les deux dernieres tenues du concile avoient été avec Zan Dans le cours de ces vifites, Delfino vit plus XLIII. fieurs miniftres de la prétendue réforme, & eut Entretien des entretiens avec quelques-uns, fur-tout avec de Delfino Zanchius de Bergame, apoftat des chanoines reguliers de faint Auguftin, & qui étoit dans le chius. Couvent de Lucques, lorfque Pierre Martyr qui Pallavicin. en étoit prieur, lui infpira & à plufieurs autres moines les sentimens des Zuigliens, il étoit intime ami de Brentius; & tous deux fçachant le nonce à Strasbourg, l'allerent trouver avec be aucoup de Venitiens, qui avoient quitté leur pa trie pour embraffer les nouvelles erreurs.Delfino les reçut avec beaucoup de bonté, leur donna des avis cha ut fup.l. x5 c. 1o. n. I. Tharitables, & leur marqua beaucoup de zele AN. 1561. Pour les faire rentrer en eux-mêmes. Zanchius fut touché de fes remontrances, & en le quittant il lui dit à l'oreille, qu'il feroit ravi d'entrer en converfation avec lui pour lui propofer fes fentimens fur quelques points de la religion: A quoi le nonce confentit par un figne de tête. Zanchius revint, & eut un entretien fort long avec Delfino. Il étoit accompagné de Sturmius, autre Proteftant, qui ne voulant pas qu'on le vît dans la ville entrer chez le nonce une feconde fois, lui donna rendez vous dans un lieu proche Strasbourg, où il fe trouva avec l'autre. XLIV. Zanchius & Sturmius leurs fenti mens au monce. Pallavicin. ibid. c. 10. que Comme Zanchius étoit de tous les Proteftans le plus moderé, qui ne parloit de l'églife Romaine que comme de fa mere, toûjours prêt, difoit-il, à rentrer dans fa communion, lorsqu'eldécouvrent le auroit réformé quelques abus, qui s'étoient gliffez, felon lui, dans fa créance & dans fa difcipline, & que Sturmius qui enfeignoir la rhetorique à Strasbourg, n'étoit pas fort éloigné des mêmes fentimens; ils affurerent le nonce, tous leurs vœux ne tendoient qu'à voir l'union 22.2.& 3. retablie, & à rentrer enfuite dans le fein de l'églife catholique, non avec la confufion de gens coupables, à qui l'on accorde le pardon, mais avec la dignité de gens qui ont fervi la religion, Ex Epift. & qu'on veut récompenfer. Delfino charmé de Delfin, ad leurs bonnes dipofitions, écrivit au cardinal BorBorrom 13. romée, qu'il lui fembloit plus à propos d'imiter Jun. 1561, S. Paul, qui écrivant aux Philippiens, dit, qu'il eft August.in vrai que quelques-uns prêchent Jefus Chrift par un efprit d'envie & de contention, que les autres le font par une bonne volonté; & ajoûte enfuite, Mais qu'importe, pourvû que JefusChrift foit annoncé en quelque maniere que ce foit, ou par occafion, ou par un vrai zele, je m'en réjouis, & je m'en réjoüirai toûjours: d'où arch. Vatic. & ejus fumma in bilioth. Barberin.. Philipp. I. 15. 18. il 3:0 Te que! ele nes a il concluoit, qu'il étoit de la prudence de tirer AN. 1 Les fentimens que Zanchius propofa au non- 1561. XLV. tion du Pallavicin. 13. Pierre Paul Verger, dont nous avons fouvent ·AN. 1561. parlé ailleurs, voulut auffi s'entretenir avec le nonce; il le vit tantôt feul, tantôt accompagné Converfa de Sturmius, à Strasbourg, & dans les lieux voifins. Lorfqu'il étoit feul, il parloit plus linonce avec brement; mais en prefence de Sturmius, il péPierre-Paul foit davantage fes paroles, & devenoit plus cirVerger. confpect. Il témoignoit d'un côté un grand defir de retourner en Italie, & de l'autre il s'em18 fup. c. 10. portoit en beaucoup d'invectives contre ceux qui Pavoient pourfuivi, & contre la pape même. Il accufoit principalement Jean de la Cafa, nonce du pape à Venife, de l'avoir contraint à fe faire Proteftant. Le nonce l'exhorta à fe reünir à l'églife, & à fe recommander aux légats nommez pour le concile, fes anciens patrons. Verger avoüa les obligations infinies qu'il leur avoit; mais il rejetta la propofition qu'on lui faifoit de changer de parti, & de rentrer dans la veritable voïe qu'il avoit fi malheureusement abandonnée. Il écrivit deux lettres au cardinal de Mantouë, l'un des légats, & les mit entre les mains de Delfino, qui les envoya à Rome avant que de les faire rendre à ce cardinal. Verger y témoignoit un grand zele pour fa patrie & pour la paix de l'églife; il offroit de travailler à ce grand ouvrage, & fe faifoit fort de donner des ouvertures utiles s'il s'abouchoit avec ce légat. Il ne témoignoit cependant aucun deffein de fe retracter de fes erreurs, il demandoit feulement un fauf-conduit du concile & de l'empereur, pour se rendre à Trente en fûreté. Ex litt.Borr. 3. Maii 1561.& ex fift. Mant. ad Borrom. 8. Jun.cod. an. Le cardinal de Mantouë que le pape fit maître de cette négociation, ne trouva point à propos de faire réponse à cet heretique: il crut que Verger tireroit trop de vanité de la lettre d'un légat, & s'en ferviroit pour faire croire aux Proteftans qu'on le regardoit dans la communion Romai ne ne comme un perfonnage de beaucoup de meri te, & dont on étoit tout difpofe à récompenfer AN. 1561. no. e reac fit me à pro que T un kg rote Ro Tome XXXII. C de Octob. XLVI |