Imágenes de páginas
PDF
EPUB

323

LIVRE CINQUANTE-DEUZIE'ME.

[ocr errors]

pape

le

roy

An. 870.

I.

R. Charles.

Uand le Adrien eut appris que Charles, fans s'arrêter à fes défenfes, s'étoit Lettres d'Amis en poffeffion du royaume de Lothaire: il le trouva drien, contre le fort mauvais, & lui renvoya de nouveaux legats, Supliv.L1.m.25 chargez de fix lettres de même datte, du cinquième des calendes de Juillet indiction treizième, c'est-àdire du vingt-feptiéme de Juin 870. La premiere eft Hadr. epift. 23. à Charles même, à qui il reproche d'avoir méprisé fes legats, fans les recevoir comme les rois avoient accoûtumé : c'étoit Paul & Leon envoyez l'année precedente. Il lui reproche encore d'avoir violé les fermens, par lefquels il avoit promis de ne point ufurper les royaumes de fes freres ; & par confequent tous les états de l'empereur Lothaire, 'dont ceux du jeune Lothaire faifoient partie. Enfin de l'avoir fait au prejudice de l'empereur Louïs, heritier legitime de fon frere: tandis qu'il eft occupé à combattre les Sarrafins, ennemis du nom Chrétien. Il conclut en difant: Nous vous enjoignons paternellement, qu'aprés cette troifiéme monition, vous ceffiez d'envahir le royaume de ce prince: autrement nous irons nous-mêmes fur les lieux, & ferons ce qui eft de nôtre miniftere. Enfin, il lui recommande fes legats, favoir Jean & Pierre évêques, & -Pierre cardinal chargez de lui dire de bouche ce qu'il ne vouloit pas écrire. Il y avoit deux autres Epi. 27. évêques, Vibode & Jean envoyez par l'empereur

:

An. 870.

Epift. 24. 25.

Louis. Le pape écrivit les mêmes chofes aux évêques du royaume de Charles, & en particulier à Hincmar, comme le premier en dignité. Il fe plaint que ce prelat n'a point répondu à fes lettres envoyées par les legats precedents : ce qu'il dit être fans exemple. Il dit, qu'Hincmar n'ayant pas détourné le roy de cette ufurpation, s'en eft non feulement rendu complice, mais auteur; & il lui ordonne à lui & aux autres évêques, qu'en cas que le roy Charles perfifte dans fa defobeïffance, ils fe feparent de fa communion & n'ayent aucun commerce avec lui, s'ils veulent demeurer dans la communion du pape. Il Ep. 26. adressa aussi une lettre aux seigneurs du royaume de Charles, qui n'étoit qu'une copie de la lettre aux évêques.

Ep. 27. 28.

II.

Ahevêques de

Enfin, Il écrivit à Loüis roy de Germanie & aux évêques de fon royaume. Il loüe le roy de ce qu'il a toûjours conservé la paix & l'union avec l'empereur Loüis, fans pretendre au royaume de Lothaire : ce qui montre qu'il étoit mal inftruit des intentions du roy Loüis, comme nous allons voir. Mais il fe plaint, que ce roy eût permis d'ordonner un évêque de Cologne, fans la participation du faint fiége. Car,' dit-il, Gonthier ayant été depofé par nôtre jugement, on n'a pas dû lui donner un fucceffeur, fans nous confulter. C'est pourquoi nous ne confirmons point cette ordination, jufques à ce que celui qui a été ordonné fe prefente devant nous, pour être jugé dans un concile.

Les éğlifes de Treves & de Cologne étoient vaTreves & de cantes depuis six ans : c'est-à-dire depuis que le pape

Cologne.

Nicolas avoit depofé Teutgaud & Gontier en 864. An, 870. Teutgaud archevêque de Treves étoit mort à Rome, sup. liv. L. .30 . où l'évêque Arfene homme rufé & intereffé l'avoit fait venir avec Gontier dés l'an 867. leur faifant efperer leur rétablissement, pour en tirer des prefens. Le roy Charles s'étant emparé du royaume de Lo- Ann. Met. 869, thaire, donna de l'avis des feigneurs l'archevêché de Treves à Bertulfe neveu d'Adventius évêque de Mets; & voulut mettre à Cologne l'abbé Hilduin sup.L. x. 27. frere de Gontier, que le jeune Lothaire avoit voulu faire évêque de Cambray. Pour cet effet, il le fit ordonner prêtre à Aix-la-chapelle, par Francon évêque de Tongres, qui lui donna le titre de faint Pierre de Cologne.

Loüis roy de Germanie étoit malade en Baviere, tandis que fon frere Charles prenoit, poffeffion de la Lorraine je nomme ainfi le royaume de Lothaire, dont la province qui porte aujourd'hui ce nom n'eft qu'une petite partie. Louis le trouva fort mauvais, & envoya prier fon frere d'attendre qu'il eût recouvré fa fanté, pour regler ensemble à qui appartiendroit ce royaume. Cependant il envoya fecrettement à Cologne Liutbert archevêque de Mayence, avec ordre de prevenir, à quelque prix que ce fût, l'ordination d'Hilduin, & d'y facrer un évêque tiré du clergé de la même ville, par l'élection des citoyens. Liutbert ayant pris avec lui d'autres évêques alla droit à Diuze aujourd'hui Duyt, vis-àvis de Cologne delà le Rein: n'ofant paffer ce fleuve, peur des partifans du roy Charles. Là il fit venir les principaux du clergé & du peuple de Co

de

An. 870. logne, & leur expliqua les intentions du roy Loüis. Ils répondirent, que l'archevêché étoit donné à Hilduin, qu'il étoit déja ordonné prêtre de cette églife, que prefque tous s'étoient foumis à lui, & qu'il leur étoit impoffible d'en élire un autre. Liutbert leur dit: Si vous ne voulez pas ufer de l'élection que le roy vous accorde, il est en son pouvoir de vous donner tel évêque qu'il lui plaira. Ce qu'ayant oui, ils élurent tout d'une voix Guillebert homme venerable, qui fit tous les effors pour refufer: mais l'archevêque Liutbert ne laiffa pas de l'ordonner, ayant paffé le Rein avec les autres évêques, le clergé & le peuple; & l'inftala folemnellement dans le fiége de Cologne, puis il fe retira promptement.

[ocr errors]

Leroy Charles, qui étoit à Aix-la-chapelle, ayant appris cette ordination, en fut fort irrité, & vint auffi-tôt à Cologne: mais Guillebert & tous ceux qui avoient eu part à son ordination, se mirent à couvert de fa colere en paflant le Rein. Ainfi ne trouvant plus fur qui fe vanger, il fut obligé de s'en retourner. Telle étoit donc l'ordination de l'archevêque de Cologne, dont le pape fe plaignoit. Mais il fut auffi peu obeï fur ce point, que fur la reftitution de la Lorraine. Guillebert demeura en poffeffion de son fiége & tint un concile à Cologne le vingt-fixiéme de Septembre 870. où il prefida avec les deux autres métropolitains, Liutbert de Mayence & Bertulfe de Treves: les évêques de Saxe y affifterent, & on y fit la dédicace du dôme, c'est-àdire de la cathedrale de Cologne dédiée à S. Pierre. A. Bertin.870. Cologne & Treves échurent au roy Loüis, dans

le de Lothaire, qu'il fit avec le An. 870. partage du royaume roy Charles fon frere, le vingt-huitiéme de Juillet

la même année 870.

gni.

[ocr errors]

conc. p. 1537. 2.

Hincm. Opufc.

Au mois de May precedent, Charles avoit assem- Carloman conblé à Attigni un concile des évêques de dix provin- damné à Attices, au nombre d'environ trente, ayant à leur tête id. &tom 8. fix archevêques, Hincmar de Reims, Remi de Lion, 1841. Harduic de Befançon, Vulfade de Bourges, Frotaire de Bourdeaux & Bertulfe de Treves. Il y avoit dix évêques de la feule province de Reims. En ce concile le roy Charles fit juger Carloman fon fils, An. Met 870à qui dés fon bas âge il avoit fait donner la ton- 32. fure clericale, puis l'avoit fait ordonner diacre malgré lui en fa prefence, par Hildegaire évêque de Meaux. Il en avoit fait la fonction en lifant l'évangile & fervant l'évêque à la meffe, & le roy fon pere fui avoit donné plufieurs abbayes. Mais il renonça à la profeffion qu'il avoit embrassée par force, & s'étant mis en campagne avec des troupes, il pilloit les églifes & faifoit des maux inouis. Le roy fon pere l'ayant fouvent averti, le fit enfin arrêter, & juger en ce concile comme clerc. Il fut même trouvé coupable d'infidelité & de conjuration contre le Foy, qui lui ôta fes abbayes & le mit en prifon à Senlis.

IV.

Soûmiffion

Laon.
Sup. L1. 26. 22.

En ce même concile d'Attigni, Hincmar évêque de Laon, fut accufé de nouveau de defobeïffance d'Hincmar de envers le roy & envers fon archevêque Hincmar de Reims. L'évêque de Laon lui avoit envoyé deux écrits l'un aprés l'autre, contenant des collections Conc. Dux. 2. de canons, pour justifier fon appellation à Rome &

C. 13.

« AnteriorContinuar »