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An. 862.

p. 695.

Interr.3. p. 583.

XXIII.

fe Valdrade.

le ne retournera pas avec lui, fans prendre les feuretez neceffaires. Que Lothaire pour être roy n'est pas moins foûmis aux loix de l'églife: mais que fes pechez font plus dangereux par le scandale. Il femble même dire, qu'un roy n'eft roy que tant qu'il fait fon devoir; & qu'on ne doit point obeïr à un prince

criminel.

On prétendoit qu'Hincmar avoit consenti au jugement des évêques en faveur du roy Lothaire. Il convient d'avoir été invité à un concile dans le royaume de ce prince: mais il montre, qu'il s'en eft excufé, tant par maladie, que parce qu'il n'avoit pas eu le loifir de confulter les évêques de fa province: fans l'avis defquels il ne pouvoit, felon les canons rien faire hors de fon diocéfe.

Cependant Lothaire fit tenir un concile à Aix Lothaire épou- la chapelle le vingt-huitiéme d'Avril l'an 862. intom. 8. p. 739 diction dixiéme. Huit évêques s'y affemblerent; favoir Gontier de Cologne archichapellain, à quile roy faifoit efperer, qu'il épouferoit fa niéce: Theutgaud de Treves, Adventius de Mets, Atton de Verdun, Arnoul de Toul, Francon de Tongres, P.741. Hangaire d'Utrect, & Ratold de Strasbourg. Le pretexte étoit les besoins de l'église, le vrai motif l'affaire du mariage du roy. Il presenta aux évêques une requête, où aprés les avoir nommez mediateurs entre Dieu & les hommes, & reconnu leur di gnité fuperieure à la dignité royale: il dit que fuivant leur confeil, il s'eft feparé de Thietberge; & qu'il eft preft d'expier, comme ils lui prescriront, les pechez qu'il a commis depuis par fragilité. Il ajoûte:

Confiderez ma jeunesse, & voyez ce que je dois An. 862. faire. Je vous avoüe fimplement que je ne puis me pafler de femme: je veux toutefois éviter le crime: je vous conjure de me fecourir promptement en ce peril.

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XIX. 9.

L'archevêque Theutgaud rendit témoignage, que cap. 4 & le roy Lothaire avoit fait penitence pendant tout le 743. B. carême, par les jeunes, les aumônes & les autres bonnes œuvres, jufques à marcher nuds pieds: pour expier le commerce qu'il avoit eu avec fa concubine. Le concile chargea deux évêques d'examiner la queftion; & aprés avoir travaillé la nuit, ils rapporterent dés le matin un écrit, où ils expliquoient leur avis, & le prouvoient par l'écriture, les conci- 745. les & les peres. La question, difoient-ils, eft fi un homme ayant quitté fa femme peut en épouser une autre elle vivante. Selon l'Evangile, un marine peut quitter fa femme, que pour caufe d'adultere; & qui- Matth. v. zz. conque ayant quitté fa femme en épouse une autre, commet adultere. Dans le fait il n'y a point de caufe Mare. x. 11. de feparation, parce que le crime que l'on impute à Thietberge, auroit été commis avant fon mariage: donc elle n'eft point adultere. Et fi on recherchoit les fautes commises avant le mariage, on donneroit grande licence aux maris & encore plus aux femmes, de rompre les mariages. Celui-ci ne peut être non plus caffé à caufe d'inceste : puifque Lothaire & Thietberge ne font point parens : & l'incefte cominis auparavant avec un autre ne regarde point le mari. Donc Lothaire peut & doit garder Thietberge. Nonobstant cet avis si sage, le concile

Luc. XVI. 18.

An. 862.

Conc. c. 7.

Sup. liv. xxx11.

22. 2.

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décida que Lothaire ne pouvoit demeurer avec elle. Se fondant fur le quatrième canon du concile de Lerida, qui porte: Que ceux qui commettent incefte feront excommuniez, tant qu'ils demeureront dans ce mariage illicite. Or il étoit clair que Thietberge n'avoit jamais époufé fon frere. Les évêques supposant avoir montré la nullité de ce mariage, permettent à Lothaire d'en contracter un legitime: In. 1. Cor. VII. fe fondant fur le commentaire de faint Paul attribué à faint Ambroise, où il eft dit, que la neceffité de garder la continence aprés la feparation pour cause d'adultere n'eft pas reciproque, & ne regarde point le mari, mais la femme feule. On convient que ce V. not. edit. commentaire n'eft pas de faint Ambroife; & quelques-uns croyent que les paroles dont il s'agit y ont Conc. Trid.feff. été ajoûtées. Quoiqu il en foit, la doctrine contraire eft conftante dans l'église Latine.

II.

Bened.4 fent.

dift. 35.

24. C. 7.

Ann. Mett. 864.

En confequence de ce jugement, le roy prétendant être libre, on fit venir à la cour la niece de l'archevêque Gonthier: mais elle fut renvoyée honteufement, aprés que le roy en eut abusé une fois, à ce que l'on disoit. Il fit paroître en public ValdraAnn. Bertin.862 de, qu'il entretenoit depuis long-temps, & qui étoit la veritable cause de fon divorce avec Thietberge. Il l'époufa folemnellement & la fit couronner reine, au grand déplaifir de ses plus fideles ferviteurs. On difoit qu'elle l'avoit enforcelé.

XXIV. Affemblée de Sablonieres.

Le roy Charles fon oncle fut tres mal content de ce procedé. Il avoit donné retraite à Thietberge, dont il prenoit ouvertement la protection ; & cette même année 862. il donna l'abbaye de faint Martin

An. 862.

de Tours à Hubert frere de cette princeffe. Charles avoit encore deux autres fujets de plainte contre Lothaire. La protection qu'il donnoit à Ingeltrude femme de Bofon, fugitive depuis cinq ans; & ce qui le sup. n. 10. touchoit de plus prés, à Judith fa fille enlevée par

le

le comte Baudoüin. Car Judith étant veuve d'E- Ann Bertin.86% dilulfe roy des Anglois étoit revenuë en France; & ayant écouté les propofitions de mariage que Baudoüin lui faifoit à l'infçu du roy Charles fon pere, le fuivit en habit déguifé, & fe retira avec lui dans royaume de Lothaire : mais Charles fit condamner Baudouin & Judith par les feigneurs de fon royaume, & par les évêques, qui les excommunierent. C'eft de ce Baudouin que defcendirent les anciens comtes de Flandres. Charles le chauve ne vouloit donc point voir son neveu Lothaire, & le regardoit comme un excommunié.

Ibid.

Mais fon frere Loüis roy de Germanie lui envoya des ambassadeurs, qui l'adoucirent, & lui perfuaderent de se trouver avec lui à Sablonieres prés de Toul, où Lothaire devoit auffi fe rendre. Charles avant que de voir Lothaire donna à Loüis un écrit, contenant les caufes de fon mécontentement; & Capitul. tit. 35. marquant qu'il craignoit de communiquer avec lui: à moins qu'il ne promît de fe foûmettre au jugement

du

pape & des évêques. Charles envoya cet écrit à Lothaire par Louis & par quatre évêques; Alfrid d'Hildesheim, Salomon de Conftance, Adventius de Mets & Hatton de Verdun. Ils rapporterent, que Lothaire promettoit de faire ce que defiroit Charles, qui le reçut & l'embrassa: étant accompagné aussi

tom. 2.p.163.

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An. 862.

XXV.

Le pape envoye des legats en France.

Nic. epift. 17.ep.

de

quatre évêques, Hincmar de Reims, Hincmar de Laon, Odon de Beauvais & Christian d'Auxerre. Cette affemblée de Sablonieres fut terminée le troifiéme de Novembre 862.

Lothaire & Thietberge, chacun de leur côté, avoient envoyé au pape Nicolas; Lothaire lui avoit envoyé deux comtes avec des lettres, portant que 50. p. 448. E. les évêques de fon royaume & quelques autres, lui avoient declaré qu'il pouvoit quitter Thietberge & époufer Valdrade: mais que pour garder l'ordre, il vouloit avoir l'autorité du pape même, & attendoit fon confeil, demandant pour cet effet des legats qui vinssent tenir un concile dans fon royaume. Le pape lui manda, qu'il lui envoyeroit certainement des legats: mais qu'il ne pouvoit fi-tôt, défendant de faire cependant aucune déliberation sur cette affaire. Le pape ignorant ce que Lothaite avoit fait depuis au prejudice de fa défense, lui envoya fur la fin de la même année 862. Rodoalde évêque de Porto, le même qui avoit été à C. P. & Jean évêque de Ficocle, aujourd'hui Cervia dans la Romagne.. Il manda au roy Louis de Germanie & aux deux rois Epift. 18. Charles, l'oncle & le neveu, d'y envoyer chacun deux évêques de leurs royaumes: enfin il pria l'emEpift. 19. pereur Louis de faire conduire fes legats en fureté. Epift. 22. au royaume de Lothaire fon frere. Le pape écrivit auffi aux évêques de Gaule & de Germanie de fe trouver à Mets, où fe devoit tenir le concile, & d'y faire venir le roy Lothaire, pour s'y défendre en perfonne. Le pape marque dans cette lettre, qu'il vient d'aprendre, comme il étoit prêt à envoyer fes legats,

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