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celier s'étendit encore fur les deux motifs mar-
quez dans la bulle pour affembler le concile, la AN, 1561.
deftruction des héréfies, & la réformation des
mœurs, & en parla avec tant de vivacité, qu'on
eut dit que ce qui avoit été avancé par le pape,
ou de fa part fur ce fujet, eut été autant de ca-
lomnies qu'il falloit repouffer avec chaleur: il a-
joûta, que cette douceur & cette bonté du pa-
pe que Commendon cherchoit tant à faire valoir,
n'etoient aujourd'hui qu'apparentes, parce que le
tems & les circonstances où l'on fe trouvoit alors,
demandoient cet exterieur impofant; mais que
ces belles qualitez feroient bien-tôt changées en
cruauté en Italie & ailleurs, pour mettre en
pieces des hommes pieux, dont tout le cris
me confiftoit à fuivre la pure doctrine de l'é-
vangile, & a ne vouloir pas adopter les idolâtries
que l'autorité tyrannique du pape vouloit intro-
duire.

XXV.

du mar

quis.

Pallavicin.

ibid. vt fup.

Le nonce fe fentit ému en entendant ce discours; mais fans rien faire paroître de fon é- Replique de motion, il fe tourna du côté du marquis, & Commendon lui dit, que fon chancelier avoit fort mal inter- au chancepreté les intentions du pape, & qu'il ne convenoit pas au miniftre d'un prince qu'on n'avoit point offenfé, & qu'on avoit au contraire comblé d'honneurs, de fe fervir de termes auffi injurieux. Prenant enfuite tous les chefs d'accufation du chancelier, il dit, que l'intention du pape étoit d'accorder toutes les füretez convenables, & d'é couter chacun avec beaucoup de bonté, en forte qu'on se trouvât au concile, non comme des liévres au milieu des lions, mais comme des ag neaux avec leurs pafteurs; qu'il efperoit, qu'au lieu de répondre aux preténduës fupercheries qu'on imputoit au pape, il prendroit toutes les Toit mefures néceflaires pour mettre la paix dans l'éLech glife; ce que le pape fouhaitoit uniquement.

Fortoil.

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Qu'on ne pouvoit nier que l'Allemagne ne fut AN. 1561 partagée en differentes fectes, puifque les princes s'en plaignoient eux-mêmes dans leurs affem. blees, & ne demandoient un concile que pour y reme her. Que les fupplices dont on avoit puni quelques héretiques en Italie & ailleurs par l'au torité du pape, n'étoient point contraires à cette bonté qu'on lui connoiffoit pour offrir le pardon à ceux qui vouloient quitter leurs erreurs ; que ces fupplices étoient autorifez par les loix de l'empire, conformes à la difcipline de l'ancienne églife, & tendoient à conferver la religion fans tâche, & à épargner le fang des peuples, que P'héréfie répandroit avec fureur, fi elle étoit impunie. Que l'idolâtrie qu'on reprochoit à l'églife Romaine, n'étoit autre que le culte qu'elle rend aux chofes facrées, qu'elle a pratiqué depuis les premiers fiécles, & qui a été obfervé en Allemagne auffi-tôt qu'on commença à y connoître Jefus Chrift. Qu'enfin la puiffance du pape n'étoit point tyrannique, puifqu'elle n'étoit point fondée fur la violence, mais fur la parole de Dieu & le refpect des fideles; enforte qu'ils joüiffoient d'une paix profonde & d'un repos parfait, pendant que les troubles & les malheurs regnoient parmi ceux qui s'étoient féparez de fon unité.

XXVI
Honnêtetés

ce fait au

nonce.

Pallavicin.

>

Après ce difcours, le nonce fe leva & prit congé de la compagnie: mais le marquis de Branque ce prin- debourg l'arrêta pour diner avec lui, & le traita avec beaucoup de douceur & d'humanité; il le fit affeoir à table dans la place la plus honorable, fe tint toûjours découvert, & lui marqua dans fes paroles, dans fes manieres, & dans les chofes qu'il lui préfentoit, tous les témoignages du plus profond refpect. Il ordonna mêmea fes confeillers de le conduire jufqu'à fon logis: le chan. celier s'y trouva avec les autres, & fit beaucoup

ut fup n. 1c.

d'ex

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d'excufes à Commendon de ce qu'il avoit dit
dans fa réponse. Le nonce lui répartit, que tout AN. 1561.
le repoche qu'on pouvoit lui faire, étoit d'être
animé d'un zéle ardent pour leur falut; que s'ils
ne vouloient pas y répondre, il leur demandoit
en grace, que malgré leur obftination à fomen-
ter la difcorde & la divifion, ils rendiffent au
moins justice aux bonnes intentions du pape, &
qu'ils reconnuffent fa charité & fa bonte pater-
nelle. Le chancelier repliqua, qu'il falloit rejetter
la plus grande partie du mal fur les moines. Com-
mendon étant parti de Brefca, retourna à Ber-
lin le dernier jour de Février. Le lendemain de
fon arrivée l'archevêque de Mas debourg alla le
voir, & lui fit remettre fa réponse par un de fes
confeillers; elle étoit remplie de loüanges & d'a-
ctions de graces envers le pape & il y promet-
toit de fe rendre au concile, & d'y mener beau-
coup d'évêques. Il chargea auffi le nonce d'une
lettre qu'il écrivoit lui-même au pape en répon-
fe à celle dont ill'avoit honoré; il lui marquoit,
qu'en reconnoiffance du bref & de la bulle qu'il
venoit de recevoir, il feroit plus hardi à mettre
toute fa confiance en fa fainteté, & à le prier de
l'honorer de fes bons avis pour l'administration
de fon églife. Commendon fut d'autant plus char-
mé des fentimens & de la conduite de cet arche
vêque, qu'il n'attendoit rien de femblable d'un'
jeune homme de vingt-deux ans, obfedé par un
grand nombre de miniftres qui favorifoient l'hé
réfie, & gouverné par un pere hérétique. Il re-
mit auffi les lettres du pape à l'électrice de Bran
debourg, qui étoit Catholique, & qui pria le
nonce de baifer pour elle les pieds du pape, &
de l'affurer qu'elle vouloit vivre & mourir dans
l'ancienne religion. L'électeur charmé des con
verfations du nonce, le retint auffi long-tems
qu'il lui fut poffible; il lui fit voir toutes les ra
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retez du trésor de l'églife de Magdebourg, & AN. 1561. pria Commendon de lui procurer un morceau du bois de la vraie croix, pour mettre dans un magnifique reliquaire preparé à ce fujet. Pendant ce tems-là, l'électeur revenoit toûjours à la charge fur le droit de fuffrage que les Proteftans pretendoient avoir dans le concile, parce qu'on. avoit déja decidé beaucoup d'articles fur lefquels ils n'avoient point été entendus: & Commendon fans lui faire d'autre réponse que celle qui a été rapportée plus haut, exhorta ce prince à envoyer au concile des ambaffadeurs qui aimaffent la paix, & non fes théologiens. L'electeur lui repliqua qu'il étoit vrai que les theologiens n'aimoient pas la paix, & ne fe plaifoient que dans les difputes: mais il ne lui dit pas s'il envoyeroit des perfonnes plus pacifiques, & avec qui il fut plus facile de traiter.

XXVII.

congé de l'électeur

& part de

Berlin

n. 15

Le nonce ne pouvant plus retarder fon départ, Commen- prit congé de l'électeur, qui lui donna fa répondon prend le au pape, & voulut le combler de prefens d'un grand prix pour Pie IV. mais il les refufa, & ne demanda que deux chofes à l'électeur,l'une, qu'il voulut bien lire le livre qu'il avoit remis à l'éleEtrice fa femme de la part du nonce Hofius ; l'auPallavicin ut tre, qu'il ordonnât la reftitution de quelques enSup. c. 4. droits qu'on avoit enlevez aux religieux d'une Chartreufe auprés de Francfort fur l'Oder. L'éAnt. Maria lecteur lui promit l'un & Pautres & le nonce parGratiani in tit de Berlin de troifiéme du mois de Mars. En vit. Com. parcourant plufieurs villes heretiques qui fe troumend. l. 2. verent fur fa route, il ne put retenir fes lar-` $. 4. mes, à la vûë de tant de célebres abbayes, de tant d'églifes bâties autrefois avec des foins & des dépenfes extraordinaires, de tant de monumens de la pieté des anciens, les uns dépouillez & déferts, les autres entierement abbatus, & cachez dans leurs ruines, quelques-uns même profanez,

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&

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& fervant aux ufages des chiens & des chevaux,
qui mangeoient fur les mêmes autels où l'on a- AN. 1561.
voit offert à Dieu tant de facrifices, & fur tout
en penfant à tant de peuples que l'hérefie & la fu-
perftition laiffoient égarez loin des routes du fa-
lut.

Il arriva enfin chez Henry duc de Brunfwyck, XXVIII.
qui étoit Catholique, & lui prefenta les letres & Il va vifiter
la bulle du pape. Ce prince les reçut avec beau- Henry duc
coup de refpect, & ne trouva aucune difficulté de Brunf
à la continuation du concile; il témoigna même wick.
qu'il en efperoit un heureux fuccès. Il dit qu'il Pallav, ilid,
avoit appris de l'électeur de Saxe, que les Lu- 7. 15. c. 5. 1.
theriens, voyant la faction des Calviniftes préva- 1.Grattani
loir à Naumbourg, fe preparoient à tenir une ut fup.
autre affemblée en Saxe, & que le fecretaire de
cet électeur lui avoit affuré, que fon maître ren-
treroit aisément dans le fein de l'église catholique,
fi l'on accordoit à fes fujets la communion fous
les deux efpeces.

XXIX.

Commendon vifita enfuite tous les princes & tous les évêques des environs, aufquels il rendit H va trou la bulle & les lettres du pape. Les évêques de ver les evêNaümbourg & de Paderborn, tous deux atta- ques d'Alquez de la goute, dirent qu'ils étoient prêts d'al- lemagne, ler au concile, fi leur fanté le permettoit; celui pour leur de Munfter s'excufa fur ce que fon diocéfe étoit proposer le environné d'heretiques, & qu'il avoit des diocé- concils. fains peu foûmis. Il y eut plufieurs évêques, Pallavicin. chez qui il ne jugea pas à propos de fe tranfpor- ut fupra c. 5. ter, & il fe contenta de donner la bulle & les let- 11. 2. & 3.. tres du pape à leurs confeillers, perfuade que la plûpart ne penfoient à rien moins qu'à fe rendre au concile. Il prit le chemin de Cologne, où il arriva au commencement d'Avril, où toute la réponse qu'il eut de l'archevêque électeur, fut aprés en avoir deliberé avec fes confeillers, qu'il étoit prêt d'obéïr au pape; mais qu'il ne pouvoit

B 4

dire

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