dination & s'affeoir fur ce fiége. Hincmar de Reims An. 876. s'y oppofa,& protefta devant tout le concile, que cette entreprife étoit contraire aux faints canons : mais l'empereur demeura ferme dans fa résolution, & n'accorda pas même aux évêques de prendre copie de cette lettre du pape. Nous avons un traité d'Hincmar adreffé aux évêques, où il déduit au long les caufes de fon oppofition à la primauté d'Anfegife. Il met pour fondement les canons de Nicée: favoir le fixiéme, qui confirme les anciens privileges de toutes les églifes, & le quatriéme qui dit, que ce qui fe fait en chaque province doit être autorifé par le métropolitain. Il releve la force des canons de Nicée, par les témoignages de faint Leon & de plufieurs autres papes. Il eft vrai, dit-il, que le pape ayant fous fa juridiction particuliere certaines provinces éloignées de lui, il y a établi des vicaires audeflus des métropolitains. Il entend la Macedoine & le refte de l'Illyrie occidentale. Encore, ajoute-t-il, les droits des métropolitains y étoient confervez. Il est encore vrai que les papes ont quel quefois établi des vicaires dans les Gaules mais pour des caufes paffageres, comme pour empêcher la fimonie & les ordinations prematurées, ou pour le retablissement de la difcipline & la converfion des infideles: comme fut la commiffion de faint Boniface; & les églifes font enfuite rentrées dans leur ancien droit. Hincmar fait ici beaucoup valoir le : 309 privilege qu'il avoit obtenu du pape Benoist aprés la condamnation d'Ebbon ; & ne manque pas de remarquer, que le vicariat accordé à Drogon évêque de Tome XI. Ddd : 7.22. An. 876. 8. 21. n. 33. 34. Mets par le pape Sergius du tems du roy Lothaire demeura fans effet. Il conclut, que quand deux ou sup liv. XLVIII. trois flateurs consentiroient au privilege dont il s'agit, l'oppofition du grand nombre doit l'emporter; & que l'empereur n'a pas le pouvoir de regler les affaires ecclefiaftiques. XXXIV: de Pontion. La fecondefeffion du concile de Pontion fut levingtdeuziéme de Juin 876. On y lut l'acte du concile de Suite du concile Pavie pour la confirmation de l'élection de l'empe10.9 conc. p. 284 teur,& les articles dreffés à Pavie.Le tout fut confirmé fuivant l'ordre de l'empereur, par les évêques & les feigneurs de France, de Bourgogne, d'Aquitaine, de Septimanie, de Neuftrie, & de Provence. La troifiéme feflion fut le troifiéme Juillet, mais l'empereur n'y affifta pas. On y difputa touchant les prêttes de divers diocefes qui reclamoient les legats du faint fiége. Le lendemain fut tenue la quatriéme feffion, l'empereur y étant. Il y donna audience aux ambassadeurs du roy Louis fon frere; favoir Guillebert archevêque de Cologne & deux comtes: qui demanderent au nom de leur maître fa part du royaume de l'empereur Loüis, fuivant fon droit de fucceffion & les fermens faits entre les freres. Enfuite Jean évêque de Tofcanelle lut une lettre du pape Jean, adreffée aux évêques du royaume de Loüis; & en donna copie à l'archevêque Guillebert, pour la leur rendre. En cette lettre Louis eft fortement blâmé, d'étre entré à main armée dans les états de l'empereur Charles fon frere pendant fon abfence: quoi que le pape fe fut offert pour être entr'eux le médiateur de la paix. Mais il blâme encore plus les évê ques de ne lui avoir pas refifté; & applique à ce An. 876. fujet ce que dit faint Paul, que nous n'avons pas à combattre la chair & le fang, mais les princes & Ephef. v. 12? les puiffances, & plufieurs autres paffages de l'écriture auffi bien entendus. Il conclut, que les évêques doivent par leurs exhortations détourner le roy Louis de cette injufte entreprife: s'ils ne veulent être dé pofés, excommuniés & anathematisés, fans efperance d'abfolution. Car, ajoûte-t-il, quiconque refufera de fe trouver avec nos legats au lieu qu'ils auront marqué,pour examiner les affaires furvenues cette année entre ces deux princes : qu'il fache, de quelque condition qu'il foit, qu'il n'y aura point de pardon pour lui. Ep. 3176 On lut une lettre aux comtes du royaume de Louis, Epift. 3164 contenant les mêmesreproches contre lui,&les mêmes menaces contre eux, s'ils ne fe trouvoient à la conference indiquée par les legats. On lut auffi une lettre aux évêques & aux comtes du royaume de l'empereur Charles, qui lui étoient demeurés fideles pendant l'invafion du roy Loüis ; & une à ceux qui avoient pris le parti de celui-ci : loüant les uns, blâmant les autres & leur ordonnant à tous d'obéïr aux legats. Ep.318 Le dixiéme de Juillet on tint la cinquième feffion du concile, où vinrent deux nouveaux legats du pape, Jean fon neveu & fon apocrifiaire évêque de Gabii, & Pierre évêque de Foffembrune: apportant des lettres à l'empereur & à l'imperatrice, & des compli mens aux évêques. Le lendemain on tint la fixieme feffion où on lut une lettre du pape, adreflée à tous les évêques de Gaule & de Germanie, contenant la Ep.319 p 292 7.5 An. 876. fentence prononcée contre l'évêque Formose, le nomenclateur Gregoire & leurs complices; & exhortant les évêques à la faire publier & exécuter par tous les diocefes. Dans cette même feffion: on donna à l'empereur les prefens du pape, dont les principaux êtoient un feptre & un bâton d'or, & à l'imperatrice des étofes precieufes, & des bracelets ornés de pierreries. La feptiéme feffion fut le quatorziéme de Juillet.' L'empereur y envoya les legats du pape, reprocher durement aux évêques de n'être pas venus le jour précedent, fuivant fon ordre: mais ils en rendirent des raisons fi canoniques, que les legats s'appaiferent. Jean de Tofcanelle lut encore par l'ordre de l'empereur la lettre touchant la primatie d'Ansegise, & demanda la réponse. Les archevêques répondirent l'un aprés l'autre, qu'ils prétendoient obeïr aux decrets du pape felon les regles, comme leurs prédeceffeurs avoient obéi aux fiens; & parce que l'empereur étoit abfent, leur réponfe fut mieux reçûë qu'à la premiere feffion. Il y eut encore plufieurs contef tations touchant les prêtres qui s'adrefloient aux lègats du pape; on lut une requeste de Frotaire archevêque de Bourdeaux, tendante à ce qu'il lui fût permis de remplir le fiége de Bourges: attendu que les incurfions des Payens, c'est-à-dire des Normans, l'empêchoient de demeurer dans fa ville. Les évêques rejetterent fa demande tout d'une voix : mais Frotaire ne laissa pas d'obtenir enfuite le fiége de Bourges, enfin on Les évêques s'affemblerent pour la huitiéme & An. 876. Ann. Fuld. 876 derniere fois le matin du feiziéme de Juillet,parl'ordre des legats. L'empereur vint au concile àl'heure de none paré & couronné à la greque, c'est-à dire, comme on void les empereurs de C. P. dans les médailles & les manuscrits. L'annaliste de Fulde dit que Charles à fon v. cang. fam• retour d'Italie portoit une dalmatique longue & une B. 139. ceinture qui pendoit jufqu'aux pieds: un voile de foye fur la tête & une couronne par deffus: qu'il venoit ainfi à l'églife les dimanches & les fêtes, & que méprifant les coutumes des rois François, il eftimoit les vanités Greques. Charles vint donc au concile en cet habit, conduit par les legats habillés à la Romaine, les évêques étant en habit ecclefiaftique. L'évêque Leon prononça l'oraison, & Jean évêque d'Arezze autre legat, lut un écrit deftitué de raison & d'autorité : comme difent les annales de S. Bertin écrites par Hincmar, ou par son ordre. Ensuite, ajoûtent-elles, Odon évêque de Beauvais lut certains articles, que les legats Ansegise, & Odon lui-même avoient dictés, fans la participation du concile: qui fe contredifoient, n'étoient d'aucune utilité, & n'avoient ni autorité ni raison. C'est pourquoi ils ne font pas inferés ici. On renouvella la question de la primatie d'Ansegise; & aprés plufieurs plaintes de l'empereur & des legats contre les évêques, Anfegife n'obtint rien de plus à ce dernier jour du concile, qu'au premier. Les chofes font demeurées au même état: l'archevêque de Sens depuis ce tems-là prend le titre de primat des Gaules & de Germanie: mais ce n'eft qu'un titre, fans aucune juridition. Ensuite Pierre évêque de Foffembrune & Jean Ddd iij |