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dire s'il affifteroit ou non au concile, qu'il n'eut AN. 1561. auparavant confulté l'empereur, comme les états de l'empire l'y obligeoient. Il trouva plus de zele dans l'électeur de Tréves, duquel il apprit que Ferdinand avoit écrit aux trois électeurs ecclefiaftiques, pour les exhorter à être favorables à la convocation du concile, & qu'il les avoit confultez, s'il convenoit de tenir une nouvelle diéte, avant que de fe déterminer fur le concile. Mais on ne l'avoit pas jugé à propos, parce que les Proteftans fe réuniffant tous alors, auroient été plus infléxibles; au lieu qu'ils feroient plus dociles, û on leur parloit à tous en particulier : & l'électeur ajoûta, que le nonce pourroit aisément s'en convaincre dans fon voyage.

XXX.

Le nonee

alliance en

te les évê

ques & princes Caholiques.

Pallavic.

vt fup. 1.15. . 5. n. 4.

De-là Commendon prit occafion de proposer à l'électeur, l'utilité qu'on tireroit d'une alliance propofe une entre les princes Catholiques, pour s'opposer à celle des Proteftans, qui, quoique moins forte, s'étoient toutefois rendus plus formidables, en fe réüniffant dès qu'il s'agiffoit de perfecuter la religion catholique, & de s'emparer des biens ecclefiaftiques. Cette focieté, dit-il, quoiqu'imparfaite, a tant de pouvoir, qu'ils tirent de grandes fommes de ceux de leur fecte fans aucune peine, lorfque les princes Catholiques ne peuvent exiger de leurs fujets ni obéïffance ni fubfides. Il ajoûta, que ce feroit donc un bien fort avantageux à la religion, fi les princes & les évêques s'uniffoient entr'eux; qu'au refte, il ne propofoit cette alliance que comme particulier, fans avoir reçu làdeffus aucune inftruction du pape. L'électeur parut approuver ce projet, & dit au nonce, que dès l'année précedente on avoit proposé à l'empereur à Ausbourg une femblable alliance entre les électeurs ecclefiaftiques, les évêques & les princes voifins, le duc de Cléves gendre de l'empe reur, & les Pays-Bas, de la dépendance du roi

d'Efpa

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d'Espagne, qui y donnoit les mains, que l'empereur l'avoit approuvé de parole, mais qu'on AN. 1561. n'avoit rien executé, fans doute parce que le roi Catholique prétendoit être le chef de cette alliance, & commander aux trois électeurs ecclefiaftiques. L'électeur de Tréves ne parut pas au refte fort difpofé à aller à Trente pour fe trouver au concile: il dit que fa prefence étoit neceffaire dans fes états pour les interêts même de la religion, & que s'il s'abfentoit, il en recevroit un grand préjudice: il ajoûta cependant, qu'il fe foûmettoit en cela au jugement du pape. Commendon en revenant de Coblents, où il avoit vû l'archevêque de Tréves, parla au magiftrat de Cologne, & lui remit des lettres du pape, en l'exhortant à fe conduire d'une maniere conforme aux épithetes que le faint pere donnoit à la ville de Cologne dans l'infcription de cette lettre, où cette ville étoit appellée la foumise & l'obéïffante fille de la fainte églife Romaine. Le fenat regarda comme un grand honneur, que le pape voulut bien lui députer un nonce pour l'affaire du concile, en témoigna fa reconnoiffance, & promit de remettre en vigueur les reglemens qu'on avoit négligez jufqu'alors, & de ne fouffrir dans la ville aucune perfonne fufpecte dans fa religion. Le nonce s'appliqua enfuite à regler ce qui concernoit l'impreffion des livres, les écoles, de theologie, & le maintien de la foi dans fa pu

reté.

S'etant embarqué fur le Rhin, il vit en paffant

XXXI. le duc de Cléves, dont la conduite meritoit plus I voit en d'attention que celle de beaucoup d'autres. Ce paffant le prince poffedoit trois duchez, & de grands do- duc de Clémaines tant deçà qu'au de là du Rhin, qui é- ves. toient frontieres des électorats de Cologne & de Pallavicin Tréves, du pays de Liege, & des Pays-Bas de ibid. c. 5. la domination de Philippe II. provinces à la ve- .7.

B5

rité

Commend

ad Borrom.

card. An

rité toutes Catholiques, mais remplies de beauAN. 1561. coup d'heretiques, & par confequent capables de Ex litter recevoir le bien & le mal, fuivant la difpofition du fouverain. Il eft vrai qu'il avoit conferve la religion dans fes états, mais ce n'étoit pas fans être loupçonné de quelque erreur où il eut pu tuerpia 25. tomber par les artifices de ceux qui avoient le Maii 1561. plus d'autorité fur fon efprit. Il y avoit dans fon pays, proche Cologne, un certain miniftre qui s'étoit fait plus de cinq cens difciples qu'il avoit infectez de fon herefie Le duc lui avoit donné fouvent des avis, mais il n'alloit pas plus loin, & l'impunité rendoit cet heretique plus' infolent. Le nonce apprit encore que le duc eftimoit beaucoup un certain prédicateur qui prêchoit une mauvaise do&rine, & avoit la hardieffe d'administrer PEuchariftie au peuple fous les deux efpeces dans l'églife des religieux de faint François Ces rai-" fons l'obligerent à visiter le duc; il l'aborda, & en ayant été reçu avec beaucoup d'honneur & de grands témoignages d'amitié, outre la bulle, il lui donna une lettre du pape, dans laquelle Pie IV. l'exhortoit avec beaucoup de bonté, à maintenir la religion, & perfeverer dans la pieté de fes ancêtres

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XXXII.

Pallavicin.

.8.

Quoique le duc fut piqué contre la cour de RóRéponse me, de ce qu'on avoit revoqué une certaine bulque lui fait le qu'on lui avoit accordée, & mis en prifon le ce duc. procureur qui avoit tranfigé pour lui, il ne laiffa pas de répondre au nonce, qu'il recevoit avec at fup. 5. beaucoup de refpect la bulle du faint pere Pie IV. fouverain pontife de l'églife Romaine & univer felle, & fon fouverain feigneur trés-clement; qu'il recevoit fes avis paternels comme un fils obéiflant, bien réfolu de ne fe départir jamais de la pieté de fes ancêtres; & qu'il efperoit de ne s'en écarter jamais en quoi que ce foit. Que la convocation du concile lui faifoit un vrai

plaifir, qu'il ne nianqueroit pas d'y envoyer fes
ambaffadeurs, & de faire tout ce qui convien- AN. 1561,
droit à un prince Chrétien & Catholique; mais
que pour en tirer plus de fruit, il fouhaitoit que
ce concile fut celebré avec le confentement una.
nime de tous les princes de l'Empire, & qu'il
promettoit d'employer tous fes foins pour le leur
faire agréer. Commendon aprés avoir loué la
pieté du duc, répondit à ces dernieres paroles,
que le fouverain pontife fouhaitoit la même cho
fe avec beaucoup d'ardeur, comme fa conduite
jufqu'à prefent l'avoit fait affez-connoître, &
que l'opinâtreté des mechans ne devoit pas em-
pêcher de confirmer les gens de bien dans la vraie
religion, de découvrir les erreurs, & d'établir la
verité.

XXXIII.

Il demande

au nonce

prétres

mariage des

Fallavicin. ibid. c. 5. n. 9.

Le duc de Cléves ayant fort à cœur les deux articles dont on a parlé plus haut, fçavoir la communion fous les deux efpeces aux laïques, & le mariage des prêtres, les propofa au nonce; quant l'ufage du au premier, il difoit, qu'il n'étoit pas poffible calice, & le d'interdire l'ufage du calice à fes fujets, dont ils étoient en poffeffion depuis vingt cinq ans ; qu'il l'avoit trouvé établi, & que plufieurs qui avoient beaucoup de penchant pour l'herefie, fe contentoient de cet article, & n'en demandoient pas davantage. Quant au mariage des prêtres, il affuroit que leur incontiner ce avoit obligé de le permettre, puifque parmi eux à peine en auroit on pû trouver cinq auparavant qui n'euffent pas des concubines publiques. Le nonce n'eût pas de peine à refuter ces raifons; mais il ajoûta, que c'étoit au concile à en décider. Il exhorta enfuite le duc à chafler de fes états le docteur heretique dont on a parlé, & à exclure de fa cour le predicateur scandaleux. Le duc promit l'expulfion du premier; mais il voulut conferver l'autre, dont il trouvoit la foi irréprehenfible; & il prit B 6 conge

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Commend

ad Borrom.

card. An

rité toutes Catholiques, mais remplies de beauAN. 1561. coup d'heretiques, & par confequent capables de Ex litter recevoir le bien & le mal, fuivant la difpofition du fouverain. Il est vrai qu'il avoit conferve la religion dans fes états, mais ce n'étoit pas fans être soupçonné de quelque erreur où il eut pu tuerpia 25. tomber par les artifices de ceux qui avoient le Maii 1561. plus d'autorité fur fon efprit. Il y avoit dans fon pays, proche Cologne, un certain miniftre qui s'étoit fait plus de cinq cens difciples qu'il avoit infectez de fon herefie Le duc lui avoit donné fouvent des avis, mais il n'alloit pas plus loin, & l'impunité rendoit cet heretique plus infolent. Le nonce apprit encore que le duc eftimoit beaucoup un certain prédicateur qui prêchoit une mauvaife doctrine, & avoit la hardieffe d'adminiftrer PEuchariftie au peuple fous les deux efpeces dans l'églife des religieux de faint François Ces rai-" fons l'obligerent à vifiter le duc; il l'aborda, & en ayant été reçu avec beaucoup d'honneur & de grands témoignages d'amitié, outre la bulle, il lui donna une lettre du pape, dans laquelle Pie IV. l'exhortoit avec beaucoup de bonté, à maintenir la religion, & perfeverer dans la pieté de fes ancêtres

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XXXII.

Pallavicin.

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Quoique le duc fut piqué contre la cour de RoRéponse me, de ce qu'on avoit revoqué une certaine bulque lui fait le qu'on lui avoit accordée, & mis en prifon le ce duc. procureur qui avoit tranfigé pour lui, il ne laiffa pas de répondre au nonce, qu'il recevoit avec ut fup.. 5. beaucoup de refpect la bulle du faint pere Pie IV. fouverain pontife de l'églife Romaine & universelle, & fon fouverain feigneur trés-clement; qu'il recevoit fes avis paternels comme un fils obeïiffant, bien réfolu de ne fe départir jamais de la pieté de fes ancêtres; & qu'il efperoit de ne s'en écarter jamais en quoi que ce foit. Que la convocation du concile lui faifoit un vrai

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