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An. 861.

Libell, Theogn.

1266.

Quand il fut dans l'églife des apôtres, on lui envoya le prêtre Laurent & deux Eftienes, l'un foutom. 8. Conc. p. diacre,l'autre laïque, qui lui dirent: Comment avez vous ofé vous revétir des habits facrez étant condamné & deposé pour tant de crimes? Ils l'arracherent par force de ceux qui l'accompagnoient, & le presenterent seul à l'empereur Michel, qui aussi tôt le chargea d'injures. Ignace dit, que les injures étoient plus douces que les tourmens ; & l'empereur un peu appaisé, le fit afseoir sur un banc de bois.

Aprés un peu de converfation, Ignace obtint permiffion de parler aux legats Rodoalde & Zacarie, & il leur demanda le fujet de leur voyage. Ils répondirent: Nous fommes legats du pape Nicolas, qui nous à envoyez pour juger vôtre caufe. Il leur demanda encore, s'ils avoient apporté des lettres du pape pour lui. Ils répondirent que non : parce qu'on ne le regardoit pas comme patriarche, mais comme deposé par le concile de fa province : & qu'ils étoient prêts de proceder felon les canons. Ignace dit: Chaffez donc auparavant l'adultere;c'eft-à-dire, Photius : ou fi vous ne le pouvez, ne foyez pas juges. Les legats montrant de la main l'empereur répondirent: Il veut que nous le foyons. Alors ceux qui étoient autour de l'empereur, commencerent à preffer Ignace de donner sa démission, tantôt par prieres, tantôt par menaces. Ne pouvant le perfuader, ils fe tournerent vers les métropolitains & leur firent divers reproches,en difant : Vous auriez peutêtre fouffert fa renonciation, & vous le demandez

maintenant pour patriarche. Les métropolitains ré- An. 861. pondirent: De deux maux qui nous menaçoient, la colere de l'empereur & le foulevement du peuple, nous avons choifi le moindre. Mais vous, rendez le fiége au patriarche, & ne vous mettez pas en peine de nous. Les officiers de l'empereur recommencerent à exhorter Ignace, & à lui demander sa démisfion expreffe afin que Photius demeurât paifible poffeffeur de l'église de C. P. Il refufa toûjours ; & ainfi finit cette journée & laffemblée se separa.

On continua pendant plufieurs jours à preffer Ignace mais il refusa toûjours fa démiffion. On le cita donc encore par les mêmes officiers, fçavoir Laurent & les deux Eftienes comme miniftres des juges, pour comparoître au concile. Ignace dit, qu'il n'iroit point: parce qu'il ne voyoit point que les juges fiffent rien felon les regles de l'église. Car, ajoûta-t-il, comme parlant aux legats du pape, vous n'avez point chassé l'ufurpateur: au contraire vous mangez avec lui, & vous avez reçu de loin fes préfens: il vous a envoyé jusques à Redeste des habits & des reliquaires. Je ne vous reconnois point pour juges : menez-moi au pape, je fubirai volontiers fon jugement. Tous ceux qui étoient avec Ignace en dirent de même ; & il pria ceux qui venoient le citer d'entendre la lecture des lettres, qu'il envoyoit aux évêques pour être renduës au pape. Il y alleguoit la lettre du pape Innocent en faveur de saint Chryso-_sup. liv. xx1, ftome, portant qu'il ne devoit comparoître en jugement, qu'aprés être rétabli dans fon fiége ; & le canon quatrième de Sardique: que quand un évêque

n.50.

An. 861. depofé prétend avoir de quoi se justifier: on ne doit point en mettre un autre à fa place, avant que l'évêque de Rome ait prononcé. Ignace conjura les députez du concile de faire remettre ces lettres entre les mains du pape.

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Comme ils le preffoient toûjours d'aller au concile, il dit: Il femble que vous n'ayez pas lû les canons. La regle eft, que quand un évêque eft cité par un concile, il foit appellé par deux évêques & jufques à trois fois : & vous me citez par deux perfonnes dont l'un eft foudiacre & l'autre laïque. On produifit des témoins qui difoient être prêts de jurer qu'Ignace avoit été ordonné fans decret d'élection.A quoi il répondit: Qui font-ils ? qui les croira? quel canon ordonne, que l'empereur produife des témoins? Si je ne fuis pas évêque, vous n'êtes pas empereur, & ceux-cy ne font pas évêques, ni Photius lui-même. Car vous avez tous été confacrez par mes mains indignes. Si l'ufurpateur étoit de l'église, je lui cederois volontiers: mais comment donnerai-je un étranger pour pasteur aux ouailles de J. C. Il eft du nombre des excommuniez & des anathematisés. Il a été pris entre les officiers laïques : & ordonné par un homme anathematifé & depofé. Quand il perfuada aux metropolitains de le reconnoître, ils lui firent promettre par écrit & avec ferment de ne rien faire que de mon confentement, comme fij'étois fon pere. Mais il n'y avoit pas quarante jours depuis fon ordination, quand il me dépofa publiquement & m'anathematifa en mon abfence. On rompit les doigts par fon ordre à l'archevêque de

Cyzique, pour lui arracher la copie de fa promeffe, An. 861. & il le depofa. Il obligea les uns par mauvais traitemens, les autres par presens, à ne plus parler de cette promeffe. Les évêques & les magiftrats, puis les évêques feuls prefferent encore Ignace de donner sa démission, & enfin ils fe feparerent chacun

chés eux.

Dix jours aprés on mena Ignace au concile, & on produifit contre lui foixante & douze témoins, que Nicet.p 106 C. l'on avoit préparez depuis long-temps. C'étoit des gens de toutes conditions, d'un côté deshommes de la lie du peuple, & d'ailleurs des fénateurs, dont les chefs étoient deux patrices, Leon Cretique & Theo- * dotace depuis maître des offices. On les fit venir l'un aprés l'autre, & ils jurerent qu'Ignace avoit été ordonné fans aucun decret d'élection. On fit lire le trentiéme canon des apôtres, qui porte: Si un évêque s'eft fervi de la puiffance feculiere pour se mettre en poffeffion d'une églife, qu'il foit dépofé & excommunié. Mais on ne lût pas les dernieres paroles qui ajoûtent: Et tous ceux qui communiquent avec lui: parce qu'ils avoient tous communiqué avec Ignace, le reconnoiffant pour patriarche pendant onze ans. Aprés plufieurs difputes, le concile prononça contre lui la fentence de dépofition. Procope foudiacre, qu'il avoit dépofé pour les extravagances & fa vie prophane, commença à lui ôter par derriere le pallium & le refte des habits facrez, en criant: Anaxios, c'est-à-dire : Indigne fuivant la formule de la dépofition.Les legats Zacarie & Rodoalde & quelques autres crierent de-même, confirmant la

An. 861.

XIII.

Canons de ce

conc le,

355. A.

condamnation ; & Ignace demeura couvert de haillons, dont on l'avoit exprés revétu par deffous.

On tint enfuite une autre feance, où l'on traita du culte des images, pour fauver les apparences. Car Nic. epift. 10. P. c'étoit le pricipal fujet, que l'empereur avoit propofé au pape,pour lui demander des legats : quoiqu'il n'y eût prefque plus d'Iconoclaftes. En cette fcance on lût pour la forme la lettre du pape à l'empereur, dont on n'avoit point parlé dans les féances precedentes: mais on la lût tronquée & falfifiée : en forte qu'il n'y paroiffoit rien de favorable à Ignace, ni de contraire à Photius.. On redigea feparément les Tom. 8. conc. p. actes de ces deux parties du concile, touchant IgnaAp. Th Balf. ce & les images ; & c'eft peut-être pourquoi il fe trouve nominé premier & fecond concile tenu dans l'églife des apôtres.

1512.

549. Zonar. p.

238.

C. 7.

On y fit dix-fept canons, dont la plupart regardent les moines & les monafteres. On n'en bâtira point fans le confentement de l'évêque, & on gardera dans les archives de l'évêché un état de tous les biens du monaftere. Défense aux évêques d'en fonc.2. der de nouveaux aux dépens de leurs églifes. Perfonne ne prendra l'habit monaftique, qu'en presence du superieur auquel il doit être foumis, & aprés trois ans de probation. Les moines n'auront rien en propre. Ils ne fortiront point de leurs monafteres, foit pour paffer en d'autres, foit pour fe retiter en des maifons feculieres : & les fuperieurs feront la recherche des fugitifs pour les renfermer. La perfecution que les moines avoient foufferte fous les princes Iconoclastes fut une occafion à plufieurs de se retirer où

C. S.

C. 6.

C. 4.

C. 3.

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