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les deux dernieres tenues du concile avoient été
inutiles; & que fi le pape jufte & prudent, com- An, 1561,
me il étoit, vouloit lever ces empêchemens, ils
en feroient charmez; qu'au refte, ils ne vouloient
pas rompre avec les princes de la confeffion d'Aus-
bourg qui leur étoient unis. Lenonce trouva d'a-
bord plus de foumiffion dans le fenat d'Ausbourg;
mais le tout n'aboutit qu'à un refus, puis-qu'ils re-
prefenterent que l'une & l'autre religion ayant été
permife dans leur état par Charles V. ils avoient
toûjours vêcu en paix; qu'ils fouhaitoient fort
de voir finir toutes ces divifions, mais que leur
petite republique n'étoit pas affez confiderable
pour commencer à entamer une affaire de cette
importance; que tout ce qu'elle pouvoit faire,
étoit de défirer de voir regner la concorde, &
qu'elle ne manqueroit pas de s'y prêter auffi-tôt
que les principaux membres de l'Empire auroient
pris ce parti. Delfino vifita auffi plufieurs évê-
ques d'Allemagne, comme ceux de Spire, de
Conftance, de Mersbourg, dont il reçut be-
aucoup d'honnêtetez: mais les uns s'excuferent
fur leur vieilleffe, d'autres fur leurs infirmitez, &
fur les incommoditez du voyage pour fe ren-
dre à Trente.

avec Zan

Dans le cours de ces vifites, Delfino vit plus XLIII. fieurs miniftres de la prétendue réforme, & eut Entretien des entretiens avec quelques-uns, fur-tout avec de Delfino Zanchius de Bergame, apoftat des chanoines reguliers de faint Auguftin, & qui étoit dans le chius. Couvent de Lucques, lorfque Pierre Martyr qui Pallavicin. en étoit prieur, lui infpira & à plufieurs autres moines les sentimens des Zuigliens, il étoit intime ami de Brentius; & tous deux fçachant le nonce à Strasbourg, l'allerent trouver avec be aucoup de Venitiens, qui avoient quitté leur pa trie pour embraffer les nouvelles erreurs.Delfino les reçut avec beaucoup de bonté, leur donna des avis

cha

ut fup.l. x5

c. 1o. n. I.

Tharitables, & leur marqua beaucoup de zele AN. 1561. Pour les faire rentrer en eux-mêmes. Zanchius fut touché de fes remontrances, & en le quittant il lui dit à l'oreille, qu'il feroit ravi d'entrer en converfation avec lui pour lui propofer fes fentimens fur quelques points de la religion: A quoi le nonce confentit par un figne de tête. Zanchius revint, & eut un entretien fort long avec Delfino. Il étoit accompagné de Sturmius, autre Proteftant, qui ne voulant pas qu'on le vît dans la ville entrer chez le nonce une feconde fois, lui donna rendez vous dans un lieu proche Strasbourg, où il fe trouva avec l'autre.

XLIV. Zanchius

& Sturmius

leurs fenti

mens au monce.

Pallavicin.

ibid. c. 10.

que

Comme Zanchius étoit de tous les Proteftans le plus moderé, qui ne parloit de l'églife Romaine que comme de fa mere, toûjours prêt, difoit-il, à rentrer dans fa communion, lorsqu'eldécouvrent le auroit réformé quelques abus, qui s'étoient gliffez, felon lui, dans fa créance & dans fa difcipline, & que Sturmius qui enfeignoir la rhetorique à Strasbourg, n'étoit pas fort éloigné des mêmes fentimens; ils affurerent le nonce, tous leurs vœux ne tendoient qu'à voir l'union 22.2.& 3. retablie, & à rentrer enfuite dans le fein de l'églife catholique, non avec la confufion de gens coupables, à qui l'on accorde le pardon, mais avec la dignité de gens qui ont fervi la religion, Ex Epift. & qu'on veut récompenfer. Delfino charmé de Delfin, ad leurs bonnes dipofitions, écrivit au cardinal BorBorrom 13. romée, qu'il lui fembloit plus à propos d'imiter Jun. 1561, S. Paul, qui écrivant aux Philippiens, dit, qu'il eft August.in vrai que quelques-uns prêchent Jefus Chrift par un efprit d'envie & de contention, que les autres le font par une bonne volonté; & ajoûte enfuite, Mais qu'importe, pourvû que JefusChrift foit annoncé en quelque maniere que ce foit, ou par occafion, ou par un vrai zele, je m'en réjouis, & je m'en réjoüirai toûjours: d'où

arch. Vatic. & ejus fumma in bilioth. Barberin..

Philipp. I. 15. 18.

il

3:0

Te

que!

ele

nes

a

il concluoit, qu'il étoit de la prudence de tirer AN. 1
de ces Proteftans ce qu'ils pourroient faire, quand
même ils ne rempliroient pas leurs promeffe.

Les fentimens que Zanchius propofa au non-
ce, furent, 1.Qu'on moderât l'autorité que l'é-
glife attribuoit au pape, n'étant pas conforme
à l'antiquité. 2. Qu'on ne prononçât dans le con-
cile que fuivant la pure parole de Dieu, & la do-
&trine des plus anciens peres. 3.Qu'on difpenfat
les évêques du ferment fait au pape, afin qu'ils
puffent parler librement & felon leur confcien-
ce. 4. Qu'on établît dans le concile de petites af
femblées compofées des prelats les plus fçavans,
avec lefquels les theologiens Proteftans puffent
conferer, afin de produire leurs fentimens, avant
qu'on décidât rien dans les congregations gene-
rales, parce que les heretiques fe plaignoient
qu'entre les évêques Catholiques il y en avoit
plufieurs qui ne paffoient pas pour fçavans. Le
nonce répondant à ces avis ou demandes de
Zanchius, commença à relever beaucoup l'au-
torité du pape, qu'il appuia de preuves tirées de
Theodoret, du concile de Calcedoine, de faint
Jerôme, & d'autres. Sur le fecond chef, il dit,
qu'exiger une décision uniquement fondée fur la
parole de Dieu & fur les anciens peres, c'étoit
ôter aux conciles & aux decrets des papes toute
leur autorité. Sur le troifiéme, il repliqua, qu'ex-
empter les évêques de leur ferment, étoit une cho
fe inutile d'un côté, & fcandaleufe de l'autre. En-
fin fur le quatrième, il dit, que l'antiquité avoit
fuivi un ufage contraire. La converfation fut
fort longue, & tout le détail en fut envoyé au
pape & aux légats: la réponse fut, qu'on rece-
vroit avec joie les Proteftans au concile; qu'ils y
auroient toutes les füretez poffibles, & qu'on les
traiteroit avec beaucoup de bonté & de douceur,
& cela n'alla pas plus loin,

1561.

XLV.

tion du

Pallavicin.

13.

Pierre Paul Verger, dont nous avons fouvent ·AN. 1561. parlé ailleurs, voulut auffi s'entretenir avec le nonce; il le vit tantôt feul, tantôt accompagné Converfa de Sturmius, à Strasbourg, & dans les lieux voifins. Lorfqu'il étoit feul, il parloit plus linonce avec brement; mais en prefence de Sturmius, il péPierre-Paul foit davantage fes paroles, & devenoit plus cirVerger. confpect. Il témoignoit d'un côté un grand defir de retourner en Italie, & de l'autre il s'em18 fup. c. 10. portoit en beaucoup d'invectives contre ceux qui Pavoient pourfuivi, & contre la pape même. Il accufoit principalement Jean de la Cafa, nonce du pape à Venife, de l'avoir contraint à fe faire Proteftant. Le nonce l'exhorta à fe reünir à l'églife, & à fe recommander aux légats nommez pour le concile, fes anciens patrons. Verger avoüa les obligations infinies qu'il leur avoit; mais il rejetta la propofition qu'on lui faifoit de changer de parti, & de rentrer dans la veritable voïe qu'il avoit fi malheureusement abandonnée. Il écrivit deux lettres au cardinal de Mantouë, l'un des légats, & les mit entre les mains de Delfino, qui les envoya à Rome avant que de les faire rendre à ce cardinal. Verger y témoignoit un grand zele pour fa patrie & pour la paix de l'églife; il offroit de travailler à ce grand ouvrage, & fe faifoit fort de donner des ouvertures utiles s'il s'abouchoit avec ce légat. Il ne témoignoit cependant aucun deffein de fe retracter de fes erreurs, il demandoit feulement un fauf-conduit du concile & de l'empereur, pour se rendre à Trente en fûreté.

Ex litt.Borr. 3. Maii

1561.& ex fift. Mant.

ad Borrom.

8. Jun.cod.

an.

Le cardinal de Mantouë que le pape fit maître de cette négociation, ne trouva point à propos de faire réponse à cet heretique: il crut que Verger tireroit trop de vanité de la lettre d'un légat, & s'en ferviroit pour faire croire aux Proteftans qu'on le regardoit dans la communion Romai

ne

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ne comme un perfonnage de beaucoup de meri

te, & dont on étoit tout difpofe à récompenfer AN. 1561.
largement la converfion. Il ne fe trompoit pas.
Verger étoit un homme fier, plein de lui-même,
entêté d'un merite qu'il n'avoit pas, ou qui étoit
affez petit, & qui joignoit à ces mauvaises qua-
litez une ambition démefurée. Cette conduite
du légat plût beaucoup au pape, comme on le
voit par les lettres que lui en écrivit le cardinal
Borromée. Et le nonce ayant fait fçavoir que
Tarrogance & l'impudence de Verger s'augmen-
toient de jour en jour, il reçut ordre de ne le
plus voir. Lelégat auroit voulu que Verger fût
venu au concile, non pas feul, mais avec Stur Ex lit. Bor-
mius, & avec Jerôme Zanchius, & qu'on prît rom. ad
par leur moyen de nouveaux expediens pour con- Mant. 18.
ferer avec les fectaires; mais le pape défapprou- Jun. & 12.
va toutes ces propofitions, parce qu'il fentoit bien Jul. 1561,
que s'ils y paroiffoient, ce ne feroit que pour don- Ex alia epift.
ner des preuves de leur obftination, & s'acqué- Borrom, ad
rir quelque réputation dans leur parti, plûtôt que Mant. 10.
pour rentrer dans le fein de l'églife Catholique.
Verger avoit compofé dans cette année, étant
à Strasbourg, un écrit contre la bulle, par la-
Verger é-
quelle le pape indiquoit le concile; & après avoir crit contre
beaucoup invectivé dans un long difcours contre la bulle du
le fafte de la cour de Rome, fon luxe, fon am- pape tou-
bition, fon avarice, & la corruption de fes chart le
mœurs, qu'il exageroit beaucoup, il ajoûta, que concile.
le concile avoit été établi par le pape, non pas De Thou,
comme il devoit l'être, pour expofer & confir- in hift. 1.28.
mer la doctrine de Jefus-Chrift, mais pour éta- n. 7.
blir les inventions de la chair infirme, qui eft con- Ceremon.
traire aux commandemens de Dieu, non pour Rom, l. 1.
nettoyer la bergerie du Seigneur; mais pour fe- c. 3. fect. 24.
mer dans le monde les erreurs inveterées des
hommes; & qu'enfin il avoit été inftitué, non
pour la liberté chrétienne, mais pour la fervitu-

no.

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Tome XXXII.

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XLVI

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