, fuppofant, conformément à la lettre de l'empereur; qu'il y avoit encore des Iconoclastes à C. P. & il traite fommairement la question: puis il demande le rétablissement de la jurifdiction du faint fiége, par l'évêque de Theffalonique, comme fon vicaire, fur l'Epire, l'Illyrie, la Macedoine, la Thes- p. 273. D. falie, l'Achaïe, la Dacie, la Mefie, la Dardanic & Sup. liv. xxiv. la Prevale : enfin la reftitution des patrimoines de l'églife Romaine en Calabre & en Sicile : & que l'ordination de l'évêque de Syracufe foit confervée au faint fiége. Le pape fit faire trois copies de cette lettre, fe défiant qu'elle pourroit être alterée. Il en garda une à Rome par devers lui: il donna les deux autres aux legats, l'une pour presenter à l'empereur, l'autre pour leur fervir d'inftruction & pour la lire Tome X I.

D

M. 39:

dans le concile qui fe devoit tenir à C. P. en cas que An. 861. l'empereur ne voulût pas y faire lire la sienne.

Nic.epift.10.p.

`353.

Nic epift. 3.

Nic. ep. 6. p.

28c. D.

Dans la lettre à Photius, le pape reconnoît que fa profeffion de foy eft catholique: mais il blâme l'irregularité de fon ordination. C'eft pourquoi, ajoûte-t-il, nous ne pouvons y confentir en aucune forte, jusques au retour de ceux que nous avons envoyés à C.P. afin que nous puiffions connoître par eux vôtre conduite & vôtre affection pour la défense de la foy.

Quand les legats furent arrivez à C. P. on les tint pendant trois mois fans les laiffer parler à perfonne qu'à leurs gens: de peur qu'ils ne s'informassent de ce qui s'étoit paffé à la dépofition d'Ignace. Enfuite Epift.9.p.329.D. on leur fit de rerribles menaces, s'ils ne fe foûmettoient à la volonté de l'empereur; & on leur dit entr'autres chofes, qu'on les envoyeroit en exil, où ils demeureroient fi long-tems & en telle mifere, que Epift. Metroph. la faim les reduiroit à manger leur vermine. Aprés huit mois de resistance, ils fe rendirent.

Ep. 6. in fine.

p. 1388. C.

Cependant le patriarche Ignace fut rappellé de Mitylene, aprés y avoir demeuré fix mois: par conNicet. p. 203. fequent au mois de Fevrier 861. & on le remit dans l'Ile de Therebinthe. Ily fouffrit plufieurs mauvais traitemens de Nicetas, furnommé Oryphas drongaire de la flotte imperiale: qui donna même de fa main

des
coups de foüet aux domestiques d'Ignace. Dans
le même temps une nouvelle nation de Scythes tres-
cruelle nommé Ros, c'est-à-dire, les Ruffes firent
des incurfions à l'entrée du pont Euxin: pillant tout
& tuant tous les hommes qu'ils prenoient, jufqu'aux
ifles les plus voifines de C.P. Ils pillerent auffi les mo-

nasteres d'Ignace, & mirent en pieces à coups de haches vingt-deux de fes plus fidelles domestiques. Le An. 861. faint homme l'ayant appris dit: Le feigneur me l'a donné, il me l'a ôté, &le refte des paroles de Job, & rendit graces à Dieu de tout.

XII. Concile contre

Peu de tems aprés Photius fit affembler un concileà C. P. dans l'églife des apôtres, où fe trouverent Iguace, trois cens dix-huit évêques, entre lefquels étoient les legats du pape. L'empereur y affiftoit avec tous les magiftrats & un grand peuple. Le concile étant assemble, on envoya à Ignace le prevôt Baanes & quelques autres perfonnes méprifables, qui lui dirent : Le grand & faint concile vous appelle, venez promptement vous défendre fur ce que l'on dit de vous. Ignace répondit : Dites-moi je vous prie comment irai-je ? comme évêque, comme prétre, ou comme moine ? Nous n'en fçavons rien, dirent-ils : mais nous l'allons demander, & nous vous rendrons réponse. Ils revinrent le lendemain & dirent: Les legats de l'ancienne Rome Rodoalde & Zacarie vous mandent de venir au concile œcumenique fans delay, felon que vôtre confcience vous le dicte. Auffitôt Ignace se revétit de l'habit patriarcal & marcha à pied, accompagné d'évêques, de prêtres & de quantité de moines & de laïques. Mais quand il fut prés de l'église de faint Gregoire de Nazianze, où il y avoit une croix au milieu de la ruë fur une colomne de marbre: il rencontra le patrice Jean, furnommé Coxés, qui lui dit, que l'empereur l'avoit envoyé, lui défendre fous peine de la vie de venir autrement qu'en habit de fimple moine. Ignace obeït, & Jean l'amena au concile. Dij

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