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An. 869. 19.Oct.

lui dirent: Le filence ne vous delivrera pas d'une condamnation plus manifefte. Photius dit: Jefus même par fon filence n'évita pas la condamna

tion.

Les legats d'Orient dirent: Cette comparaison de vous à N. S. J.C. ne merite point de reponse. Il n'y a rien de commun entre la lumiere & les tene2. Cor.v1.15. bres, J.C. & Belial. Mais repondez à la question de nos freres, fi vous recevez les jugemens des pontifes Romains. Photius ne repondit point. Les legats du pape dirent: Qu'il s'humilie, qu'il confesse fon pcché de vive voix & par écrit, qu'il anathematise fes écrits injurieux & fes procedures infolentes faites par deux fois contre le patriarche Ignace : qu'il promette de ne plus rien entreprendre contre lui, mais de le reconnoître pour fon veritable évêque : & qu'il embrasse avec respect les jugemens du faint fiége, touchant Ignace & lui. Comme Photius continuoit de fe taire, les legats ajoûterent: Voici un homme PS. LVII. 5: qui a bouché fes oreilles comme l'afpic, & ne veut point entendre la voix du concile. Qu'on life les lettres envoyées à son sujet par l'église Romaine. On lût la lettre du pape Nicolas à l'empereur Michel, & la lettre à Photius portée par Rodoalde & Zacarie, qui avoient été lûes dans la feffion precedente. Aprés la lecture de cette feconde, les métropolitains demanderent à Photius, pourquoi il n'y répondoit point: mais il demeura dans le filence. On lût encore la lettre à l'empereur, envoyée par le fecretaire Leon;& enfin la premiere à Photius du vingt-cinquiéSup. liv. meme de Septembre 860. qui n'avoit point encore été

lûe: où le pape approuve fa confeffion de foy, & refufe d'approuver fon ordination.

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An. 869.

19. Oct.

Alors les vicaires d'Orient ayant demandé à par- p. 1041. ler, Elie monta fur la tribune & dit: Vous favez que de tout tems ce font les empereurs qui ont affemblé les conciles & fait venir les députez de toute la terre. On voit bien qu'il ne parle que des conciles generaux, comme remarque Anaftafe. Elie continuë: L'empereur peut rendre témoignage d'où & par qui nous avons été envoyez. Depuis que nous fommes ici, où nous avons demeuré prés de deux ans avant les legats de Rome : un jour l'empereur nous mit au cou son reliquaire & nous dit Dieu vous demandera compte au jour du jugement, de celui que vous devez prononcer au nom de l'églife. Prenez donc garde, étant fi avancés en âge, de ne rien faire par prevention, pour ou contre perfonne, Nous avons refolu de fuivre inviolablement cette regle. Ainfi ce n'est point parce qu'Ignace est afsis dans ce trône & qu'il eft en autorité, que nous le recevons. Ce n'eft point aufli parce que Photius eft ici debout & paroît fans credit, que nous le condamnerons; mais nous n'aurons pas non-plus pour lui une compaffion déraisonnable. Vous voyez fon profond filence, fondé fur ce qu'il rejette ce concile, comme il a affez fait entendre par le peu qu'il a dit. Pour moi, qui fuis fyncelle de l'église de Jerufalem depuis fept ans entiers, je fai fort bien que nous n'avons point reçu de lettres de lui, ni ne lui en avons envoyé. Vous avez fouvent oüi ce qu'a dit le tres-faint Thomas métropolitain de Tyr. Il

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An. 869.

le dit encore : que le fiége d'Antioche n'a point reçu
de lettres de Photius, ni ne lui en a envoyé. Vous
avez aussi vû ce que l'église Romaine a ordonné de
lui. C'eft pourquoi je le lui dis encore en face, afin
qu'il le voye de fes yeux & l'entende de ses oreilles.
Car il eft condamné dés là, qu'il n'eft reçu par au-
cune des chaires patriarcales; & c'eft mal à
à propos
qu'il affecte de garder aujourd'hui le filence, pour
faire croire qu'il ne manque pas de raisons; il n'a
rien à dire pour fa juftification. Nous favons tous
avec quelle violence il a envahi le fiége de C. P. &
quelle violence il a exercée tant qu'il l'a gardé. Nous
lui confeillons donc & l'admoneftons maintenant
de reconnoître fon peché; & s'il fe repent fincere-
ment, nous fommes d'avis qu'il foit reçu dans l'é-
glife comme un fimple fidelle, avec efperance de la

vie éternelle.

Enfuite on lût l'avis des legats du pape en ces termes: Vous avez vû, mes freres, & vous avez oüi ce qui a été dit & fait en cette affaire depuis long-tems: tout le monde a vû que la promotion de Photius n'étoit point recevable; & la déposition du patriarche Ignace injufte & irreguliere. Nous ne prononcerons donc point un nouveau jugement: mais celui qui a été prononcé par le pape Nicolas & con

firmé par le pape Adrien. Qui pourra deformais,

s'il veut paffer pour Chrétien, recevoir celui qui n'a

été reçu ni par nôtre fiége apoftolique, ni par les

fiéges des Orientaux ? Nous rejettons cet attentat & nous défendons, fous peine d'anatheme, que jamais à l'avenir, dans tous les fiéges, un évêque le

gitime soit chassé par la faction feculiere: pour en An. 869. mettre un autre à fa place contre les regles. Dites fi vous approuvez cet avis: mais quand vous ne l'approuveriez pas, nous éleverions nôtre voix dans le concile, comme fur une haute montagne, pour vous declarer la procedure que nos peres ont faite. Aprés cette lecture, les legats demanderent l'avis au concile, qui l'approuva entierement.

la

Ils admonefterent encore Photius de fe foûmettre au concile & à Ignace, pour être reçu à la communion laïque; & le patrice Bahane lui dit : Parlez, feigneur Photius, dites tout ce qui peut vous juftifier: le monde entier eft ici; autrement craignez qu'enfin le concile ne vous ferme ses entrailles. Où voulez-vous avoir recours? à Rome? voici des Romains: à l'Orient? voilà les Orientaux. On fermera porte: & fi ceux-ci la ferment, perfonne ne l'ouvrira. Dites, homme de Dieu, quelle eft vôtre juftification. Photius repondit: Mes juftifications ne font pas en ce monde: fi elles étoient en ce monde, vous les verriez. Bahane reprit : Nous croyons que la confufion & la crainte vous ont troublé l'efprit; vous ne favez ce que vous dites: c'est pourquoi le concile vous donne du tems, pour penser à vôtre falut. Allez, on vous fera revenir. Photius dit: Je ne il eft demande point de tems: quant à me renvoyer, en vôtre puiffance. Bahane l'avertit encore de penfer à lui & de confiderer, qu'aprés le depart des legats, tout ce qu'il pourroit dire ou faire feroit inutile: mais quoiqu'on lui pût dire, il demeura obstiné dans fon filence. Le concile dit: Qu'il s'en aille, &

An. 869. qu'il examine ce qui lui convient. Photius fortit & on finit la feffion.

XXXIV. Sixième feffion.

concile.

La fixiéme fut tenuë le vingt-cinquième d'Octobre, L'empereur au & l'empereur Bafile y affifta en perfonne, assis à la premiere place.Metrophane de Smyrne prononça un petit difcours à la loüange du concile & de l'empereur, comparant les peres aux lumieres du ciel & aux fleuves de la terre. Ensuite l'empereur fit lire un memoire des legats du pape, comprenant un recit abregé de toute l'affaire, & concluant, que puifque toute l'églife étoit d'accord pour rejetter Photius, il n'étoit plus à propos d'écouter fes partifans. Toutefois par ordre de l'empereur, on fit entrer les évêques du parti de Photius ; & on lût en leur prefence les lettres du pape Nicolas à l'empereur Michel & p. 1048. 1316. à Photius, envoyées par le fecretaire Leon. Puis Elie fincelle de Jerufalem fit un difcours, où aprés avoir remercié l'empereur de fon zele pour le repos de l'églife, il raconta ce qui s'étoit paffé; & foutint que la démiffion donnée par Ignace pendant fon exil, devoit être reputée nulle, comme faite par violence, fi même elle avoit été faite. Puis il ajoûta: Si les partifans de Photius pretendent dire, que tous les métropolitains & les évêques affemblez ont ordonné Photius ; & par confequent, que s'il n'est pas recevable, fes ordinateurs le font encore moins: nous feur oppoferons ce qui fut fait au fecond concile, Sup liv. XVIII. tenu fous l'empereur Theodofe en cette ville de C. P. Conf. C. P. c.4. car on y rejetta Maxime le cynique & tous ceux qu'il avoit ordonnés: mais non pas ceux de qui il avoit reçu l'ordination. C'est pourquoi nous ne con

3.1.

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