Ces reglemens font terminez par une profes fion de foi, dont voici les termes.,, Nous cro- AN. 1561. ,, yons d'une ferme foi, & nous confeffons, que XXXVI. le vrai corps & le vrai fang de Jesus-Chrift Profeflion font réellement & tranfubftantiellement de foi, éta,. fous les eipeces du pain & du vin, par blie par la la vertu de la parole de Dieu prononcée même af,, par le prêtre, feul miniftre ordonné pour femblée. cet effet, fuivant la loi de Notre Seigneur " " " Jefus Chrift: Que les ecritures de l'an- Après qu'on eut publié ces reglemens, & fait XXXVII. prier le roi d'approuver ce qui avoit été conclu, Requête les prelats fe retirerent le vingt-cinquiéme de des évêques Novembre; mais la regente fâchée que le collo- au roitoufe fût terminé fans en avoir retiré aucun que fruit, & croyant que les Calviniftes fe relâche- commu roient, en cas qu'on leur accordât deux chofes, le mariage des clercs, & la communion fous les calice. F 3 deux efpeces aux laïques, elle voulut engager les AN. 1561. évêques à prefenter la-deffus une requête au roi, pour prier fa majefté de folliciter ces deux articles auprès du pape. La plupart des prelats de l'affemblée de Poiffi, & plufieurs autres ne trou verent pas beaucoup de difficultez dans la demande de la reine, & convinrent que l'on pouvoit prefenter cette requête; mais il y en eut plufieurs qui dirent, qu'à l'égard de l'article de la communion fous les deux efpeces, il n'étoit pas néceffaire de recourir à Rome pour accorder cette pratique, que ce rétabliffement pouvoit fe faire par un édit du roi, parce que l'usage du cafice n'avoit point été ôté aux laiques par aucun decret ou canon de l'églife, mais feulement par un ufage contraire qui s'étoit infenfiblement introduit, & qu'il n'y avoit rien dans le droit ecclefiaftique qui défendît aux évêques de rétablir l'ancien ufage: mais le plus grand nombre des prelats fut d'un avis contraire, & crut que dans une matiere fi délicate, il falloit confulter le faint fiege. Le roi en écrivit donc au fieur de l'Ifle fon ambaffadeur à Rome. Sa lettre eft du vingt-quatriéme d'Octobre, il lui donne avis que l'affemblée de Poiffi eft terminée, & lui ordonne d'en informer le pape inceffamment; enfuite il lui dit de le preffer, attendu le befoin de fon royaume, d'accorder aux peuples la permiffion de recevoir la fainte céne fous les deux efpeces du vin, jufqu'a la détermination du concile, de même qu'il s'eft autrefois pratiqué dans la primitive églife. Et il ajoute, que fur l'objection qu'on pourra faire, que ce qu'on demandé a été défendu par les conciles, on peut répondre au pape, que puifqu'en une infinité de chofes beaucoup moins avantageufes à tout un royaume, il donne des difpenfes autant qu'il lui plaît: il peut bien dans cette affaire ci, qui eft de la derniere im XXXVIII. Le roi la fait demander au pape par fon am baffadeur. Dans les memoires four le concile de Trente te in 40. p. 99.& fuiv. por portance, ufer de fon pouvoir & de fa feule au- L'ambaffadeur n'eut pas plûtôt reçu la lettre du 6. No Vinibre, p. 110. du roi, qu'il demanda audience au pape, & elle XXXIX. M XL. Le pape re- ment la fa demande; mais il ne put rien obtenir Les AN. 1561. plus moderez lui répondirent, que cette affaire demandoit une mûre déliberation, & qu'ils ne pouvoient la juger fans y penfer férieusement & promirent de le faire felon leurs confciences, quand ils en feroient requis par le pape. Mais le plus grand nombre regarda cette affaire comme la plus dangereufe qui pût arriver à l'églife: le cardinal de Saint-Ange dit entr'autres, qu'il ne feroit jamais d'avis quon accordât un tel poison du concile de aux François pour medecine, & qu'il valloit Trente, let-beaucoup mieux les laiffer mourir: l'ambaffadeur tre du ficar de eut beau repliquer que la difpenfe qu'il demanrifle du doit ne regardoit que l'ufage des deux efpeces, 9. Decembre & non ce qu'il failloit croire fur chacune d'elles; P.115.& ceux qui l'écoutoient étoient plus attentifs à le contredire qu'à pefer fes raifons.. Memoires Suiv. Le cardinal de la Cueva Efpagnol, dit au fieur de lIfle, que bien loin d'opiner en faveur de fa demande, fi elle venoit à être accordée par l'autorité du St. pere & du confentement des au tres, il étoit réfolu de fe mettre fur les degrez de l'églife de Saint Pierre, de s'élever hautement contre l'indignité du fait, & de crier, mifericorde. Et parce qu'il ajoûta qu'il falloit que les évêques fuffent infectez d'herefie pour deman der une pareille chofe; l'ambaffadeur lui repliqua, que ces prelats avant que de propofer leur demande, l'avoient bien examinée & appuyée de folides raifons tirées de la theologie, que fa cenfure fi précipitée & fi injurieufe à l'églife de France, marquoit en lui une profonde ignorance, ou des qualitez de ces prelats, ou de leur érudi tion. L'ambaffadeur ecrivant ce détail au roi, dit en paffant, que ce cardinal étoit réputé homme de bonne chere plûtôt que de bon confeil. Il ajouta, que laiflant les cardinaux, il alla audevant du pape, qu'il trouva fortant de sa cham bre bre pour aller au confiftoire: ill'accompagna, & lui fit de nouvelles inftances pour terminer l'af- AN. 1561. faire. Le pape l'ayant affuré de fes bonnes intentions, & s'étant arrêté quelque tems, lui demanda s'il vouloit que la chofe fut propofée au confiftoire. A quoi le fieur de l'Ifle répondit que ce n'avoit jamais été fa penfée, qu'il n'avoit ordre de s'adreffer qu'à fa fainteté, qui feule étoit fuffifante, felon le jugement des prelats de France, pour accorder la demande du roi, quoiqu'il eût cru qu'il étoit de fon devoir d'en inftruire les cardinaux, & de leur faire entendre les motifs que le clergé de France avoit en faifant cette démarche. Čet entretien entre le pape & l'ambaffadeur, dura jufqu'à la porte du confiftoire, où le pape entra revêtu de fes habits pontificaux, & Te plaça dans fa chaire. Mais à peine le fieur de l'Ine fut-il arrivé chez lui, qu'on l'envoya avertir de retourner; il partit auffitôt, & en chemin il rencontra les cardinaux de la Bourdaisiere, Salviati & un autre, qui avoient été députez pour l'aller trouver, & lui dire de la part du pape, qu'il eut à declarer pofitivement s'il vouloit qu'on proposât fon affaire dans le confiftoire, le pape ne pouvant la juger feul; qu'au refte il y trouveroit de très-grandes difficultez, ne pouvant pas compter fur une feule voix qui lui fût favorable; qu'ainfi ils lui confeilloient de s'en défifter. Mais de l'Ile s'en excufa fur les ordres qu'il avoit reçus, & dit qu'il n'étoit chargé que de s'adreffer au pape. Ces cardinaux étant retournez, lui furent encore renvoyez jufqu'à deux fois, & lui dirent, que le pape n'ayant reçu au cun avis de fon légat en France fur cette requête des prelats, il n'étoit pas naturel qu'il pronon çât aucun jugement. De l'ifle reprensenta aux cardinaux, que les rois ne communiquoient pas aux légats & aux nonces les affaires fecrettes, F 5 qui |